OPINION – La rivière rouge ou la loi du plus fort

« La rivière rouge », c’est un (très) vieux western déjà, sorti en noir et blanc en 1948, le 1er de Howard Hawks, mais également le tout premier ou joue l’alter-égo de James Dean à cette époque, l’acteur Montgomery Clift dont le destin fut aussi tragique. Ce western fut rediffusé il y a peu à la TV.

L’histoire est très simple, sinon simplissime : la conquête de l’ouest sauvage au milieu du XIXe siècle par quelques aventuriers dont le héros du film, le « légendaire » John Wayne.

Ce dernier campe ici et comme d’habitude le rêve américain absolu, l’homme qui définit la justice et la liberté, idiomes de la société américaine.

Mais ce western n’est pas si anodin que cela si on y regarde de près. En clair John Wayne atteint le « Rio grande », la fameuse rivière rouge avec deux de ses acolytes, et là il se trouve tout de suite opposé à quelques mexicains représentants du propriétaire des terres aux alentours.

Que nenni, John Wayne leur rétorque qu’avant eux ces terres appartenaient aux Indiens et qu’elles leurs furent volées par les Mexicains, et que lui et ses compagnons avaient donc aussi le droit de les prendre !! S’en suit un duel aux révolvers et John Wayne abat l’un des Mexicains. Et il prend les terres !

Bref la terre appartient bien au plus fort, à la plus fine gâchette dans cette histoire. On ne parlera pas de colonialisme aux Amériques mais de colons ou de colonisation pour cette forme d’appropriation.

Le colonialisme fut en effet un terme réservé à l’encontre des Européens qui se créèrent des empires en Inde, en Asie, en Afrique. Les Ottomans aussi conquirent des empires en pillant, tuant, violant mais sans rien apporter eux !

Cela dura ainsi tant que le Droit issu des suites des conséquences de la première Boucherie du siècle précédent instaure une première tentative d’organisation de l’ordre juridique mondial. La société des Nations fut ainsi créée en 1918 sans que son instigateur, les États Unis d’Amérique n’y adhère !!!

L’Onu qui lui succéda après 1945 devait apporter enfin elle une nouvelle emprise des États dits civilisés. Oui « devait apporter », c’est bien là le drame !

Car la loi du plus fort à toujours cours et n’a jamais disparu en fait : Israël écrase les Palestiniens et tue régulièrement aux frontières de l’Iran, de la Syrie ou du Liban, qui réagit ?

L’Azerbaïdjan déclenche une guerre totale au Haut Karabakh, qui hurle aux loups ?

Et qui réagit sur le terrain encore aujourd’hui face aux perpétuelles agressions azéries contre les sols du Haut Karabakh et de l’Arménie ? Personne encore.

Alors oui il y a l’Ukraine, comme il y a eu avant l’Irak, le Kosovo pour certains. Cherchez l’erreur. Bref méchants Serbes, méchants Russes… mais les Turcs et les Azéris ? Ah oui faut pas s’aliéner l’allié indispensable de l’Otan, la Turquie, ni bien sur le pourvoyeur de gaz de l’Europe qu’est l’Azerbaïdjan.

La loi du plus fort existe toujours et elle continuera d’exister malheureusement. Mais des résistants il y en a toujours eu aussi. Et puis Rome aussi s’effondra un jour…

Mguerditch  Melkonian

Le 30 juin 2023