Le Fonds Arménien de France a choisi deux parrains d’exception pour le Phonéthon 2022, qui, il faut le dire, ont généreusement accepté l’invitation qui leur était adressée : Sylvain Tesson, écrivain, voyageur, et Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine. Deux amis unis par le travail, le journalisme, les opinions politiques, l’intérêt pour l’histoire des peuples et les cultures et enfin l’amour pour l’Arménie.
Ayant visité l’Arménie à plusieurs reprises, notamment après la guerre de 2020, ils avaient une très bonne idée de ce que sont les besoins de l’Arménie et de l’Artsakh. En ce sens, c’était un choix juste, à la fois en tant que personnalités connues du public et en tant que témoins, proches, des douleurs et des défis des Arméniens. Il y avait aussi un troisième facteur très important qui a rendu leur choix unique, qui est leur amour et leur respect pour la culture arménienne. Il faut souligner leur appréciation de l’accomplissement civilisationnel de l’Arménie.
Comme ils l’admettent également, leur intérêt pour l’Arménie découle non seulement du désir de protéger la culture arménienne, mais aussi celle de l’Occident. L’intérêt de l’un et de l’autre pour l’Arménie découlait en partie de leur profonde préoccupation pour l’avenir de la France et de l’Europe, puisque l’Arménie fait partie de la grande famille de culture chrétienne. Donc la menace contre l’Arménie est une menace contre l’Europe, son avenir, ses valeurs culturelles et humanitaires, démocratiques, issues du christianisme.
Se référant aux attaques contre les territoires souverains de l’Ukraine et de l’Arménie par deux puissances dictatoriales, la stratégie de «deux poids, deux mesures» adoptée par l’Occident était très inquiétante. D’une part, condamnant les ambitions mondiales agressives du président russe Poutine et ses bombardements aveugles inhumains, et d’autre part, tolérant les attaques racistes et criminelles du président azerbaïdjanais Aliyev, en signant des contrats gaziers et nouant des relations économiques avec lui. Une nuance très importante que les parrains ont observée en évoquant les particularités des attaques de Poutine et Aliev. Alors que Poutine voulait forcer le changement de régime en Ukraine, Aliev veut anéantir l’Artsakh et les Arméniens d’Artsakh, diviser l’Arménie en deux et le dépecer morceau par morceau jusqu’à la prise d’Erevan, un plan souvent mentionné par le dictateur.
Enfin, les deux parrains sont des personnes engagées et dévouées. S. Tesson a envoyé une lettre ouverte au président Macron après son retour d’Arménie suite à l’attaque azérie de septembre dernier, l’invitant à prendre en charge la défense du pays. Le président Macron a ouvertement répondu, sur France 2, que la France a toujours été aux côtés de l’Arménie. J-C Buisson, en plus de ses reportages, émet un nombre incalculable de tweets évoquant les attaques d’Aliyev contre l’Arménie et les violations du cessez-le-feu, forçant les médias français à traiter l’actualité arménienne de manière équitable. Comme il l’avoue lui-même, il fait ce travail pour l’histoire, pour laisser une trace tangible de la réalité quotidienne, pour éveiller les consciences, car la menace sur l’avenir de l’Arménie est vraiment grande.
Cette année, comme l’objectif du Fonds est d’aider les villages frontaliers, qui sont au nombre d’environ cent-dix villages, les témoignages oculaires des parrains, leur sentiment et leur avis ont été importants pour donner un nouvel élan et une force à la collecte de fonds. Le résultat a été perceptible et satisfaisant, compte tenu de la crise économique internationale et de l’inflation, ainsi que de l’incertitude des citoyens d’ici ou d’ailleurs quant à l’avenir.
Avec cette initiative, le Phonéton a également acquis une portée politique. C’est très important pour que la société française, la communauté nationale, dont la communauté arménienne en fait partie, reste consciente des réalités politiques de l’Arménie. Les conseils régionaux et les municipalités françaises ont aussi besoin de connaître la portée politique de leurs actions humanitaires, afin que leur contribution à la reconstruction de l’Arménie, au développement des infrastructures et au soutien des petites et moyennes entreprises, ait aussi un sens de défense des droits humains auprès de leurs concitoyens.
J. Tch.