Le contenu de la communication téléphonique du Président Macron avec M. Pachinian est incompréhensible et inacceptable, et paraît à tous égards condamnable.
Cette prise de position à double volet ne peut s’inscrire dans la logique politique classique française pour les raisons suivantes :
A – Comment peut-on exprimer un soutien inconditionnel à une personnalité qui a volontairement livré l’Artsakh à l’ennemi, cédé 800 hectares de territoire national au même adversaire, et consciemment envoyé 5 000 jeunes vers la mort dans une stratégie de capitulation ?
Monsieur le Président, selon cette même logique, auriez-vous soutenu le maréchal Pétain ? Assurément non.
Par ailleurs, comment justifier votre appui à une personne qui a déclaré la guerre à l’Église arménienne et s’est exprimée dans les termes les plus indignes à l’encontre du Catholicos de tous les Arméniens ? Manifesteriez-vous un soutien identique face à de telles attaques contre le Pape ou contre l’Église catholique ? Certainement pas.
Concernant les prétendues atteintes à la démocratie que vous imputez explicitement à l’opposition, vos reproches devraient au contraire viser directement votre protégé. C’est lui, en effet, le principal responsable du piétinement démocratique en Arménie : violations illégales de l’espace du Saint-Siège, persécutions, arrestations et emprisonnements de religieux, de responsables politiques et d’activistes sous de fallacieux prétextes, pour la seule raison qu’ils s’opposent à sa personne et à son pouvoir.
Adopteriez-vous la même attitude envers vos propres opposants, Monsieur le Président ? Assurément non.
B – Vous évoquez la nécessité d’une paix avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, prônant l’ouverture des frontières. Mais de quelle paix s’agit-il quand seules des concessions unilatérales et continues sont consenties, quand Bakou persiste officiellement à considérer l’Arménie comme le prétendu “Azerbaïdjan occidental”, tandis qu’Ankara profère ouvertement ses menaces en déclarant que le génocide de 1915 n’a pas encore servi de leçon aux Arméniens ?
Monsieur le Président, si cette position procède de votre orientation anti-russe et plus généralement européenne – assimilant l’opposition à un courant pro-russe à l’instar des milieux dirigeants arméniens -, vous commettez une erreur d’analyse. L’inquiétude et la mobilisation actuelles au sein de la société arménienne ne relèvent que d’un seul clivage : le national face à l’anti-national.
En conséquence, Monsieur le Président, nous espérons qu’en votre qualité de Chef de l’État, vous respecterez le style diplomatique traditionnel français, caractérisé par l’équilibre et nourri par une longue expérience historique.
Comité Central de la FRA d’Europe Occidentale
Paris, le 30 juin 2025
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