Le 29 novembre, un groupe d’évêques a exhorté le Catholicos de tous les Arméniens, Karékine II, à se retirer volontairement, à travers un nouvel appel au contenu très sévère, que nous présentons ci-dessous :
« Chers frères en Christ, chers fils du peuple arménien,
Nous sommes très peinés par l’atmosphère malsaine qui règne ces derniers mois au sein de notre Église et autour d’elle, et qui tourmente nos âmes à tous. Tout cela n’aurait peut-être pas eu lieu si l’élection patriarcale de 1999 avait été juste et sans intimidations.
La crise, qui s’est aggravée ces derniers mois tant à l’intérieur de l’Église que dans les relations Église-État, conséquence de la mauvaise gestion de l’Église arménienne, a créé une situation extrêmement dangereuse en Arménie et dans la Diaspora, perturbant la paix, la foi et l’unité de notre peuple.
Les défroquements injustifiés et anticanoniques de nombreux ecclésiastiques dévoués ont souvent eu lieu de manière injuste, exclusivement par des décisions arbitraires ou sous la contrainte du Catholicos.
Souvent, des médiocrités, des personnes au comportement moral douteux, des indignes et des exécutants ont reçu de manière préférentielle des grades ecclésiastiques et ont été appelés à des fonctions.
En raison de la gestion erronée et arbitraire du Catholicos, de ses ordres, nominations, punitions injustes, ingérences indues et défroquements, nos diocèses de la Diaspora ainsi que des pastorales et vicariats distincts sont souvent bouleversés, étant parfois contraints de rompre les liens avec le Saint-Siège.
Les accusations parfois graves portées périodiquement contre le Catholicos par divers médias et depuis différentes tribunes sont ignorées par le Catholicos ou les structures compétentes du Saint-Siège, ne sont ni commentées ni démenties, laissant ainsi planer le doute sur leur véracité.
L’implication d’ecclésiastiques dans les processus de politique intérieure avec la bénédiction et la permission du Catholicos de tous les Arméniens, les appels et déclarations politiques émis par des ecclésiastiques, la participation et l’organisation de rassemblements politiques sont inacceptables, condamnables et ne conviennent pas à l’esprit et aux canons de notre Église ; cela contredit la mission de notre Église de préserver l’unité du peuple.
Les échecs durables et intentionnels de la création d’une Constitution de l’Église et, finalement, l’arrêt définitif de ces travaux ont permis au Catholicos, au cours des vingt-six dernières années, de gouverner l’Église parfois selon ses propres conceptions, de manière arbitraire.
L’Assemblée des évêques, l’Assemblée Ecclésiastique Nationale ou l’Assemblée Représentative de l’Église arménienne, qui devaient être convoquées chaque année ou tous les deux ans pour examiner et trouver des solutions concernant la mission, la gestion, les activités financières et économiques de l’Église apostolique arménienne, ainsi que les questions d’importance nationale, n’ont délibérément pas été tenues selon la périodicité prévue.
Des inquiétudes, des critiques et des accusations concernant la conduite et les activités du Catholicos sont exprimées à maintes reprises par des organes étatiques et des hommes d’État de la République d’Arménie, lesquelles restent sans réponse. En la personne du Catholicos et de certains ecclésiastiques collaborant avec lui, aucun dommage ni danger ne doit et ne peut menacer la Patrie et l’État arménien de la part de l’Église apostolique arménienne.
La liste de ces violations, erreurs, omissions et manquements est loin d’être exhaustive.
La conduite actuelle du Saint-Siège et du Catholicos de tous les Arméniens est anticanonique, dangereuse, nuisible et désastreuse, et ne peut plus continuer. Nous nous adressons aux Saints Patriarches de Jérusalem et de Constantinople, à la classe des évêques de l’Église arménienne, au clergé, aux organes étatiques et aux hommes d’État de la Patrie, à notre peuple croyant :
Saints Patriarches, en tant que titulaires de haut rang de notre Église et présidents des assemblées, prenez la tête ou du moins lancez un appel, unissez-vous et contribuez à trouver une issue rapide à la situation créée.
Chers évêques, frères spirituels, nous sommes convaincus que beaucoup d’entre vous partagent cette inquiétude. Si vous souhaitez voir notre Sainte Église apostolique arménienne revenir au plus vite à sa mission agréable à Dieu et dévouée au peuple, contactez sans tarder les membres de la Commission, exprimez votre position et votre attitude.
Nous, un groupe d’évêques, tout en étant conscients de notre part de culpabilité dans la situation créée, avons pour but, par cette initiative, de commencer le redressement de l’Église arménienne, afin que notre Sainte Église puisse désormais accomplir sa mission irremplaçable dans la vie de notre peuple, telle que prédestinée par notre Seigneur Jésus-Christ, contribuer en cette période dangereuse au renforcement de l’État national, afin que le Catholicos de tous les Arméniens soit le Catholicos de tous les Arméniens, indépendamment de leurs opinions politiques et religieuses, afin que notre Église Mère agisse véritablement comme une Mère et rassemble les enfants de notre nation qui cherchent la foi et tâtonnent dans diverses structures religieuses. Il est nécessaire d’élaborer et de faire adopter par la toute première Assemblée ecclésiastique nationale une Constitution de l’Église apostolique arménienne, afin que désormais l’autorité, la marche, la canonicité et la réalisation de la Sainte Mission de notre Église ne soient plus conditionnées uniquement par les capacités spirituelles et intellectuelles et les qualités des Catholicos et des Primats.
Notre démarche désintéressée pour l’unité et la prospérité de notre cher peuple, le renforcement, la sécurité et la pérennité de notre Patrie et de notre État, la réalisation de la mission agréable à Dieu de notre Église Mère, est injustement critiquée par certains de nos frères spirituels, certains journalistes ignorant la situation, ainsi que par des personnalités politiques et publiques. Nous appelons à juger sobrement et à être réalistes, car nous sommes face au danger d’une décrédibilisation totale de l’Église, d’une scission et d’un morcellement religieux de notre peuple.
Nous attendons que le Catholicos Karékine II, par amour pour notre Église et notre peuple, évalue sobrement la situation créée, n’entraîne pas notre nation et notre Église dans des secousses inutiles, se retire volontairement, permettant ainsi l’organisation de nouvelles élections. Et que le Dieu omniscient et tout-puissant nous guide. Amen.
29 novembre 2025 »