Jeudi 10 octobre, la presse a été conviée à une rencontre à la Maison de la culture arménienne à Paris, avec la participation d’Artak Beklarian, ancien ministre d’État d’Artsakh et défenseur des droits de l’homme, de Garnik Kerkonian, avocat, expert en droit international et Arman Tatoyan, ancien défenseur des droits de l’homme d’Arménie. Ces derniers ont abordé la question de l’emprisonnement des 23 Arméniens, otages de l’Azerbaïdjan. Une initiative nécessaire car cela fait déjà un an que des dirigeants de la République d’Artsakh sont emprisonnés à Bakou, sans oublier que d’autres Arméniens, capturés lors de la guerre de 2020, sont, depuis, toujours en prison. Détenus, dans les conditions les plus sévères, les plus cruelles, en violation des lois internationales fondamentales, en violation des droits de l’homme, sans avoir la possibilité d’être défendus par des avocats internationaux indépendants de leur choix.
Cette initiative est une réponse directe à l’appel lancé aux Arméniens par Luis Moreno Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale, afin de faire pression sur les autorités de Bakou pour la libération des otages arméniens avant la conférence internationale sur le climat, la COP29. D’ici là, force est de constater que les décisions de la Cour internationale de justice, organe judiciaire principal de l’Organisation des Nations Unies (ONU), restent inappliquées. L’Artsakh est complètement vidé de sa population arménienne, le droit au retour de cette population n’est pas garanti, ni son droit de propriété. La politique d’arménophobie se poursuit et la destruction des traces culturelles et religieuses collectives est en cours.
Une vingtaine de représentants de la presse française et occidentale étaient présents à cette conférence de presse. Un phénomène encourageant, qui reflète également le professionnalisme des organisateurs et montre que malgré les guerres au Proche-Orient, en Ukraine, les conflits larvés en Corée et en Afrique, qui régnent sur la scène internationale, la question de l’Artsakh et de l’Arménie attire l’attention des médias internationaux à Paris. Il est aussi important de souligner la grande qualité des propos et des analyses des trois intervenants.
L’étude de l’échec des Arméniens en Artsakh est essentielle pour redéfinir la stratégie de l’Arménie au Caucase du Sud compte tenu de sa situation géopolitique. Située entre trois empires régionaux, engagée dans un processus de recherche d’une nouvelle identité politique, d’une voie souveraine, la lutte de l’Arménie pour sa souveraineté ne laisse pas indifférents les acteurs internationaux. Les relations tendues entre l’Arménie, la Russie et l’Occident d’une part, et les relations préoccupantes entre l’Arménie, l’Iran, l’Azerbaïdjan d’autre part, rendent l’Arménie acteur de la politique internationale. L’intérêt de la communauté internationale pour l’Arménie est un indicateur important de la volonté des autorités arméniennes de quitter le statut d’État vassal de la Russie.
Avant le sommet de la COP29, les États occidentaux font pression pour la signature du traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, traité auquel la Russie, l’Azerbaïdjan et la Turquie s’opposent, en attendant une occasion plus opportune afin d’imposer le couloir de
« Zanguezour » sous contrôle russe. Il ne fait aucun doute que les élections américaines donneront une direction décisive au développement politique de la région.
J. Tch. ■
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