Perspectives stratégiques pour 2023

Pour les républiques d’Arménie et d’Artsakh Noël et Nouvel An 2023 ont été marqués par une nouvelle étape dans leur lutte pour la survie. Seulement deux ans après la défaite de 2020, l’Arménie et l’Artsakh ont réussi à retrouver le courage de résister véritablement aux agressions des Azéris, aux pressions et aux intrigues de la Russie lors de la guerre éclair du 13 septembre dernier. Ce fut deux années cruelles, soumises aux appétits brutaux et sanguinaires de l’Azerbaïdjan, qui s’accompagnèrent de la complicité de la Russie en tant que «sauveur» et de déclarations timides de l’Occident basées sur des intérêts économiques et stratégiques avec la Turquie et l’Azerbaïdjan. Dans cette situation difficile, il incombait à la diplomatie, aux dirigeants politiques et aux forces armées de l’Arménie de faire face aux menaces extérieures, tout en assurant la stabilité interne du pays. Le rôle de la diaspora dans ce processus était très limité, aussi polarisé que le champ politique interne de l’Arménie.

L’opinion politique internationale sur l’Arménie a changé après l’attaque de l’Azerbaïdjan contre le territoire souverain de l’Arménie le 13 septembre dernier. L’armée arménienne l’avait affronté, ce qui lui a causé 300 victimes en une journée. La première victoire de la défense de souveraineté de l’Arménie a commencé à partir de ce moment. Ainsi, la communauté internationale a également trouvé l’occasion propice pour soutenir l’Arménie avec l’intervention directe du secrétaire d’État américain Blinken et la demande de l’Union européenne, qui a poussé les Azéris à arrêter leur attaque et à rendre les prisonniers de guerre. L’OTSC et la Russie, qui avaient l’obligation de fournir une assistance militaire à l’Arménie, en ne remplissant pas leurs obligations d’alliance, ont donné au gouvernement arménien l’occasion de briser sa subordination totale à la Russie, qui agissait au détriment des intérêts arméniens. Profitant de la nouvelle situation militaro-politique créée par la guerre en Ukraine, l’Arménie a jugé nécessaire, avec l’aide du président Macron, d’inviter une commission civile de surveillance de la frontière arméno-azerbaïdjanaise afin de freiner l’appétit agressif des Azéris et de contrecarrer l’influence russe.

Le blocage du corridor reliant l’Artsakh et l’Arménie par des « écologistes »
azéris est une réponse de l’Azerbaïdjan à l’échec d’occuper le corridor de Syunik par des moyens armés. L’inactivité des « casques bleus » russes est aussi une réponse au refus de l’Arménie de signer l’acte final du sommet de l’OTSC qui avait failli d’établir un bilan politique de l’attaque de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, et qui s’était abstenu de soutenir militairement l’Arménie. 

La position intransigeante des autorités d’Artsakh, en rejetant les demandes des pseudo-écologistes azéris et le maintien de Ruben Vardanian comme ministre d’État, a été la deuxième étape importante dans l’établissement de la souveraineté cette fois-ci de la République d’Artsakh.

Le blocage du corridor d’Artsakh a conduit à la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 20 décembre, où tous les pays participants ont condamné la fermeture du corridor à l’exception de la Russie, qui a fait état de ses efforts pour résoudre la situation. Le représentant permanent de l’Arménie, Mher Margarian, a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à déployer une mission d’enquête pour évaluer la situation humanitaire dans le corridor reliant l’Arménie au Haut-Karabakh et à garantir l’accès sans entrave aux organes compétents de l’ONU.

Il est clair que la stratégie de la diplomatie arménienne est de permettre le déploiement des observateurs internationaux dans la région afin d’empêcher les agressions militaires et les politiques hégémoniques imposées par l’Azerbaïdjan et la Russie. Et cette dernière, contrairement à sa position affaiblie sur la scène internationale, tente de maintenir son rôle de garant de la déclaration tripartite du 9 novembre 2020. Cependant, il est à noter que si le blocage du corridor de l’Artsakh par les « écologistes » azéris crée une crise certaine pour l’Artsakh, il est aussi un sérieux danger pour le maintien des forces russes déployées en Artsakh.

Répondant à la demande de l’Arménie, l’Union européenne a envoyé une commission permanente de surveillance de la région, qui sera indépendante de celle stationnée en Géorgie.

J. Tch.