Ainsi, le siège de l’Artsakh a atteint son 100e jour ! Et malgré la condamnation générale de la communauté internationale, les Azéris poursuivent imperturbablement et avec détermination leur blocus, vraisemblablement ayant secrètement l’accord des puissances russe et occidentales. Ainsi, le conflit d’Artsakh devient un terrain d’affrontement international Occident-Russie. Il est important de souligner la récente déclaration du ministre arménien des Affaires étrangères à l’attention de la communauté internationale que depuis deux ans, il n’existe aucune clause de l’accord tripartite du cessez-le-feu du 9 novembre 2020 que l’Azerbaïdjan n’ait pas violée. Et malgré cela, l’UE et les États-Unis ont clairement déclaré qu’ils n’étaient pas prêts à imposer des sanctions contre l’Azerbaïdjan, point. Tout est dit sans détour.
Parallèlement, l’Occident a fait appel à la Cour pénale internationale, qui a ordonné l’arrestation du président russe Vladimir Poutine. Autant cette décision de justice internationale est importante pour beaucoup, autant elle est aussi l’expression pure et simple du principe de «deux poids, deux mesures» dont les Occidentaux sont les champions. Pourquoi des mandats d’arrêt de la CPI n’ont jamais été émis contre le président américain George Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair pour avoir détruit l’Irak ? De même, contre ceux qui ont détruit la Syrie ? Et que dire des crimes commis par Aliev et Erdogan ?
Le conflit Occident-Russie s’oriente vers la formation d’un nouvel ordre mondial bipolaire, dans lequel la Chine jouera un rôle clé. La visite du président chinois Xi Jinping en Russie et la signature de l’alliance stratégique entre les deux pays en sont la manifestation évidente. Il est clair que les sanctions occidentales contre la Russie n’ont pas donné le résultat escompté. Privée du marché européen, la Russie s’est tournée vers l’Est, vers la Chine et l’Inde, qui ont profité de l’occasion pour acheter du gaz et du pétrole russes à des prix moins chers que sur le marché international. De même, la Russie a compensé une part importante des importations européennes, sous embargo de l’Occident, par l’achat de la Chine et d’autres pays tiers, dont la Turquie et l’Arménie. En ce qui concerne l’embargo du gaz russe, l’hypocrisie de l’UE a été dénoncée par certains députés du Parlement européen, qui ont signalé l’achat par l’Europe du gaz russe via l’Azerbaïdjan en vertu de l’accord historique signé par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen avec le président Aliev à Bakou.
La montée de l’influence chinoise dans le monde est perceptible vue l’intermédiation prompte qu’elle réalise dans les relations internationales. À Pékin, grâce aux efforts du président Xi Jinping, la paix entre l’Iran et l’Arabie Saoudite a été établie. Un accord, qui aura ses conséquences positives pour pacifier les conflits qui se déroulent au Yémen, en Syrie et dans d’autres pays arabes. Aussi, en visite à Moscou, le président chinois présentera le plan chinois de paix russo-ukrainien.
La lutte pour la suprématie en mer de Chine et la protection du Taïwan par les Etats-Unis, deviennent des facteurs de rapprochement objectif entre la Russie et la Chine. Ce qui peut également donner à la Russie un avantage inespéré dans la guerre d’Ukraine. Les Occidentaux craignent cette alliance russo-chinoise et son effet sur la guerre ukrainienne.
Ainsi, la guerre russo-ukrainienne a toutes les chances de redessiner les grandes alliances stratégiques. Et la responsabilité de l’Occident dans le déclenchement du conflit russo-ukrainien est grande, notamment en raison de l’élargissement de l’OTAN vers l’Europe de l’Est, qui a réveillé les passions et les peurs de la période soviétique en Russie. La Chine aussi, in fine, s’est sentie visée par cet élargissement, ce qui rend le rapprochement russo-chinois inévitable.
J. Tch.