AZERBAÏDJAN – Ruben Vardanian a été torturé  Des révélations glaçantes sur son calvaire en prison

La plateforme nationale arménienne du Forum de la société civile du Partenariat oriental (EaP CSF Armenian National Platform) a annoncé dans un communiqué que des détails terrifiants ont été révélés : dans la prison azerbaïdjanaise, Ruben Vardanian, ancien ministre d’État d’Artsakh, qui en est à son 16e jour de grève de la faim, a été torturé, sa tête comprimée avec du fer.

L’organisation a également rapporté que les défenseurs des droits de l’homme disposent de données prouvées selon lesquelles il n’y a pas 23, mais au minimum 80 prisonniers arméniens en Azerbaïdjan.

« Les prisonniers à Bakou sont soumis à des tortures et à des pressions psychologiques, et le procès de Ruben Vardanian, bienfaiteur jouissant d’une renommée internationale, est devenu un règlement de comptes stalinien », est-il noté dans le communiqué de l’Organisation.

« Les vidéos des “procès” à Bakou suscitent une profonde inquiétude »

Quelques jours plus tôt, le 28 février, le ministère des Affaires étrangères (MAE) d’Arménie a, lui aussi, publié un communiqué faisant part de sa profonde inquiétude quant aux conditions de détention des otages arméniens retenus à Bakou : 

« Le ministère des Affaires étrangères de la République d’Arménie continue d’attirer l’attention de la communauté internationale, en particulier des partenaires attachés à la paix régionale et aux valeurs humanitaires, sur la nécessité de libérer les prisonniers de guerre arméniens, les otages et autres détenus en Azerbaïdjan. Il souligne également les procès mis en scène qui se déroulent avec de graves violations des procédures judiciaires et des signes alarmants de torture à leur encontre » indique le communiqué, qui exprime sa profonde inquiétude quant aux publications contenant des enregistrements vidéo et des photos des procès de 23 prisonniers de guerre, otages et autres détenus arméniens. Il cite également des informations révélées par les avocats des détenus, y compris celui de Ruben Vardanian, en grève de la faim, qui font état de violences, de tortures et d’une détérioration évidente de l’état de santé des prisonniers.

« Le gouvernement arménien continue de recevoir des informations sur l’application de mesures interdites contre les prisonniers et otages arméniens. Leur détention et leur persécution constituent une grave violation du droit humanitaire international », poursuit le communiqué soulignant que « les autorités azerbaïdjanaises utilisent ces simulacres de procès comme un moyen de pression politique sur l’Arménie et comme un instrument de manipulation au sein de la société arménienne, compte tenu de la sensibilité de cette question pour chaque famille et pour l’ensemble de la population. »

« Il est particulièrement préoccupant que ces procédures se déroulent dans un contexte de propagande haineuse continue contre les Arméniens dans les médias azerbaïdjanais » conclut le MAE arménien.

Comme à son habitude, Bakou a réagi immédiatement. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan, Aykhan Hadjizadé, a répondu à cette déclaration en affirmant :

« L’Azerbaïdjan a fait preuve d’un traitement humanitaire et, en respectant ses obligations dans le cadre du droit humanitaire international, a libéré plus de 200 prisonniers arméniens. Toutefois, certains de ces prisonniers, après leur libération, ont été arrêtés et interrogés par les autorités arméniennes. »

Bakou qualifie également de « grand geste humanitaire » le fait d’avoir « permis à plus de 10 000 soldats de quitter les territoires azerbaïdjanais en 2023 ».

Selon Bakou, la déclaration de la partie arménienne démontre « à quel point l’élite politique arménienne, qui a ouvertement soutenu l’attaque contre l’Azerbaïdjan, est frustrée par ce procès ».

« La responsabilité de l’Arménie en tant qu’État agresseur et occupant, ainsi que ses autres actions illégales, sont des faits incontestables. Traduire les criminels en justice est une mesure juste et ne peut être qualifiée de manipulation politique. Au lieu de saluer les procès intentés contre des personnes accusées de crimes de guerre, l’Arménie les qualifie de “mise en scène” », a déclaré Hadjizadé.

Manifestation de protestation devant le bureau de la Croix-Rouge

Les partisans de Ruben Vardanian, plus de 40 organisations civiles et représentants de différentes forces politiques, ont organisé une manifestation de protestation le 3 mars devant le bureau du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), exigeant la sauvegarde de sa vie et la protection des droits de tous les prisonniers arméniens.

Zara Amatouni, directrice des programmes de communication du CICR, a déclaré aux manifestants que leur médecin avait visité Ruben Vardanian.

« Notre médecin a rencontré la personne se trouvant en cellule, et nos délégués ont visité tous les prisonniers arméniens le mois dernier », a-t-elle rapporté.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme demande la libération des prisonniers

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a demandé la libération des Arméniens illégalement détenus à Bakou. L’information est rapportée par l’ambassade d’Arménie en Suisse.

En effet, lors de sa déclaration à la 58e session du Conseil des droits de l’homme à Genève le 3 mars, le Commissaire de l’ONU a souligné le problème de toutes les personnes illégalement détenues en Azerbaïdjan, y compris celles d’origine arménienne, précisant qu’elles doivent être libérées immédiatement et que leurs droits à un procès équitable doivent être entièrement préservés.

La réaction de Bakou

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais, Aykhan Hadjizadé, a immédiatement réagi à la déclaration du Haut-Commissaire de l’ONU .

« Seule la révélation de la vérité et l’élimination des conséquences des crimes permettront à la paix et à la réconciliation de triompher de l’impu-
nité »,
a-t-il déclaré selon les médias azerbaïdjanais. ■