La deuxième rencontre entre Netanyahu et le président américain depuis l’élection de Trump a eu lieu dans un contexte de tensions entre les États-Unis et l’Iran. Cette fois, Trump, plus prudent, sans faire référence à ses menaces contre l’Iran, a défendu Erdogan, indiquant que lui-même pourrait servir de médiateur pour régler les tensions israélo-turques, si la partie israélienne se montrait «consciente». En un
mot, une menace turque ne viendrait-elle pas remplacer celle de l’Iran ?
Le conseil de Trump démontre une tactique afin d’éviter de créer d’autres foyers de crise face aux tensions déjà générées par sa politique agressive et arbitraire d’imposition de tarifs douaniers.
Bien que la vague de mécontentement populaire massive aux États-Unis et la chute brutale des marchés boursiers internationaux n’aient pas encore ébranlé la confiance de Trump, toutefois, elles l’incitent à être prudent et à réfléchir pour éviter de nouvelles crises explosives dont les conséquences sont difficiles à évaluer.
Du point de vue arménien, une attaque américaine contre l’Iran rendrait la région instable, ce qui n’aurait que des conséquences négatives pour l’Arménie, car cela perturberait son programme concernant la signature de l’accord de paix avec L’Azerbaïdjan.
Depuis 1993, la Turquie, en maintenant systématiquement l’Arménie sous blocus, l’oblige à satisfaire toutes les exigences de l’Azerbaïdjan concernant le conflit du Haut Karabakh. Et après la défaite de la guerre de 44 jours, Erdogan se sert de l’Azerbaïdjan pour imposer à l’Arménie affaiblie de renoncer aux poursuites judiciaires internationales, y compris celles visant la reconnaissance du Génocide, et finalement d’accepter l’ouverture du corridor de Syunik, donnant à la Turquie l’opportunité de créer son rêve panturc rêve séculaire.
À cet égard, Trump, par sa politique tarifaire, par ses demandes territoriales en violation du principe d’intégrité territoriale des pays européens, par son soutien de la Russie dans la guerre ukrainienne, et poussé par Israël à briser la menace iranienne dans le conflit israélo-palestinien, a directement renforcé la position de la Turquie dans la région, après la chute du régime de Bachar-al-Assad en Syrie.
Aucune exhortation, aucune demande des grands acteurs internationaux n’a pu contraindre Erdogan à ouvrir la frontière avec l’Arménie. Bien que l’accord sur le traité de paix arméno-azerbaïdjanais ait été positivement accueilli par les grands acteurs internationaux, les conditions préalables de modification de la Constitution de l’Arménie et de dissolution du Groupe de Minsk restent des obstacles à la signature du traité de paix, malgré les exhortations de l’UE et des États-Unis concernant l’opportunité idéale afin de créer de nouvelles routes économiques reliant l’Asie centrale à l’Europe.
La stratégie coordonnée turco-azerbaïdjanaise a réussi à affaiblir la position de l’Arménie, qui cherche à établir des relations multilatérales dans la région pour échapper à l’influence hégémonique de la Russie. Jusqu’à présent, seule la France a soutenu de façon déterminée l’Arménie face aux menaces azéries. Le ministre des Affaires étrangères Barrot a ainsi déclaré : « L’Azerbaïdjan exige maintenant une révision de la Constitution arménienne. Cette nouvelle condition préalable est inacceptable et retarde la conclusion de l’accord de paix ». Il a également ajouté que la France suit de près les procès des Arméniens du Karabakh détenus à Bakou.
J. Tch. ■
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