Arménie-Azerbaïdjan : vers un accord de paix historique ?

 

Tigrane Yegavian, enseignant à la Schiller International University et auteur de La Géopolitique de l’Arménie, apporte son éclairage sur la situation

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Après quatre années de négociations laborieuses, l’Arménie et l’Azerbaïdjan semblent enfin proches d’un accord de paix, rapporte France 24.

L’Azerbaïdjan voudrait pouvoir relier la province de Nakhitchevan à Bakou en passant par le corridor du Zanguezour. Mais il faudrait un pays tiers pour assurer le contrôle des opérations. 

Dans ce contexte, les États-Unis ont récemment surpris en proposant d’assurer le contrôle du corridor pendant 100 ans, signalant leur volonté croissante de s’impliquer dans une région longtemps considérée comme la chasse gardée de la Russie. 

Tigrane Yegavian, enseignant à la Schiller International University et auteur de La Géopolitique de l’Arménie, apporte son éclairage sur la situation.

Selon le chercheur, “l’Azerbaïdjan n’est pas intéressé par la paix et souhaite obtenir de concessions”. 

Il fait remarquer que “les Etats-Unis témoignent d’un intérêt de plus en plus croissant autour d’une région qui jusque-là était très marginalisée, alors qu’elle a une importance géostratégique extrêmement significative dans un contexte d’affaiblissement de l’Iran et de volonté de se débarrasser de la tutelle de la Russie”. 

Donald Trump verrait aussi dans cet accord une opportunité de renforcer sa politique de “paix par la force” dans l’espoir d’en tirer des bénéfices politiques, économiques, voire symboliques comme un prix Nobel, note le politologue. 

S’agissant de la Russie, il estime qu’elle adopte une stratégie impériale classique, selon laquelle un pays est soit un vassal, soit un ennemi. 

L’Arménie demeure aujourd’hui le maillon faible du Caucase, observe Tigrane Yegavian. Mais depuis quelques mois, les relations entre la Russie et l’Azerbaïdjan se sont fortement détériorées, “du fait aussi que l’Azerbaïdjan a moins besoin de la Russie qu’elle avait auparavant, puisque l’Azerbaïdjan est un allié extrêmement stratégique d’Israël”.

Tigrane Yegavian souligne que “les Américains veulent intégrer l’Azerbaïdjan dans sa stratégie des pactes d’Abraham, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il y ait un axe stratégique reliant Washington à Bakou par Tel-Aviv pour affaiblir l’Iran et par ricochet aussi la Russie”. 

Dans ce jeu d’alliances, ce sont les Américains et les Israéliens qui pourraient tirer profit de la recomposition régionale, pendant que la Russie perd en influence, fait remarquer le chercheur. Pour autant, Moscou conserve encore de puissants leviers, notamment en Arménie, dont la dépendance énergétique, alimentaire, militaire et surtout politique à la Russie reste importante.

Ainsi, un accord de paix immédiat semble peu probable, mais “ce qu’il faut souligner, c’est l’intérêt soudain et croissant des États-Unis pour une région qui était encore récemment marginalisée” sur la scène diplomatique internationale.

Source : France 24

Le 18 juillet 2025