Michel Davoudian (à-g) et Hayk Chobanyan
Du 17 au 21 juin, le salon international Eurosatory, consacré à la défense et à la sécurité terrestres et aéroterrestres, s’est tenu à Villepinte, au nord de Paris. Pour la première fois, l’Arménie disposait également d’un pavillon, auquel trois sociétés arméniennes, ADX Systems, CIFORA et Advanced Technologies Group, ont participé en présentant leurs produits aux spécialistes d’armement venus des quatre coins du monde. La participation de l’Arménie a pu être assurée grâce à la médiation de la Chambre de commerce et d’industrie France Arménie (CCI France Arménie).
Le ministre arménien de la Défense, Suren Papikian, était également présent à l’ouverture de l’exposition, au cours de laquelle a été signé le contrat d’achat de 36 unités du système d’artillerie français CAESAR, qui seront livrées à l’Arménie d’ici un an et demi. Ce contrat est le deuxième que l’Arménie signe avec la France dans le secteur de l’industrie militaire.
Nous publions ci-dessous l’entretien que nous avons réalisé avec les deux dirigeants de la CCI France Arménie, profitant de leur présence au Salon.
***
«Nor Haratch» – Je suppose que c’est la première fois que l’Arménie participe au salon Eurosatory, une participation dans laquelle vous avez joué un rôle majeur afin qu’un certain nombre d’entreprises arméniennes soient présentées sur cette plate-forme internationale.
Michel Davoudian – En tant que responsables de la CCI France Arménie, nous avons pensé que c’était une bonne occasion pour que l’Arménie commence à montrer ses capacités en matière de la défense, c’est pourquoi nous avons décidé de réserver un stand et d’inviter les trois entreprises membres de la CCI France Arménie, afin qu’elles puissent présenter leurs produits.
«NH» – Combien de membres compte la Chambre de Commerce et d’Industrie France Arménie ?
M.D. – Nous comptons 140 adhérents qui représentent diverses entreprises, dont trois spécialisées dans le secteur de la défense et de la sécurité. Il est vrai que nous sommes peu nombreux dans ce secteur, mais nous avons de grands espoirs de l’étoffer avec de nouveaux membres.
Comme vous le savez, la France soutient l’Arménie en matière d’armement et de nombreux contrats ont déjà été signés. Mais d’un autre côté, il y a des développements remarquables dans ce secteur en Arménie aussi et nous avons des dispositifs qui peuvent intéresser la France. En d’autres termes, non seulement nous attendons des pays étrangers qu’ils renforcent la défense de l’Arménie, mais au sein même de notre pays existent des entreprises capables d’être utiles dans ce domaine.
«NH» – Quels sont les problèmes liés à la participation des entreprises d’Arménie en plus grand nombre ? Est-ce essentiellement le facteur de l’absence de moyens financiers ?
M.D. – Le fait qu’une telle participation nécessite des dépenses importantes crée certainement des difficultés. C’est pourquoi la CCI France Arménie a décidé d’assurer la présence dees entreprises ici présentes, en s’appuyant également sur la participation de nos membres.
«NH» – Quels ont été les réactions, les évaluations et l’intérêt des visiteurs ?
M.D. – Selon moi, le résultat est satisfaisant, ne serait-ce que parce que maintenant les gens sont informés de la présence de l’Arménie dans ce domaine aussi. Le fait que sur le plan de ce salon est inscrit « Pavillon Armé-
nie » est un phénomène très important.
«NH» – Comment le gouvernement arménien ou plus généralement la sphère publique évaluent-ils ce travail ?
M.D. – L’appréciation a été positive et d’autres entreprises arméniennes prévoient de participer au prochain événement. Cette fois, nous avions un temps était assez limité pour aménager un pavillon plus grand. Je voudrais souligner une fois de plus qu’il existe en Arménie des entreprises qui peuvent grandement intéresser le marché international dans le secteur de la défense.
«NH» – S’il est vrai que c’est la première fois que vous participez à un salon du secteur de la défense, en revanche vous avez déjà participé à des salons d’autres secteurs, comme ceux de la viticulture, gastronomie…
M.D. – Oui, mais ce n’est pas le même travail ; nous avons eu ici des rencontres importantes, établi des contacts avec les représentants des armées françaises et étrangères, les attachés militaires.
«NH» – M. Chobanyan, quelles sont vos impressions de ce salon ?
Hayk Chobanyan – J’ai déjà participé à des expositions dans d’autres pays, mais je peux dire que celle-ci est la plus grande parmi celles que j’ai vues. Vous savez, nous parlons ici du secteur de la défense, mais l’exposition porte sur l’économie et c’est la première fois que l’industrie militaire de l’Arménie est présentée en France. Ceci est un pas très important car, comme on dit, ce ne sont pas les armées qui gagnent la guerre, mais les économies. À mon avis, il est très important que l’économie occupe une place solide et saine dans notre système de sécurité. Il s’agit également d’une certaine expérience pour les entreprises participantes et pour le pays en général, car produire et vendre ne sont pas la même chose et la coopération avec d’autres organisations joue ici un rôle important. Et enfin, on ne peut pas gagner qu’en achetant des armes tout le temps. Il est impératif que nous ayons notre propre production et recherche dans ce secteur afin de pouvoir résoudre durablement nos problèmes de sécurité.
«NH» – Étant présents ici, vous faites naturellement une comparaison avec les services et les produits proposés dans différents pays. Quelle est votre impression sur cette question ?
H. Ch. – Les leaders traditionnels de ce secteur sont bien connus ; mais à côté de cela, les aspects les plus importants pour nous, ce sont les changements que nous avons constatés, les pays qui se sont le plus développés dans le secteur au cours de ces dernières années. Ici, pour des raisons évidentes, la Russie et Israël sont absents, mais les autres pays, essentiellement les principaux acteurs, sont présents.
Il est également important pour nous d’évaluer le développement qui a lieu sur le marché turc qui nous envoie un certain message. Je rêve qu’un jour l’Arménie présente sa production du secteur de la défense d’une manière plus décente et importante, et je pense que ce moment n’est pas si loin que ça, pour lequel la nation, le gouvernement, le peuple et la diaspora devraient apporter leur contribution. Je voudrais souligner ici que contrairement aux quatre ou cinq années précédentes, nous avons désormais une participation plus active de la diaspora dans ce secteur, ce qui est bienvenu et devrait être un message à nos compatriotes pour qu’ils sachent que l’Arménie a besoin de davantage d’investissements dans ce domaine.
«NH» – Qu’entendez-vous par participation de la diaspora dans ce secteur ?
H.Ch.- Grâce à l’implication dans divers fonds d’investissement et diverses entreprises, grâce à la contribution de jeunes professionnels de la diaspora arménienne venus en Arménie où ils travaillent et mettent leurs connaissances professionnelles au service de notre pays.
M.D. – Mettre à profit le moyen des fonds de capital-risque est également très important.
«NH» – Existe-t-il des fonds de capital-risque qui contribuent particulièrement au secteur de la défense de l’Arménie ?
M.D. – On peut citer l’exemple du «Fonds Syunik», mais il y en a d’autres aussi.
Entretien réalisé par
Jiraïr TCHOLAKIAN ⊆
© 2022 Tous droits réservés