Dans l’attente d’une réponse du clergé

Le 4 juillet, le Saint-Siège d’Etchmiadzine avait convoqué les primats diocésains de la Diaspora et d’Arménie afin d’assurer leur soutien et leur solidarité aux deux hauts ecclésiastiques emprisonnés. Certains d’entre eux ont participé à la manifestation organisée pour la libération de Samuel Karapetian, déclaré bienfaiteur de l’Église. Cette assemblée exceptionnelle a publié un communiqué qui exprimait l’indignation de l’ensemble des prélats  du haut clergé vis-à-vis des détentions abusives de leurs collègues, et déclarant par la même occasion leur fidélité à Garéguine II, sans faire aucune allusion aux défis sécuritaires auxquels l’Arménie fait face ni à la responsabilité d’un ecclésiastique s’il enfreint cette obligation. Ce communiqué ne proposait même pas de porte de sortie pour réguler les relations Église-État, ni ne tenait compte de tous les problèmes qui sont à la racine de cette crise.

La seule réaction positive – si l’on peut la qualifier ainsi – est venue du Patriarche de Constantinople. Il a déclaré que la visite en Turquie du Premier ministre d’Arménie avait coïncidé avec sa propre visite aux États-Unis, c’est pourquoi il n’avait pas pu le recevoir et que, s’il s’était trouvé à Constantinople, il l’aurait naturellement reçu, bien que – selon ses propos – pour lui faire part, en face à face, de ses objections.

Cela dit, le Patriarche de Constantinople n’ose pas non plus affronter le problème fondamental concernant la violation de la règle du célibat par un ecclésiastique. Une question qu’aucun n’ose réfuter ? Si c’est une question interne à l’Église, très bien, que l’Église la résolve. Mais elle doit d’abord reconnaître la réalité des faits pour la résoudre. Des primats diocésains, évêques, archevêques de tous les coins du monde se sont rassemblés au Saint-Siège pour défendre Garéguine II, sans prononcer un mot à propos de la question concernant le comportement des ecclésiastiques.

Lors de la rencontre avec les représentants de la presse arménienne de Constantinople, le Patriarche de Constantinople, se référant à l’accusation de Pachinian concernant le non-respect du célibat par les ecclésiastiques apostoliques arméniens, a posé la question suivante : le Premier ministre n’était-il pas au courant de ces événements dans le passé ? Et pourquoi lors  de ses nombreuses rencontres avec Sa Sainteté n’avait-il pas réagi ? Toujours est-il que si le Premier ministre était au courant, mais n’avait pas élevé la voix à ce sujet, cela ne signifie pas qu’il n’y avait pas de problème au sein de l’Église. Et peut-être l’avait-t-il évoqué, mais secrètement. La cause principale du conflit actuel et de sa publicisation est claire : le soutien du Saint-Siège aux appels à un renversement armé du pouvoir. Et il est stupéfiant que la haute hiérarchie cléricale arménienne contourne ce problème principal, en avançant diverses justifications nationalistes-religieuses secondaires. Il y a naturellement la présomption d’innocence, il y a la rudesse du langage utilisé par le Premier ministre…, mais ces faits ne justifient pas l’évitement quant à la réponse à apporter à l’accusation principale concernant le comportement des ecclésiastiques.

Nous vivons dans un monde où l’espionnage, particulièrement par les services secrets étrangers, la collecte de matériel compromettant une personne ou un État, comme les enregistrements concernant la vie intime de certaines personnalités, mettent les services de sécurité du pays devant l’obligation de protéger les intérêts nationaux de l’État. À la question brûlante concernant le recueil des informations sur la vie privée des ecclésiastiques, le Premier ministre a répondu : « Je présente seulement un épisode du lien entre la vie personnelle et la situation opérationnelle : ces dernières années, plus de deux douzaines de cas ont été découverts, où les services spéciaux étrangers ont recruté des citoyens de la République d’Arménie en utilisant les vulnérabilités qu’ils avaient dans leur vie personnelle et intime. Dans de nombreux cas similaires, il y a des affaires pénales, une partie est examinée par les tribunaux, pour l’autre partie nous avons des verdicts d’accusation. Voici le lien entre la “vie privée” et la situation opérationnelle. »

J. Tch.