ÉTUDE – À propos de l’accès de la Turquie au territoire du Nakhitchévan

Une étude très intéressante sur ce sujet, réalisée par Samuel Meliksetian, qui a été publiée par le Centre de recherche sur les politiques de sécurité (CRPS), le 2 décembre 2024, balaie d’un revers de la main l’idée, la conviction pour certains, que l’appartenance de la petite langue de terre entre l’Araxe et la rivière Karasu (17 km) à la Turquie n’est pas le résultat de négociations au début des années 1930 entre Atatürk et Réza chah d’Iran.

Dans un article récent au Nor-Haratch Hebdo, citant un haut dignitaire iranien qui avait critiqué l’ancien souverain pour cession illégale de ce minuscule « territoire iranien », cette idée, fausse d’après l’analyste du CRPS, était prise comme une preuve ou en tout cas un élément de confirmation. N’était-elle pas invoquée publiquement par un militaire de haut rang ? D’autres personnalités aussi, parlementaires ou experts du début des années 1980 en Arménie avaient plaidé en ce sens.

L’analyste affirme, cartes géographiques à la main, qu’après la conclusion du traité de Turkmentchay de 1828 et la cession par la Perse des khanats d’Erevan et du Nakhitchévan à la Russie tsariste, le territoire en question, habitée en majorité par une population kurde, appartenait au gouvernorat d’Erevan. C’est lors des négociations Russie bolchévique-Turquie kémaliste et la signature du traité de Kars de 1921 (annexe III) que Moscou conserve la rive gauche de l’Araxe à cet endroit et cède la rive droite à Ankara. En conséquence, la Convention de Téhéran de 1932 n’est pas une référence en la matière, même si l’ordre de fermer les écoles arméniennes en Iran, sans doute sous l’influence des conseils d’Atatürk était une preuve de l’attitude pro-turque et anti arménienne de Réza chah. Sa destitution à la suite de l’occupation d’Iran par les Alliés créa une nouvelle situation sur la question relative à l’existence des écoles arméniennes.

Il est étonnant que Ruben Galchian, spécialiste des cartes, prompt à apparaître sur les écrans de TV, n’a pas fait une communication sur un sujet si important stratégiquement pour l’avenir de l’Arménie. L’affirmation de Samuel Meliksetian met en lumière le rôle néfaste qu’ont joué les négociateurs bolchéviques dans la formation de l’idée d’un passage touranien via Meghri, que l’accès de la Turquie au territoire du Nakhitchévan permet. Autrement, le « corridor de Zanguezour » n’aurait pas eu de sens aujourd’hui pour le trio Erdogan-Aliev-Poutine.

Armand M.