Le mois de juin a été pour les communautés arméniennes un mois de créativité musicale, notamment pour celles de la région parisienne.
Autant la classe politique donnait à voir une image pauvre, décousue, désunie sur le plan politique, autant les initiatives musicales étaient vibrantes et riches. À commencer par la représentation de l’oratorio «Naissance de David de Sassoon» de Garbis Aprikian à la Scène Musicale et à l’Eglise Sainte Trinité, suivi du concert «Mayrig», la rencontre internationale des Chœurs organisée par l’Université Paris 8 et le Département 93, où le groupe «Khazer» était spécialement invité d’Arménie. … La série de concerts sera prolongée jusqu’à la fin du mois de juin. Le 28 juin, la chorale «Hover» se produira à l’occasion de la commémoration du 850e anniversaire de la mort de Nerses Shnorhali à l’UNESCO. Le même jour, des intellectuels et des artistes français soutiendront l’Artsakh et l’Arménie à la salle Gaveau, une initiative, appelée « Arménie, la route de la vie », organisée par l’Ambassade d’Arménie en France et la Représentation d’Artsakh.
Outre ces manifestations, la «Journée de l’Arménie» organisée par la municipalité de Clamart, la représentation conjointe du groupe de danse «Navassart» et de la chorale de Paros à l’occasion des 40 ans du Club arménien Antony, les manifestations de fin d’année et les performances du groupe de danse «Yeraz», «Mets Bazar» et sans oublier les maisons de la culture arménienne, les écoles – tout cela crée un environnement artistique où la communauté arménienne montre toute sa vitalité. Les opportunités d’échange et de coopération avec l’Arménie, les partenariats avec les collectivités locales françaises, avec les communes, sont mises à profit. Comme cette initiative économique du 16e arrondissement de Paris et de HEC qui se tiendra le 27 juin…
Le potentiel de la communauté franco-arménienne est grand. Il faut lui donner l’occasion de s’exprimer, de s’épanouir. Cette vivacité n’a pas trouvé son expression politique pour dénoncer avec force le nettoyage ethnique commis contre l’Artsakh, crime impardonnable. Heureusement, des interventions remarquées de la classe politique et intellectuelle française se sont multipliées, en France, en Europe et jusqu’en Arménie, à la frontière arméno-azérie. Le gouvernement français soutient lui aussi activement le gouvernement arménien dans sa lutte pour contrer les agressions azéries. La visite du ministre de la Défense arménien en France est un signe fort de la coopération franco-arménienne.
Il faut le souligner, sur le plan politique, l’action des communautés arméniennes n’est pas à la hauteur des enjeux auxquels sont confrontés l’Arménie et l’Artsakh. Les communautés de la Diaspora ne sont pas encore préparées pour faire face à la guerre menée par l’Azerbaïdjan, notamment à son caractère hybride. Naturellement, il incombe à l’Arménie et à l’Artsakh d’assurer la sécurité des populations. Néanmoins, la diaspora peut coopérer et soutenir l’action du gouvernement d’Arménie et celui d’Artsakh, surtout en ce moment fatidique pour l’Artsakh. Cependant, les plus grandes organisations de la Diaspora l’Église apostolique, l’ARF et le CCAF en France – n’ont pas su taire leurs dissensions politiques avec le gouvernement arménien afin de former un front politique uni. Il faut prendre conscience de cette réalité. Tout comme il faudrait prendre conscience de la vitalité de la communauté artistique et de sa volonté de créer des opportunités de coopération avec l’Arménie, en surpassant les postures politiques de division. L’expression artistique est le signe d’une communion avec la population arménienne souffrante. C’est l’expression d’une force spirituelle puissante, d’une foi qui a besoin de se muer en une conscience politique.
J. Tch.