Avec ce numéro s’ouvre une ère nouvelle pour « Nor Haratch ». La société Norh Publications SARL, confrontée à des difficultés financières, a cédé le titre et cesse d’être l’éditeur de NH. En contrepartie, le Comité de secours pour la Croix-Rouge arménienne (CSCRA-ՀԱՅԿԽՕՄ), ayant acquis le titre, devient l’éditeur officiel du journal, comme cela avait été annoncé précédemment dans le numéro du 2 octobre de NH. Le changement est administratif, la ligne éditoriale reste la même : traiter des relations interétatiques France-Arménie et, dans un cadre plus large, de la politique caucasienne, des relations Europe-Asie, Orient-Occident, soutenir le renforcement de l’État arménien, témoigner de la vitalité culturelle et sociale de la communauté franco-arménienne. Jirair Jolakian devient le directeur de publication.
« Nor Haratch » a été fondé en 2009, afin de combler le vide créé par la cessation de la publication du journal historique « Haratch », dont on a fêté le centenaire de la création le 2 août dernier. NH a poursuivi la tradition d’indépendance journalistique de ce dernier. En passant sous le patronage de l’Union d’aide de la Croix-Rouge arménienne, « Nor Haratch » se rattache par un second lien solide aux racines de la communauté franco-arménienne contemporaine. Or, le CSCRA a été créée en 1920, en tant qu’association de loi 1901, dès les premières années de l’installation en France des réfugiés arméniens rescapés du génocide, pour apporter de l’aide aux volontaires arméniens ayant combattu lors de la Première Guerre mondiale. L’association a été fondée sous le patronage de l’Union des dames de l’Église apostolique arménienne de Paris. Elle a eu de nombreuses branches. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle a géré un dispensaire, puis un camp pour enfants en Normandie, et depuis 2009 elle est propriétaire de la péniche Anako. Le bureau du conseil d’administration est constitué de Dr Sarven Ozaltin, d’Aram Kérovpyan et de Jirair Jolakian.
Si les racines historiques de ces deux piliers, placent la rédaction du journal face à une responsabilité historique, néanmoins, éditer un média adapté aux temps modernes, et survivre, demeurent de grands défis. Comment faire face aux changements de mode de vie imposés par l’intelligence artificielle, l’innovation du monde numérique, et comment rivaliser avec les nouveaux moyens de diffusion de l’information créés sur les réseaux sociaux ? Quelles sont les alternatives pour les médias traditionnels, les nouvelles sources de revenus, les nouvelles solutions ?
Un chemin difficile pour « Nor Haratch », dont les ressources matérielles sont limitées, car ses revenus dépendent principalement de ses lecteurs de presse écrite. Or les lecteurs de la presse écrite diminuent progressivement, parallèlement au développement du monde numérique. Heureusement, nous avons aussi eu des mécènes qui ont comblé les lacunes. Cependant, avec l’indépendance de l’Arménie, de nouvelles inconnues sont apparues dans la vie diasporique arménienne, notamment la question de l’Artsakh, la défaite de l’Arménie en 2020, l’agenda de paix, qui ont divisé de manière aiguë la société arménienne en camps opposés. Cette division n’a pas été sans influencer nos lecteurs, dont certains se sont éloignés en raison de la ligne éditoriale soutenant l’agenda de paix poursuivi par les gouvernements arménien et français. Cette situation pousse notre rédaction à trouver de nouvelles sources de revenus stables et, à défaut, lance un appel à la communauté pour soutenir davantage le journal afin qu’il puisse accomplir sa mission.
« Nor Haratch » a également une particularité linguistique : il est le seul à paraître en arménien occidental, reconnu comme langue de France non territoriale par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, ce qui en fait l’un des rares journaux indépendants de la diaspora arménienne en langue arménienne. Il a aussi son supplément hebdomadaire en français, qui enrichit l’information traitant des questions arméniennes en français, laquelle reste très limitée comparée à l’anglais.
Ainsi, nous lançons un appel à nos lecteurs et sympathisants pour soutenir davantage la presse bilingue de la diaspora arménienne, afin qu’elle puisse accomplir sa mission avec détermination.
J. Tch. ■