Fidan : « La Turquie ne veut pas retirer à l’Arménie sa plus grande motivation pour signer l’accord de paix avec l’Azerbaïdjan » 

Le ministre turc des Affaires étrangères, malgré les accords de Washington, parle sans aucun complexe de la revendication territoriale de l’Azerbaïdjan

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré lors de son discours au parlement de son pays qu’il est important pour l’Arménie de normaliser ses relations avec la Turquie. Selon lui, si la Turquie le fait maintenant, elle retirera à l’Arménie sa plus grande motivation pour signer l’accord de paix avec l’Azerbaïdjan. Il a ajouté que le dialogue avec l’Arménie se poursuit à différents niveaux. « L’Arménie affiche une position ouverte sur la question de la normalisation des relations avec notre pays, et nous faisons avancer sincèrement notre travail conjoint », a déclaré Fidan. 

Mais, dans son discours, Fidan a également évoqué la question du « Corridor de Zanguezur », en soulignant son importance, et il n’a pas manqué de déclarer que ce corridor se trouve en Arménie, mais que l’Azerbaïdjan le réclame.

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« NH » – Il est intéressant – pour ne pas dire révoltant ou inquiétant – que malgré les accords de Washington, où sont entérinés, entre autres, les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des deux parties, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le ministre turc des Affaires étrangères ose dire une telle chose. En effet, quoi de plus contradictoire avec l’intégrité territoriale qu’une revendication territoriale ou sa mention ? Et nous passons encore sous silence le nom étranger donné à cette terre réclamée, le « Corridor de Zanguezur », que les hauts responsables de l’Azerbaïdjan et de la Turquie s’obstinent à utiliser.

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Pachinian répond à Fidan : « En Arménie, il y a le « Carrefour de la paix » et le TRIPP » 

Le Premier ministre Pachinian a répondu à la déclaration du ministre turc des Affaires étrangères, soulignant que seule l’Arménie est compétente pour décider des noms des infrastructures situées sur son territoire, visiblement évitant d’entrer dans une polémique sur la déclaration du ministre turc concernant la « revendication de l’Azerbaïdjan ». « En Arménie, il y a le « Carrefour de la paix » et il y a le projet TRIPP, aucune autre terminologie ne concerne la République d’Arménie », a déclaré le Premier ministre. 

Rappelons que la déclaration signée le 8 août à Washington définit le programme « Trump Road for International Peace and Prosperity » (TRIPP – Route Trump pour la paix et la prospérité internationales). Le Premier ministre a noté que ce programme est une partie intégrante du « Carrefour de la paix ».

Mirzoyan : « La normalisation avec la Turquie peut avoir un impact positif » 

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a également réagi aux propos de Fidan. Il a noté que l’établissement de relations diplomatiques avec la Turquie et l’ouverture de la frontière sont vraiment importants pour l’Arménie, tout comme la paix avec l’Azerbaïdjan l’est. 

Concernant la question de la normalisation des relations Arménie-Turquie, avec une approche diamétralement opposée à la logique de Fidan, le ministre arménien des Affaires étrangères a déclaré : « Si nous essayons absolument de voir un lien de cause à effet entre eux, il se pourrait bien que la normalisation complète des relations avec la Turquie puisse non pas affecter négativement, mais tout au contraire, positivement le processus de normalisation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ». Quant au déblocage des routes, Mirzoyan a rappelé les principes approuvés à Washington : intégrité territoriale, inviolabilité des frontières, souveraineté, juridiction et réciprocité.

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