L’Arménie est classée parmi les dix pays les plus sûrs au monde, bien qu’au cours de l’année 2022, 37.612 cas de criminalité aient été enregistrés en République d’Arménie, soit une augmentation de 24,4 % de la criminalité par rapport à l’année précédente. C’est inquiétant, et l’atmosphère politique polarisée envenime de plus en plus le calme régnant.
Début avril, une série d’incidents d’intolérance et de violence ont été enregistrés parmi les députés de l’Assemblée nationale, qui bien qu’il s’agisse de cas de délits légers, dénotent une intolérance radicale plus profonde et un abus du pouvoir. Certains sympathisants des forces d’opposition n’hésitent pas même d’utiliser la menace de mort afin d’imposer un changement de pouvoir. Une tendance qui s’est accentuée après la défaite de la guerre de 2020.
Le dimanche des Rameaux, un incident a provoqué la réaction critique du premier président arménien, Levon Ter-Petrossian à l’encontre du président de l’Assemblée nationale, Alen Simonian, qui n’avait pas hésité à cracher au visage d’un jeune du parti Dachnak, quand ce dernier l’avait traité de «traître». Pour le Premier président « l’acte d’Alen Simonian est le plus grand dommage qu’on puisse causer au crédibilité de notre État».
Le président de l’Assemblée nationale lui a répondu : « Je ne peux pas tolérer l’insolence et le hooliganisme. »
Cependant, la prise de position du premier président a eu ses répercussions et contrairement à certains représentants du parti au pouvoir, qui ont soutenu leur collègue Simonian, le gouvernement a déclaré par la voix du ministre de l’Éducation que « de tels incidents ne font pas honneur au pays, que la fonction d’État implique également un comportement adéquat ».
Le fils du Premier ministre Pachinian a également fermement démenti la nouvelle diffusée par Alen Simonian selon laquelle lui aussi avait été victime d’une agression. Simonian s’est finalement excusé publiquement pour son acte.
C’est peut-être la première fois qu’un haut représentant du pouvoir agit de la sorte, ce qui représente en soi une victoire du droit de la liberté d’expression du citoyen, même si cette parole est virulente et blessante. C’est aussi une manière de prévenir l’abus de pouvoir de la part de personnes détenant l’autorité publique. L’avancée est notable comparée au meurtre du jeune militant de la FRA, en 2001, battu à mort par les gardes du corps du président Robert Kotcharian, dans les toilettes du café «Aragast» d’Erevan pour avoir simplement salué le président de manière populaire « privet Rob !»
(bonjour Robert !). À l’issue d’un semblant de procès, l’accusé Aghamal Haroutunian avait été condamné à deux ans d’emprisonnement avec un an de sursis, ce qui s’apparentait à un acquittement.
Cependant, un certain nombre d’organisations de défense de droit civil, telles que « Les citoyens avertis », exige la convocation de la commission nationale d’éthique afin d’examiner cette affaire.
Le deuxième incident, c’est le coup-de-poing porté par le député de l’opposition Mher Sahakian, du bloc « Hayastan », au président de la Commission permanente des affaires juridiques de l’État, Vladimir Vardanian en pleine séance. Jusqu’à présent, aucune excuse n’a encore été prononcée pour cet acte.
Le troisième, qui est peut-être l’incident le plus dangereux, est la débâcle survenue lors de l’élection du nouveau candidat au poste vacant de Défenseur des droits de l’homme du pays, lorsque le candidat de l’opposition à ce poste Edgar Ghazarian a qualifié le gouvernement actuel de «régime criminel». Et au même moment, devant l’Assemblée nationale, un groupe de défenseurs d’Edgar Ghazarian déclarait haut et fort que « les corps des sympathisants de Nikol doivent être pendus par les pieds aux arbres d’Erevan ». Ces incidents n’annoncent rien de sain, tandis que l’Artsakh est assiégé depuis quatre mois et est menacé d’extermination, et l’Arménie n’a pas encore retrouvé ses moyens d’autodéfense et de sécurité.
J. Tch.