« Journal du Dimanche » – 17 novembre
TRIBUNE. Quelques jours avant la fin de la COP29 à Bakou et plus d’un an après l’arrestation de Ruben Vardanyan par les autorités azerbaïdjanaises, son fils David dénonce le silence assourdissant de la communauté internationale et appelle à la libération de son père, enfermé aux côtés de 22 autres otages pour une seule raison : celle d’être arménien.
Depuis une semaine, l’Azerbaïdjan accueille l’une des conférences internationales les plus importantes et symboliques, la COP29. Les dirigeants du monde entier se réunissent donc à quelques centaines de mètres seulement du lieu où sont détenus et torturés les otages arméniens. Parmi eux, mon père, Ruben Vardanyan. Arrêté illégalement il y a plus d’un an par les autorités azerbaïdjanaises alors qu’il quittait le Haut-Karabakh comme les 120 000 autres Arméniens forcés à l’exil après l’annexion de leur terre ancestrale, il est désormais enfermé, aux côtés de 22 autres otages, pour aucune autre raison que celle d’être arménien.
Comment pouvons-nous parler de justice, de droits humains, de coopération mondiale et d’écologie dans ces conditions, à quelques centaines de mètres d’Arméniens torturés ? Avant cette date fatidique où tous les projecteurs sont braqués sur l’Azerbaïdjan, j’en appelle aux dirigeants des Nations unies : ne laissez pas mourir les 23 otages arméniens dans l’indifférence collective.
Mon père a consacré son existence à aider les autres. Il a créé et mis en œuvre, avec ses amis et partenaires, plus de 700 projets humanitaires dont l’initiative humanitaire Aurora. Il a toujours aidé les autres avec des projets qui agissent partout pour un monde plus juste et plus pacifié. Aujourd’hui, c’est lui qui a besoin d’aide. C’est pourquoi je prends la parole pour lui qui ne le peut pas. La communauté internationale ne peut continuer à détourner le regard, à traiter « d’autres priorités » et laisser l’Azerbaïdjan profiter de cette impunité pour agir, pis, faire de la COP29 la vitrine de son pays.
Chaque jour que les Arméniens passent en prison est une tache sur notre conscience collective. Chaque minute où nous restons silencieux est une minute de plus que nous offrons à ceux qui en profitent pour effacer des vies, des cultures, et des identités entières. Il est temps de rompre ce silence assourdissant.
Je dis en toute responsabilité : participer à cette COP à Bakou sans aborder la question des droits humains, c’est se rendre complice de son instrumentalisation. Une instrumentalisation qui décrédibilise durablement ce qui devrait être le haut lieu de la coopération internationale sur les enjeux communs de l’humanité.
Alors que la COP29 est en cours, il est encore temps pour agir. Pour ceux qui sont à Bakou, en demandant à visiter les otages et en appelant à leur libération. Pour les autres, en faisant pression sur les gouvernants afin d’exiger de l’Azerbaïdjan des garanties, de lui refuser une impunité qui mettrait à risque l’ensemble des nations et enfin, demander la libération immédiate et inconditionnelle des otages arméniens. Qui demain pourra arrêter l’Azerbaïdjan une fois la COP passée ?
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