Madame la Haute Représentante,
En ces temps troublés, l’Union Européenne, conformément à ses principes fondateurs, veut s’affirmer plus que jamais comme un rempart infrangible pour défendre la démocratie, la justice et l’État de droit.
Au nom de ces valeurs, le Cercle d’Amitié France–Artsakh tient à exprimer sa plus vive indignation à la suite de votre récente visite en Azerbaïdjan le 25 avril 2025, pays dirigé par une dictature héréditaire, l’une des plus répressives de la planète.
Ses crimes ne sont pas des moindres, censure de la presse, arrestations arbitraires, racisme d’État, poursuite de ses opposants jusqu’à les faire assassiner sur le territoire même de l’Union Européenne, corruption dans les plus hautes sphères du pouvoir à l’international, persécution de ses minorités, et surtout, une épuration ethnique, la première de notre siècle.
En septembre 2023, l’Azerbaïdjan a ainsi chassé de leurs terres ancestrales les 120 000 Arméniens qui vivaient encore en Artsakh (Haut-Karabagh), après un blocus total de plusieurs mois ayant causé une crise humanitaire dramatique et des atrocités comparables à celles perpétrées par les groupes terroristes les plus sanguinaires. Des hommes et des femmes démembrés, des vieillards battus à mort, quel gouvernement encourage de tels actes ?
Pendant que vous vous trouviez à Bakou, le pouvoir azerbaïdjanais poursuivait, en toute impunité, la destruction de villages, de monuments, de cimetières, afin d’effacer toute trace de la présence arménienne dans le Haut-Karabagh. Pendant que vous vous trouviez à Bakou, les prisonniers arméniens continuaient à être torturés dans leurs geôles, après des mascarades de procès.
Ce déplacement, sans un mot de condamnation contre ces actes, contraste douloureusement avec la fermeté affichée à l’égard d’autres pouvoirs autoritaires et interroge. Quelle crédibilité morale et stratégique l’Union européenne peut-elle désormais avoir sur la scène internationale ? Quelle crédibilité morale l’Union européenne peut-elle avoir face aux peuples qui la composent ?
Quelle légitimité accorder aux institutions européennes elles-mêmes quand sont ainsi balayées les nombreuses résolutions du Parlement Européen contre les agissements du régime d’Ilham Aliyev envers les Arméniens du Haut-Karabagh, les arrêtés de la Cour européenne des droits de l’Homme ?
N’est-ce pas l’intégrité même de l’Union Européenne qui se trouve menacée, lorsque vous affichez votre soutien à un pays qui a conduit des opérations majeures de déstabilisation en France, l’un de ses membres fondateurs ?
Votre fonction de Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, vous oblige à porter la voix des valeurs européennes. Votre silence à Bakou n’est pas seulement une grave trahison des principes européens – il est une forme de complicité passive des crimes commis par cette dictature.
Le Cercle d’Amitié France–Artsakh vous appelle solennellement à clarifier votre position et à condamner publiquement l’Azerbaïdjan, car la force de l’Europe repose sur l’universalité de ses principes, non sur leur application à géométrie variable.
Veuillez agréer, Madame la Haute Représentante, l’expression de notre très haute considération, mais aussi de notre profonde inquiétude.