Aéroport international de Zvartnots, un an depuis la dernière mission. Dans l’air tiède de la nuit arménienne, 14 élèves ingénieurs issus des Arts et Métiers et de l’ESTP Paris foulent le sol d’un pays qu’ils ne connaissent encore que de nom. Ils viennent pourtant y vivre une expérience qui, à coup sûr, changera leur regard sur le monde — et sur leur rôle d’ingénieur.
Cette aventure, c’est celle du stage humanitaire organisé pour la troisième année consécutive par l’Union de Bienfaisance et Educative Arménienne (UBEA). Du 16 juin au 25 juillet 2025, les étudiants ont pris part à une mission de rénovation dans le village de Kosh, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Erevan. Objectif : réhabiliter plusieurs salles de classe d’une école primaire, et installer un système de chauffage pour affronter les rigueurs de l’hiver.
Une immersion totale dans la réalité arménienne
Dès leur arrivée, les étudiants ont été accueillis par Varaztad et Alice, les coordinateurs du projet. Quelques heures de découverte culturelle à Erevan — musées, marchés, cuisine locale — leur ont suffi pour s’immerger dans la culture arménienne et d’appréhender le contexte d’une population résiliente, marquée par son histoire.
Puis direction Kosh. Dans ce petit village, les élèves ont été reçus avec une chaleur qui a fait tomber d’un coup la barrière de la langue. À l’école, les enfants avaient préparé danses et chants pour leur arrivée. Un déjeuner traditionnel, autour d’un khorovatz (barbecue arménien), a immédiatement donné le ton : ici, on est chez soi.
Un chantier aux multiples facettes
Pendant plus de cinq semaines, les étudiants se sont relayés sur le chantier pour mener à bien leur mission : pose de parquet, réfection des plafonds, peinture, plomberie, installation du chauffage, mise en place d’une aire de jeu… La tâche était ardue, le matériel parfois rudimentaire, mais la motivation, elle, ne manquait pas. “Il fallait tout apprendre sur le tas, mais c’est ça qui rend l’expérience précieuse”, raconte Astrid, étudiante à l’ESTP. “On comprend vraiment ce que ça veut dire de construire quelque chose pour les autres.”
Aux côtés des artisans locaux, ils ont découvert des méthodes différentes (construction de mobilier, de tables et de chaises), adapté leurs savoirs et surtout partagé leur énergie, repeindre des murs étant rapidement fatiguant. Certains soirs, après la journée de travail, ils organisent des activités sportives et artistiques pour les enfants. “C’est dans ces moments d’échange que le mot humanitaire prend tout son sens,” ajoute Nathan, élève aux Arts et Métiers.
Une expérience humaine avant tout
Au-delà du chantier, c’est une véritable aventure humaine qui s’est jouée. Entre les étudiants d’écoles différentes, des liens forts se sont noués. Avec les habitants de Kosh, les moments partagés ont souvent été simples mais intenses : repas en famille, célébrations locales, rires d’enfants, transmission des traditions.
Les week-ends étaient consacrés à la découverte du pays : lac Sévan, les montagnes tel qu’Aragats, les monastères perchés de Tatev ou bien Khor Virap, les villes de province… Tous sont revenus avec des images inoubliables en tête, et la sensation d’avoir vécu quelque chose d’unique. “L’hospitalité arménienne n’est pas une légende,” dit Eric. “On s’est sentis attendus, désirés, utiles. C’est bouleversant.”
Une initiative qui se pérennise
Ce projet s’inscrit dans une dynamique à long terme. L’UBEA souhaite non seulement renouveler l’expérience chaque année, mais aussi l’élargir à d’autres écoles, d’autres villages, et à terme contribuer à un véritable réseau de chantiers solidaires à travers le pays. Cette année encore, le projet a été entièrement autofinancé grâce à la générosité des élèves et des donateurs, permettant d’acheter les matériaux sur place et de rémunérer les artisans arméniens mobilisés.
La démarche est double : former des ingénieurs engagés et citoyens, tout en soutenant concrètement les communautés rurales arméniennes.
Merci aux soutiens
Sans le soutien précieux de nos partenaires, de nos donateurs, des écoles impliquées et des bénévoles, ce projet n’aurait jamais pu voir le jour. Grâce à vous, 3 salles de classes ainsi que le hall d’entrée et la cage d’escalier ont été entièrement rénovées. De nombreux enfants auront ainsi accès à ces salles de classe plus saines, plus sûres — et chauffées cet hiver.
Les témoignages des élèves sont unanimes : au-delà des compétences techniques, ils repartent avec un sens renouvelé de leur responsabilité sociale, de leur capacité à agir — même à petite échelle — pour changer les choses.
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