La Loi, toute la Loi et la Loi seule …

 

Par Vahram Atanessian

1in.am / Erevan, le 1er décembre

La question essentielle qui se pose lorsque l’on se penche sur la situation de l’Église apostolique arménienne est la suivante : a-t-elle, en tant qu’institution, le droit de s’engager en politique ? 

Les partisans de la position du Saint-Siège répondent par l’affirmative et invoquent l’article 18 de la « loi sur la liberté de conscience et les organisations religieuses », adoptée en 1991 qui précise que « l’État réserve le droit aux membres des organisations religieuses et au clergé de participer à la vie publique et politique ».

Premièrement, cette loi n’est plus en vigueur en ce qui concerne le paragraphe sur l’Église apostolique arménienne depuis la réforme constitutionnelle de 2005 qui reconnaissait « la mission exclusive de l’Église apostolique arménienne ». De plus, le Président de la République d’Arménie, Robert Kotcharian, a signé le 17 mars 2007 une nouvelle loi régissant les relations entre l’Église et l’État.

Quant à la « loi sur la liberté de conscience et les organisations religieuses », son article 17 indique sans équivoque que « l’État interdit à l’Église de participer à la gouvernance de l’État et n’attribue aucune fonction étatique aux organisations religieuses ». Cette disposition juridique interdit de fait à l’Église de s’engager dans des activités politiques. 

Or, il est évident que toute activité politique vise à s’emparer des leviers de la gouvernance étatique du pays, ou du moins à y participer. Et si l’État interdit à l’Église de participer à la gouvernance de l’État, il en résulte clairement que cela constitue également une interdiction de s’engager en politique.

Ainsi, conformément à la Constitution et aux lois en vigueur de la République d’Arménie, l’Église apostolique arménienne n’a pas le droit de s’engager en politique, de mener des activités politiques ou de poursuivre des objectifs politiques.

La « Loi sur la liberté de conscience et les organisations religieuses », lui permet, à titre tout à fait exceptionnel, à la différence des autres organisations religieuses du pays, de diffuser librement son enseignement, de rétablir – ou d’instaurer- des diocèses, de construire des églises, de s’engager dans des œuvres caritatives et de favoriser le renouveau spirituel du peuple arménien.

Ceci constitue le cadre légal des activités de l’Église : la Constitution reconnaît « le rôle particulier/ singulier » de l’Église apostolique arménienne, non pas en matière de préservation de l’État, mais uniquement en matière de préservation et de contribution au développement du patrimoine spirituel et culturel du peuple arménien.

Éditorial