PARIS – Le centenaire de l’épicerie Heratchian-frères

Au centre Karékine Heratchian et légèrement derrière lui, son jeune frère Haroutioun à la veille de la guerre, entourés par 2 employés

Le magasin de la rue Lamartine aujourd’hui

C’est devant une assistance nombreuse d’une centaine d’invités et d’amis qu’a été commémoré, le lundi 30 juin dans le salon d’honneur de la mairie du 9e arrondissement, le centenaire de la création en 1925 de la maison d’alimentation orientale Heratchian-frères, Mme Delphine Bürkli, maire de l’arrondissement ainsi que son adjoint Alexis Govciyan étaient parmi les invités de cette manifestation.

Après le mot de bienvenue de Mélétios Simiaut, organisateur de l’évènement, la parole est donnée à Hraïr Heratchian, fils du fondateur. Celui-ci a évoqué, avec fierté mais aussi une certaine émotion, le souvenir de son père Karékine Heratchian et de son grand-père Assadour, à l’origine de cette entreprise puis a poursuivi :« Karékine était né en 1905 à Van, en plein cœur de l’Arménie historique. Dès 1911, sentant venir l’orage, la famille émigre à Krasnodar en Russie où mon père effectue ses études, A l’automne 1915, après une résistance héroïque des Arméniens face aux troupes régulières turques et en l’absence du bouclier protecteur russe pourtant promis, toute la population arménienne de Van, soit 70.000 personnes, est obligée d’émigrer et de fuir vers le l’Arménie russe et la Russie.

Hraïr Heratchian (à droite) en compagnie de Delphine Bürkli et Alexis Govciyan (Crédit photo © Mairie du 9e)

Bientôt la famille de mon père se lance dans le commerce et ayant déménagé à Kichinev (capitale de la Moldavie), elle y crée un magasin de bonneterie. Mais en raison de la situation politique et économique particulièrement désastreuse, la famille est à nouveau obligée d’émigrer et Paris sera sa nouvelle destination. C’est là que mon grand-père et mon père créeront donc en 1925 la boutique d’alimentation Heratchian de produits orientaux. Lorsque le 1er janvier 1936 mon grand père Assadour décède subitement à 52 ans, mon père est obligé de faire appel à son jeune frère Haroutioun, alors âgé de 16 ans et élève au collège arménien de Sèvres pour le seconder. C’est ainsi, qu’au prix d’un dur labeur et après les difficiles années de la guerre, la boutique prend son essor dans les années 1950. De nombreux artistes dont la famille Aznavour, Guy Béart, Serge Gainsbourg, Sylvie Vartan et Johnny Halliday ou encore Nikos Aliagas seront les habitués des lieux.

En 1977, mon père souhaitant prendre sa retraite, il fait appel à M. Georges Kourounis et à son épouse Kalotina pour continuer à faire tourner la boutique. C’est ainsi que jusqu’aujourd’hui, Mme veuve Kourounis est à la tête de la maison Heratchian appelée désormais “ Au Lac de Van ” en souvenir et en hommage à la patrie perdue de la famille Heratchian ».

Poème dédié à la maison d’alimentation orientale Heratchian-frères 

Hraïr Heratchian a achevé son discours par des remerciements à M. et Mme Kourounis pour avoir réussi à garder l’âme et l’image de la boutique  jusqu’à ce jour mémorable de son centenaire ainsi qu’à Sézar, figure emblématique de la maison depuis plus de 50 ans.  Les présents ont ensuite été invités à déguster, au son d’un orchestre gréco-arménien, les mets arméniens et grecs préparés par l’équipe cuisine de la boutique tout en se rappelant les bons moments passés dans cette véritable institution de la communauté arménienne de Paris connue pour sa célèbre devise « Les clients Heratchian vivent plus longtemps ».Et Hraïr Heratchian d’ajouter : « Effectivement, ma mère, fidèle cliente de la Maison Heratchian a aujourd’hui 100 ans ! ».

C.I.

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Maison Heratchian Frères / Au Lac de Van
6 rue Lamartine 75009 Paris
Métro Cadet
Tél. 01 48 78 43 19