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La presse, a-t-elle un avenir en Diaspora ?

Bientôt, le 4 octobre, aura lieu la réunion publique au sujet de l’avenir de « Nor Haratch ». La diaspora et l’Arménie sont confrontées à des défis existentiels qui nécessitent réflexion, délibération et analyse critique. La presse est au cœur de la couverture quotidienne de ces questions. Des journalistes indépendants et des plateformes d’information interprètent et analysent les activités des dirigeants et des responsables politiques. « Nor Haratch », média de la diaspora arménienne, aborde naturellement ces questions. Autant la diversité et la vitalité des médias en Arménie résultent de l’existence d’un Etat et de sa population, autant les médias sont handicapés au sein des diasporas arméniennes qui sont désorganisées et divisées.

«Nor Haratch », en tant que presse de la Diaspora, est au cœur de cette crise existentielle en raison de sa position éditoriale. Le journal est soumis à des pressions politiques. On fait souvent référence à la détresse économique de la presse arménienne de la diaspora, sans faire allusion à la principale raison de cet état de fait, laquelle est de nature politique.

 Une société diasporique désorganisée et la dichotomie politique qu’elle subit, rendent difficile la publication d’un journal qui vit grâce à ses lecteurs. La principale question est de savoir s’il remplit pleinement sa mission. Si la réponse est positive, son existence a un sens, sinon il ne faut pas regretter sa disparition. S’il a une chance de servir à l’avenir, cela vaut la peine de faire un effort pour continuer. Dans la mesure où le journal dérange politiquement, cela prouve qu’il a son utilité. Est-ce suffisant pour assurer sa survie ? Rien n’est garanti. Une masse critique de lecteurs est nécessaire et au moins un ou deux actionnaires de référence. C’est le principal défi de « Nor Haratch » et des autres médias de la diaspora.

 Que cela nous plaise ou non, la République d’Arménie joue un rôle central dans le monde arménien. La division qui règne, en Arménie, au sein de la classe politique a des répercussions directes sur la diaspora. Actuellement, les relations entre l’Arménie et la diaspora sont au plus bas. Les principales structures de la Diaspora – l’Église apostolique, la FRA Dachnagtsoutioun et l’UGAB – s’opposent aujourd’hui au gouvernement formé par le Parti du Contrat Civil, élu au suffrage démocratique. Une crise inévitable a mûri au cours des 30 ans d’indépendance pour atteindre un état explosif à la suite de la guerre des 44 jours en 2020. La crise de trop, mais qui doit être prise pour ce qu’elle est : une opportunité pour un nouveau départ.

 Quoiqu’il en soit, la situation doit être évaluée dans une perspective à long terme. Comme pour la création d’une école, sachant que le résultat ne sera visible qu’au bout de 20 à 25 ans, comme pour la création d’une église ou d’une maison de la culture. Toutes ces structures n’ont de sens que dans une perspective à long terme, et il en est de même pour le rôle de la presse.

 L’État arménien a 33 ans et il est vulnérable. Combien de vie ont été sacrifiées pour l’Arménie et l’Artsakh ? Combien de projets économiques et socioculturels ont été détruits, combien de capitaux ont été gaspillés. Considérant que la diaspora a également besoin d’aide un collectif d’intellectuels de la diaspora propose de penser et d’investir afin de renforcer les institutions de la Diaspora. C’est ce que suggèrent aussi certains dirigeants d’Arménie, qui précisent que le temps de la bienfaisance est révolu, il est temps d’investir et de tirer bénéfice. Sans rompre complètement avec l’Etat arménien, il est nécessaire d’avancer sur deux fronts : en direction de l’État de droit en Arménie et pour le renforcement des structures de la diaspora, dans laquelle la presse arménienne de la diaspora joue son rôle.

J. Tch.