Asilva devant son œuvre
En 1983, un prêtre me contacta pour me demander si je pouvais réaliser une toile de la Vierge et l’Enfant Jésus pour son église. J’avais accepté avec enthousiasme.
Désireux de créer une œuvre contemporaine qui se distinguerait des iconographies religieuses traditionnelles, j’ai entrepris des recherches approfondies. Mon travail s’est orienté vers les calculs astronomiques du cosmos, me menant à concevoir une structure mathématique basée sur l’harmonie et les proportions du nombre d’or et des suites de Fibonacci. C’est sur cette base que j’ai commencé à peindre, en respectant scrupuleusement l’équilibre des formes et des couleurs dicté par ces proportions divines. La réalisation de la toile dura une année entière.
Une fois le tableau achevé, j’ai appelé le prêtre pour lui annoncer la bonne nouvelle. Il m’apprit alors qu’il avait été transféré et n’officiait plus dans cette paroisse. Le cœur lourd, j’ai emballé la toile et l’ai entreposée dans ma réserve personnelle.
Plus de quarante ans se sont écoulés. L’année dernière, le magazine Paros d’Istanbul m’a invitée pour une exposition personnelle dans une galerie de la ville. C’est à cette occasion que j’ai fait la connaissance de Monseigneur Vartan Kazandjian (alors encore « Administrateur patriarcal »), Archevêque des Arméniens catholiques de Turquie.
Au centre, Monseigneur Vartan Kazancıyan, entouré d’Asilva (à sa droite dans la photo) et de Mayda Saris, responsable du magazine PAROS (à sa gauche).
Nous avons longuement discuté. J’ai découvert un homme d’une grande intelligence, ouvert aux autres et au monde actuel. Je lui ai montré une photo de ma toile religieuse, qui lui a immédiatement plu. Il m’a alors proposé de l’accueillir au sein de la Cathédrale Sainte-Marie (Sourp Asdvadzadzine). Il m’a conduite à la cathédrale, où j’ai découvert un emplacement qui semblait, comme une évidence, attendre cette toile depuis toujours. J’ai alors décidé avec joie d’offrir l’œuvre à l’Église.
Ce jeudi 2 octobre 2025, une cérémonie a eu lieu. Au son des prières, la toile a été bénie. Elle a enfin trouvé sa demeure.
Mon souhait est le suivant : lorsqu’une personne contemple cette toile pendant un quart d’heure, l’information lumineuse pénètre son œil, atteint la rétine et, en traversant le nerf optique, est convertie en impulsion électrique. Via le phénomène extraordinaire des synapses, ce signal atteint le lobe occipital du cerveau, où l’image est finalement perçue.
Mon espoir est que l’harmonie visuelle, que j’ai consciemment intégrée à cette œuvre, puisse par ce processus imprégner le cerveau du spectateur. Je me plais à penser qu’une contemplation prolongée de cette harmonie pourrait apaiser et aider à se réorganiser les cellules cérébrales fatiguées ou perturbées.
C’est du moins mon souhait le plus cher.
ASILVA