Mandat d’arrêt émis également à l’encontre de Mgr Mikaël Ajapahian, primat du diocèse de Chirak

Une trentaine d’agents masqués du SSN ont procédé à une intervention dans le siège du diocèse de Chirak

Après l’arrestation et la condamnation à deux mois d’emprisonnement de Mgr Bagrat Galstanian le 25 juin, dans la matinée du 27 juin, une trentaine d’agents masqués du Service de sécurité nationale (SSN) ont procédé à une perquisition au siège du diocèse de la région de Chirak, où ont été effectuées des investigations et des mesures d’enquête. L’accès au siège était verrouillé et un dispositif policier était déployé devant l’entrée.

L’un des prêtres locaux a déclaré au correspondant de la radio “Azatutyun” que le primat Mgr Mikaël Ajapahian ne se trouvait pas au siège. L’avocate Tamara Hayloyan, arrivée sur place, s’est vu interdire l’accès au bâtiment.

En effet, le 26 juin, le Parquet général d’Arménie avait annoncé l’engagement de poursuites pénales à l’encontre du primat du diocèse de Chirak, Mgr Mikaël Ajapahian, pour « appels publics visant à s’emparer du pouvoir par la force, à porter atteinte à l’intégrité territoriale, à renoncer à la souveraineté ou à renverser par la violence l’ordre constitutionnel », entraînant de ce fait la délivrance d’un mandat d’arrêt.

Mgr Mikaël se trouvait au Saint-Siège

Les cloches de Sainte-Etchmiadzine sonnent sans interruption…

Après l’intervention au siège du diocèse de Chirak, les agents masqués du SSN ont procédé à une incursion dans l’enceinte de Sainte-Etchmiadzine, en vue de procéder à l’arrestation du Mgr Mikaël Ajapahian.

Parallèlement, les forces de police et les unités spécialisées ont établi un périmètre de sécurité autour du complexe religieux.

Le SSN a sommé Mgr Mikaël de ne pas se soustraire aux autorités judiciaires et de se présenter aux agents l’attendant sur place.

Le primat a par la suite quitté le complexe en compagnie de Sa Sainteté Karékine II, déclarant : « Ils sont venus me chercher, je pars, je ne constitue pas une menace pour ce pays, la vraie menace siège au gouvernement. » Accompagné de Sa Sainteté, il s’est dirigé vers le véhicule des forces de l’ordre et a tenté d’y prendre place, mais l’intervention de la foule rassemblée l’en a empêché, contraignant le prélat à regagner le complexe avec Sa Sainteté.

Une atmosphère de forte tension régnait dans la cour du Saint-Siège, marquée par des heurts entre la population et les forces de l’ordre. Selon certaines sources, les agents auraient porté des coups à Mgr Ajapahian, entraînant une dégradation de son état de santé.

L’archevêque Nathan Hovhannisian, directeur du département des relations extérieures et de la liturgie du Saint-Siège de Sainte-Etchmiadzine, a déclaré à la presse : « S’accomplit aujourd’hui ce qui s’est accompli en 1915, lorsque les Ottomans ont tout simplement massacré le très révérend Mikaël Ajapahian. »

Il convient de noter que les cloches du Saint-Siège de Sainte-Etchmiadzine ont sonné de manière ininterrompue. Les autorités religieuses ont indiqué qu’il s’agissait d’un appel à l’aide.

Après plusieurs heures de tension, le SSN et les forces de police ont décidé d’évacuer le périmètre du Saint-Siège « pour des motifs sécuritaires et afin de prévenir une escalade potentielle et délibérée de la situation ».

« Le SSN poursuit l’exercice de ses prérogatives légales, garantissant le maintien de l’ordre public et de la sécurité. Les actes d’entrave aux opérations légitimes des forces de l’ordre feront l’objet d’une qualification juridique », précise le communiqué officiel du SSN.

Par ailleurs, le Comité d’enquête d’Arménie a publié le communiqué suivant :

« Le 27 juin, la décision a été prise de procéder à l’arrestation du prévenu Mikaël Ajapahian, actuellement en liberté, en vue de sa présentation devant le tribunal aux fins d’application de la détention provisoire.

Durant cette procédure, l’action légitime des organes judiciaires a été entravée par un groupe d’individus, motivant l’ouverture d’une procédure pénale pour entrave à la bonne administration de la justice. »

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Ces événements ont suscité des réactions critiques particulièrement vives et quasi unanimes de la part des milieux gouvernementaux, dont l’expression la plus emblématique reste la déclaration du président du groupe parlementaire « Contrat civil » à l’Assemblée nationale, Hayk Konjorian :

« Ktrij Nersissian (en référence au catholicos Karékine II) instrumentalise le Saint-Siège à des fins de combat politique et en fait un foyer d’activités subversives dirigées contre l’État. »