Trois questions à Léon Hovnanian, Président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens (ANACRA)

Léon Hovnanian, ancien élu de la ville de Meudon, est Président depuis 2023 de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens.

 

1 – Pouvez-vous présenter votre association ?

Depuis sa fondation en 1917, L’ANACRA, l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens, honore la mémoire des combattants et résistants arméniens ayant servi la France. Malgré leur statut d’apatrides, ces hommes et femmes ont sacrifié leur vie pour la liberté, un engagement que nous perpétuons à travers de nombreuses cérémonies mémorielles comme celle du 21 février, un hommage au groupe Manouchian au Panthéon, et celle du 24 avril, la commémoration du génocide arménien à l’Arc de Triomphe, avec une remontée solennelle des Champs-Élysées, le ravivage de la flamme et la présence de nombreuses personnalités. D’autres hommages sont organisés régulièrement à Margny-lès-Compiègne, au cimetière de Dourdan, au Père-Lachaise et dans plusieurs villes de banlieue.

2 – Quelles sont les actions menées par l’ANACRA afin de faire vivre la mémoire partagée franco-arménienne ?

Nous menons un combat pour la mémoire face au silence des médias, une mémoire ignorée par la presse et la télévision.

Malgré l’importance de nos cérémonies, nos commémorations ne sont que trop rarement relayées par les médias, que ce soit à la télévision ou dans la presse. Cette absence de visibilité est une véritable injustice pour ceux qui ont donné leur vie pour la France. L’histoire des résistants arméniens, et plus largement celle des étrangers morts pour la liberté, reste méconnue du grand public. Pourtant, si les jeunes d’aujourd’hui vivent en liberté, c’est grâce aux sacrifices de ces héros. Il est donc essentiel que leur mémoire soit mise en lumière, afin que personne n’oublie que la France s’est construite aussi grâce à ces combattants venus d’ailleurs. Nous devons interpeller les médias, demander une couverture plus large et travailler à une meilleure diffusion de notre message. Sans cela, le risque est grand que l’histoire de ces résistants disparaisse peu à peu des mémoires collectives.

3 – Le 21 février 2025, vous organisez un hommage aux héros de l’Affiche Rouge au Panthéon. 2025 sera aussi le 110ème anniversaire du génocide arménien. Comment envisagez-vous l’avenir de la mémoire des Anciens Combattants et Résistants Arméniens ?

L’avenir de l’ANACRA présente un défi majeur : assurer la pérennité de la mémoire franco-arménienne. L’ANACRA est aujourd’hui composée principalement de membres âgés de plus de 60 ans. La question de notre avenir est cruciale : comment garantir la continuité de notre mission lorsque nous ne serons plus là ? L’implication de la jeunesse est donc une priorité absolue. Nous devons absolument intégrer les jeunes générations dans nos actions, car sans eux, la mémoire s’effacera. Cela passe par une présence accrue dans les écoles, collèges et lycées, avec des interventions et des projets pédagogiques.

Cela passe également par l’organisation de visites de lieux de mémoire, afin de les sensibiliser à cette histoire. Pour pouvoir réaliser tout cela, nous développons un travail de fond avec les enseignants et les institutions éducatives pour inscrire ces combats dans les programmes scolaires. Nous devons également sensibiliser les jeunes par le biais des réseaux sociaux et du numérique, afin de toucher une nouvelle génération qui s’informe autrement.

Ainsi, sans un travail de transmission, notre engagement risque de disparaître. Nous devons exiger plus de visibilité médiatique, impliquer la jeunesse et structurer un avenir durable pour notre association. Si nous n’agissons pas maintenant, le sacrifice de nos héros pourrait être oublié. Nos actions prioritaires sont donc d’interpeller les médias pour qu’ils relaient nos cérémonies et fassent connaître l’histoire des résistants arméniens, de renforcer nos liens avec les établissements scolaires pour impliquer les jeunes, de créer un pôle jeunesse au sein de notre association afin de structurer la transmission de notre mémoire, et enfin de développer notre présence numérique, notamment sur les réseaux sociaux, pour toucher les nouvelles générations. L’avenir de L’ANACRA dépend de ces actions. Nous devons nous mobiliser pour que la mémoire de nos combattants ne soit jamais effacée.

Source : « Le Souvenir Français »