Durant les mois d’avril et de mai, l’Arménie et l’Azerbaïdjan étaient en négociations continuelles à l’initiative de divers acteurs internationaux. D’abord une initiative américaine : quatre jours de négociations sous l’égide du Département d’État à Arlington. Puis Bruxelles, à l’invitation de Charles Michel, au cours de laquelle l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont mutuellement reconnu l’intégrité territoriale de l’autre. Et troisièmement, à l’initiative du président Poutine à Moscou, après quoi Aliev a lancé ses attaques militaires et a accentué sa rhétorique contre l’Artsakh et l’Arménie, violant toutes les règles du droit international. Le 26 mai, deux militaires arméniens sont enlevés sur la ligne de contact. À Latchine, le jour du 28 mai, reniant toutes les décisions négociées, Aliev a annoncé son plan visant de dissolution complète de la République d’Artsakh et les conditions d’amnistie qu’il daignait accorder au gouvernement et aux membres du parlement d’Artsakh : « Tout le monde le sait, nous avons aujourd’hui toutes les chances de mener des actions (militaires) dans cette région. C’est pourquoi le Parlement (d’Artsakh) sera dissous, et celui qui se fait appeler Président devra se rendre. Tous les ministres et les députés devront démissionner de leurs fonctions. Seulement après, nous leur accorderions des concessions. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut convenir d’une d’amnistie. »
En outre, Aliev, qui était l’invité spécial de l’UEE le 25 mai à Moscou, l’Azerbaïdjan n’étant pas membre de cette structure, a annoncé que la Russie était pleinement d’accord pour l’instauration sur le pont Hakar, à l’entrée du couloir de Lachine, du poste de contrôle frontalier azéri, situé à 20 mètres de la base militaire russe. Et en réponse au Premier ministre Pachinian, qui s’est insurgé contre l’utilisation du terme de «corridor de Zangezur», il a répondu avec un sourire malicieux, que la Russie était également d’accord sur ce point. Le président Poutine, suite au duel Pachinian-Aliev, a déclaré qu’il y a effectivement des différences dans les définitions de certains termes, mais l’important est qu’il y a un accord de principe sur l’intégrité territoriale. N’ayant pas nié l’affirmation d’Aliev concernant le poste-frontière azéri et le corridor de Zangezour, qui tous deux sont contraires aux dispositions de l’accord du 9 novembre, Poutine a tacitement confirmé que la solidarité et la coopération étaient absolues entre la Russie et l’Azerbaïdjan.
Lors du même sommet de l’UEE, le président Poutine a souligné, à plusieurs reprises, l’importance de promouvoir les échanges entre les pays membres de cette structure, en particulier l’avantage acquis par l’Arménie et pour preuve sa croissance économique exceptionnelle de 12 %.
Un point très important qui souligne la dépendance économique de l’Arménie vis-à-vis de la Russie et en même temps une invitation spéciale à l’Azerbaïdjan à rejoindre cette structure, à laquelle l’Arménie ne s’est pas encore opposée.
Cette symbiose russo-azérie va de pair avec l’attitude de mépris d’Aliev vis-à-vis des Arméniens et des acteurs internationaux. Ainsi, il a déclaré par la même occasion : « Le poste de contrôle frontalier installé le 23 avril devrait servir de leçon aux Arméniens vivant aujourd’hui au Karabakh. Malheureusement, ils sont dans l’attente, comme si quelqu’un allait venir les sauver, comme si quelqu’un viendrait se battre contre l’Azerbaïdjan. Tout cela est absurde. Pendant la 2e guerre du Karabakh, nous avons fait preuve d’une forte volonté, et si personne de l’extérieur n’a osé intervenir alors, aujourd’hui, que nous sommes devenus propriétaires de toutes ces terres, qui viendra combattre avec contre nous à la place des Arméniens ?»
Une rencontre avec Charles Michel, Emmanuel Macron et Olaf Scholz est prévue à Chișinău, en Moldavie, début juin. La quatrième réunion consécutive… Personne n’ose avouer qu’une guerre à petit feu se déroule parallèlement aux soi-disant négociations de paix, par laquelle l’Azerbaïdjan accentue ses revendications vis-à-vis de l’Arménie et de l’Artsakh. La probabilité d’une reprise de la guerre augmente, tandis que sous couvert de négociations, une guerre d’usure est engagée sous l’œil et avec l’assentiment des grands acteurs, chacun poursuivant son avantage stratégique.
J. Tch.