La Russie fustige la nouvelle accusation portée contre le maire d’opposition de Gyumri

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a sévèrement critiqué, le jeudi 30 octobre, les autorités judiciaires arméniennes pour avoir formulé une nouvelle accusation contre le maire d’opposition emprisonné de Gyumri, Vartan Ghukassian.

Cette accusation découle des appels du maire à des liens plus étroits entre l’Arménie et la Russie. Zakharova a également demandé pourquoi les forces de l’ordre arméniennes n’avaient poursuivi personne pour avoir prôné l’adhésion de l’Arménie à l’Union européenne (UE).

L’histoire de l’accusation

Le maire de Gyumri, Vartan Ghukassian, a été arrêté le 20 octobre pour corruption, une accusation qu’il rejette et attribue à des motivations politiques. Cependant, le week-end dernier, une nouvelle accusation a été portée contre lui en vertu d’un article prévoyant des appels au renversement violent de l’ordre constitutionnel ou à la violation de l’intégrité territoriale. Le fondement de cette nouvelle accusation est la déclaration de Ghukassian en septembre, selon laquelle l’Arménie devrait former une « union » avec la Russie, similaire à l’UE, tout en préservant son « État indépendant ».

Le Premier ministre Nikol Pachinian avait critiqué le 1er octobre la déclaration de Ghukassian, la qualifiant d’« atteinte à la souveraineté de l’Arménie » et avait promis de « jeter le maire hors de l’arène politique et publique ». Les avocats de Ghukassian affirment que cela seul prouve que la nouvelle accusation est également politiquement motivée.

La réaction ironique de Zakharova

Lors d’une conférence de presse à Moscou, Maria Zakharova a abordé l’accusation avec ironie : « Bien sûr, le travail du système judiciaire arménien est l’affaire intérieure du pays, mais il est impossible de ne pas s’étonner que quelqu’un ait réussi à trouver dans des déclarations sur les avantages de la coopération avec la Russie des appels à renoncer à la souveraineté du pays », a déclaré Zakharova avec un sourire ironique.

Elle a poursuivi : « Et cela semble particulièrement surprenant dans le contexte des nombreuses déclarations de personnalités publiques, de responsables et de dirigeants arméniens sur la nécessité de rejoindre l’Union européenne… Que pensent les autorités judiciaires [arméniennes] à ce sujet ? »

Zakharova a insisté sur le fait que « l’adhésion à l’Union européenne exige une limitation substantielle de la souveraineté [des États membres]… Mais pour une raison ou une autre, nous n’avons vu ni entendu parler d’aucune affaire pénale en Arménie fondée sur le soutien aux aspirations européennes ».

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a exprimé l’espoir que les autorités judiciaires arméniennes « éviteront les approches politisées ».

La nouvelle, rapportée par les médias russes, note que les relations entre l’Arménie et la Russie se sont tendues ces dernières années, alors que le gouvernement Pachinian tente de se réorienter vers l’Occident et de faire des concessions à l’Azerbaïdjan et à la Turquie.

Après l’arrestation de Ghukassian, Pachinian avait qualifié ses opposants politiques d’« agents d’un État étranger », faisant présumément référence à la Russie. Les dirigeants de l’opposition, quant à eux, affirment que Pachinian réprime la dissidence par crainte de perdre les élections législatives de juin 2026.

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