Dans le cadre de la 110e commémoration du génocide des Arméniens, les responsables du Mémorial de la Shoah de Drancy avaient organisé, en partenariat avec l’association France – Musa Dagh, la Fédération des Combattants et Résistants franco-arméniens (FCRFA) et l’ONaCVG*, dans le cadre des « Rendez-vous de Drancy », début octobre, une conférence qui mettait en lumière un épisode méconnu : l’évacuation, en septembre 1915, de 4092 Arméniens du Musa Dagh, dont 650 combattants et 7 chefs, par la marine française. Ces combattants et chefs avaient formé le noyau de la future Légion d’Orient, créée le 15 novembre 1916. Le succès de cette très audacieuse opération, menée ensemble par Arméniens et Marins sur la plage du Ras el Mina, était le résultat de leur estime réciproque et de leur solidarité. La conférence a porté sur ces événements et leur prolongement historique.
Parmi les trois conférenciers, la première à prendre la parole fut Mme Claire Mouradian, directrice de recherche émérite au CNRS, CERCEC, associée au Centre de recherches historiques, qui a essentiellement parlé du contexte du génocide des Arméniens. Puis, M. Jean Cordelle, petit-fils d’un jeune officier de marine servant sur le Desaix, auteur de « L’épopée des Arméniens et des Marins », a pris la suite pour relater l’épopée du Musa Dagh dans le contexte du génocide. Enfin, M. Raphaël Vartanian, doctorant en histoire et enseignant, a clôturé la conférence en faisant le lien historique entre cette épopée et la création de la Légion d’Orient.
La conférence en elle-même a duré 60 minutes (20 minutes par orateur) et une heure a été consacrée aux questions du public.

En dehors du contexte du Génocide et de la bataille héroïque des habitants du Musa Dagh (Musadaghtsi) que les Arméniens connaissent bien, il nous a été beaucoup plus intéressant d’apprendre que la Légion d’Orient a été créée pendant la Première Guerre mondiale et a joué un rôle dans les luttes du début du XXe siècle, notamment liées aux aspirations des Arméniens à leur propre État et dans le contexte du démantèlement de l’Empire ottoman. La création de cette Légion fut décidée par le général Roques, ministre de la Guerre, et le général Lacaze, ministre de la Marine, pour donner suite à un accord entre la France et les représentants arméniens, notamment Boghos Nubar Pacha. Elle a été officiellement formée le 15 novembre 1916 par décision du gouvernement français et sur proposition de responsables comme Aristide Briand et François Georges-Picot. Le recrutement s’est fait par engagement volontaire, principalement auprès d’Arméniens et de Syriens originaires de l’Empire ottoman. La Légion d’Orient a représenté à la fois un acte militaire et une affirmation politique pour soutenir la présence française au Levant et pour défendre les populations opprimées.
Cette légion était principalement composée de réfugiés arméniens fuyant les persécutions de l’armée ottomane. Le but était de constituer un corps militaire soldé au service de la France pour combattre l’Empire ottoman, particulièrement en Cilicie, dans le cadre des intérêts français au Levant. La Légion d’Orient fut ensuite rebaptisée Légion arménienne en 1919.
Cette commémoration, tenue au Mémorial de la Shoah de Drancy dans le cadre des Rendez-Vous de Drancy, a rappelé à la fois la tragédie du génocide des Arméniens et l’importance du geste de solidarité qu’a constitué la formation de la Légion d’Orient. Elle a souligné l’engagement des volontaires arméniens qui, sous le nom affectueux de « gamavor » (le volontaire), ont servi avec courage et détermination au sein de cette unité militaire, contribuant ainsi à la lutte pour la liberté et la justice.
Schanth VOSGUERITCHIAN
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* Office National des Combattants et des Victimes de Guerre






