La stèle municipale à Puget-sur-Argens
Pour complément d’information au reportage sur les Arméniens dans l’Unité urbaine de Fréjus (paru dans le numéro 352 du 20 avril dernier), il faut préciser que Puget-sur-Argens est la seule ville en France, peut-être en Europe aussi, à avoir érigé une stèle, placée dans le parc municipal de la rue Lamartine, en hommage aux Arméniens ayant décidé de s’installer dans cette commune du Var au milieu des années 1920. Cette réalisation s’est concrétisée en 2010, grâce aux relations courtoises et fraternelles entre les élus municipaux et les descendants de ces Arméniens, dont notamment Arsène Garmirian et le directeur de l’entreprise de travaux publics, Tavit Tavitian. C’est la première fois qu’une municipalité exprime sa satisfaction de voir une communauté étrangère s’implanter sur son sol, sans oublier qu’elle a dénommé l’une de ses voies dans le centre-ville « allée Arsène Garmirian », une impasse à proximité d’un stade, d’un collège et d’une école communale. Arsène Garmirian (1928-2013) est un Arménien natif de Lyon et ayant vécu à Saint-Maurice-de-Beynost puis à Limonest avant de s’installer à Puget-sur-Argens en 1966 comme contre-maître des travaux publics, mais surtout en s’investissant dans la vie arménienne dans différentes villes du Var. Ses relations communales, notamment avec la brigade de gendarmerie motocycliste, basée à Puget, lui ont valu d’être honoré en dénommant une rue à son nom.
La plaque apposée par la ville à Puget-sur-Argens
Pourtant, cette communauté avait traversé des périodes difficiles, comme surtout l’hiver 1935-1936, qui avait été une véritable tourmente pour les ouvriers étrangers de Puget-sur-Argens, à cause du quota d’étrangers autorisés à travailler dans les usines, une règle scrupuleusement surveillée par le préfet du Var. Le patron de l’entreprise des tuileries, située dans cette commune, avait été contraint de licencier tout le personnel arménien et une grande partie des ouvriers italiens. Les pluies diluviennes des mois de novembre-décembre avaient déjà endommagé toutes les plantations de la région provoquant un chômage forcé pour les vendanges et le ramassage de fruits dans les vergers. Malgré cette situation inquiétante, la communauté arménienne de Puget n’avait pas abandonné son projet de fêter le nouvel An 1936 dans une école maternelle du quartier – construit par la direction d’une usine de sel – avec au programme chants et déclamations, le bénéfice étant versé en partie à l’édification d’une part d’une statue en hommage au général Antranik au Père Lachaise et à la publication d’autre part des œuvres de Komitas, récemment décédé.
Une voie au nom d’Arsène Garmirian à Puget-sur-Argens
E. M.