Communiqué du diocèse de l’Église apostolique arménienne de France à propos de l’événement organisé à Rome par la République d’Azerbaïdjan

Le diocèse de l’Église apostolique arménienne de France exprime sa profonde consternation et condamne fermement l’événement intitulé « Le christianisme en Azerbaïdjan : histoire et modernité », organisé le 10 avril 2025 à l’Université pontificale grégorienne de Rome, en partenariat avec l’ambassade d’Azerbaïdjan auprès du Saint-Siège, en collaboration avec plusieurs organisations azerbaïdjanaises

Sous couvert d’un cadre académique, cette manifestation a offert une tribune à une entreprise de désinformation visant à nier l’identité arménienne du patrimoine chrétien ancestral du Haut-Karabakh (Artsakh) et à en effacer la mémoire. En substituant aux faits historiques un récit révisionniste, les autorités azerbaïdjanaises poursuivent leur politique de falsification systématique de l’histoire, dans le but manifeste d’appropriation culturelle.

Nous regrettons vivement qu’une telle initiative, dépourvue de rigueur scientifique et d’intégrité intellectuelle, ait pu se tenir dans une institution catholique aussi prestigieuse. En cette période de prière et de recueillement pour les martyrs et les témoins de la foi chrétienne des XXe et XXIe siècles, il est d’autant plus préoccupant qu’un tel espace ait été accordé à un discours de négation et de propagande, alors que le sang versé par les croyants continue d’interpeller la conscience chrétienne mondiale.

Nous rappelons que la présence chrétienne arménienne en Artsakh est attestée depuis plus de 1700 ans, marquée par une tradition liturgique et spirituelle ininterrompue, visible dans ses églises, monastères, khatchkars (croix de pierre) et manuscrits. Depuis la guerre de 2020 et l’offensive militaire de 2023, plus de 120 000 Arméniens ont été contraints à l’exil, et le patrimoine spirituel, culturel et architectural de l’Artsakh subit des actes répétés d’effacement et de profanation.

Dans ce contexte, l’Azerbaïdjan promeut désormais la fiction d’une prétendue « Église albanaise du Caucase », disparue depuis des siècles, à laquelle elle attribue des édifices arméniens millénaires. Cette théorie, rejetée par la communauté scientifique internationale, ne vise qu’à détacher le patrimoine arménien de ses racines légitimes.

Ce nouvel affront survient alors que, dans quelques jours, nous commémorerons le 110e anniversaire du génocide arménien, au cours duquel un million et demi de nos ancêtres ont péri pour leur foi et leur identité. En 2020 encore, plus de 5 000 soldats arméniens ont sacrifié leur vie au nom de cette même foi et de cet attachement indéfectible à leur terre et à leur héritage.

Face à ces réalités tragiques, il est inacceptable qu’au sein même du Vatican, un État puisse s’adonner à une instrumentalisation politique du dialogue interreligieux et universitaire. Le silence ou la complaisance face à de telles dérives porte atteinte aux principes mêmes de vérité, de justice et de paix auxquels les Églises chrétiennes sont attachées.

Le diocèse de l’Église apostolique arménienne de France se joint à la déclaration du Saint-Siège d’Etchmiadzine et appelle les responsables ecclésiaux, les institutions académiques et les acteurs du dialogue interreligieux à faire preuve de vigilance, à rejeter toute forme de révisionnisme et à défendre avec fermeté l’authenticité du patrimoine chrétien arménien.

La vérité historique ne peut être effacée. La foi ne peut être détournée. Et les témoins du Christ ne seront jamais réduits au silence.

Le diocèse de l’Église apostolique arménienne de France

Paris, le 15 avril 2025

Diocèse de l’Église apostolique arménienne de France / Ֆրանսայի Հայոց Թեմ