Déclaration des évêques signataires de la demande de démission du Catholicos Karékine II

Le défi de la repentance et de la purification est essentiel pour surmonter la crise spirituelle et se libérer du péché

Comme on le sait, le 27 novembre dernier, un groupe d’évêques de l’Église apostolique arménienne a réclamé, dans une déclaration signée, l’exclusion d’Arshak Khatchatrian et de Ktritch Nersissian de l’Église. Ce même jour, ils se sont également entretenus avec le Premier ministre, Nikol Pachinian.

Ces évêques ont diffusé une nouvelle déclaration dans laquelle il est indiqué :

 

Chers frères et sœurs en Christ,

En ces temps difficiles et de grand tumulte, l’Église, en tant que communauté de croyants, traverse une période d’intenses perturbations.

Les questions, les préoccupations et les problèmes insurmontables qui se sont accumulés au fil du temps, notre faiblesse à ne pas nous écouter les uns les autres, les jugements iniques, l’annihilation de toute expression de la justice par la force et l’arrogance, les insultes et autres blessures tues se sont soudain rouvertes.

Il semble que désormais chacun travaille à dénoncer les fautes des autres. L’un accuse l’autre, un troisième accuse un quatrième…

Le tumulte de nos cœurs éclate plus fort que toutes nos prières. La glorification arrogante et cynique du péché par certains cherche à étouffer l’appel inexorable à une purification inévitable.

Cependant, au-delà de ce tumulte, il existe une réelle opportunité de guérison plutôt que de destruction, un besoin vital non pas de division, mais d’unité grâce à l’amour du Christ.

L’Église est le corps du Christ, la communauté des croyants, conduite par l’Esprit Saint. Notre société souffre aujourd’hui car certains de ses membres sont malades et affaiblis.

C’est dans cette faiblesse que nous nous souvenons que Dieu ne sauve pas les parfaits, mais ceux qui ont l’humilité de reconnaître leurs péchés, de ne pas cacher leurs blessures et de demander la guérison au Seigneur qui est infiniment miséricordieux.

Le temps n’est pas au désespoir et l’acceptation du péché. Le temps est venu de se connaître soi-même, de s’examiner, de se repentir, de pardonner et de confesser ses fautes, afin de nous reconnaitre les uns les autres comme des frères et sœurs à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Certes, nul n’est saint, si ce n’est le Père céleste, cependant l’appel à la sainteté s’adresse à chacun d’entre nous, sans distinction.

Nous ne serons pas purifiés si nous persistons à dissimuler, à justifier et à magnifier le péché, en particulier les vices qui sont totalement inacceptables et condamnables tant du point de vue des Saintes Écritures que des canons de l’Église.

Nous serons purifiés si nous rejetons le péché dans toutes ses expressions !

Parfois, notre indifférence face au péché peut nous conduire à des péchés plus graves, surtout lorsque nous avons la responsabilité de guider et d’accompagner les autres.

La véritable repentance n’exige pas de révéler les péchés cachés des autres, mais plutôt d’ouvrir son propre cœur à Dieu : « Il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé », dit le Christ dans les Évangiles (Saint Luc 12, 2 – Saint Matthieu 10, 26).

Que la violente épreuve que nous traversons en ce moment ne nous fasse pas hésiter ! Les manifestations d’hostilité dont nous sommes victimes ne doivent pas nous arrêter dans notre processus de résilience, mais au contraire augmenter l’étendue et le niveau de responsabilité de chacun d’entre nous.

Et si nous devons traverser des épreuves, alors qu’elles soient pour chacun de nous un feu de purification, et non de destruction.

C’est pourquoi nous vous appelons tous : religieux, laïcs, majorité et opposition, croyants ou déçus de l’Église, à cesser de voir en l’autre un ennemi.

Commencez à bâtir en vous la paix que vous souhaitez voir dans toute l’Église, en rejetant le péché, mais en même temps en restant engagés dans la responsabilité de conduire nos frères et sœurs dans la bonne direction.

Il faut panser cette plaie béante, telle est la mission et la vocation de tout pasteur !

Que le Seigneur nous fasse pitié, nous qui sommes pécheurs, et non justes. Qu’il guérisse nos blessures, qu’avec un esprit nouveau et un cœur purifié, il préserve l’unité de notre Sainte Église, telle une famille spirituelle.

La lumière accomplit sa mission lorsqu’elle brille dans les ténèbres, et que les ténèbres disparaissent.

Le 28 novembre 2025

Éditorial