Les évêques ont remis une lettre exigeant la démission du Catholicos 

 

Le Catholicos a exhorté au retour dans le champ canonique

Le 18 décembre, une situation tendue régnait au Saint-Siège d’Etchmiadzine, où, répondant à l’appel lancé la veille par une nouvelle déclaration d’évêques s’opposant au Catholicos, des citoyens s’étaient rassemblés pour exiger la démission de Karékine II, Catholicos de tous les Arméniens, tandis que d’autres s’étaient précipités pour sa défense. 

Dès l’après-midi, d’importantes forces de police étaient concentrées dans le périmètre du Saint-Siège. Le chef de la police, Aram Ghazarian, a indiqué qu’elles étaient présentes pour intervenir en cas de nécessité. Le cordon de police séparait les deux groupes antagonistes : ceux exigeant la démission du Catholicos, qui criaient « Profanateur, dégage ! », et les partisans du Patriarche suprême, qui scandaient « Vehapar ! » (Sa Sainteté). 

Des personnalités politiques étaient également présentes au rassemblement. Le chef de l’initiative « Ailes de l’Unité », Arman Tatoyan, et l’homme d’affaires Narek Karapetian — qui avaient pris place dans les rangs des partisans de Karékine II — ont exprimé l’opinion selon laquelle le Premier ministre Nikol Pachinian serait derrière cette démarche des évêques, dans le but de placer l’Église sous contrôle. 

À 17 h 25, la procession menée par le Catholicos Karékine II s’est dirigée du Véharan (résidence pontificale) vers la Cathédrale. Dans un premier temps, les évêques réclamant la démission n’étaient pas visibles parmi les participants à la cérémonie. Le prêtre défroqué Stepan Asatrian était sur place et a déclaré aux journalistes qu’ils étaient venus « libérer l’Église ». Une demi-heure après le début de l’office, les 10 évêques à l’initiative du rassemblement sont sortis devant les fidèles. L’archevêque Vazguèn Mirzakhanian, primat du diocèse des pays Baltes, a annoncé qu’ils avaient remis au secrétariat une lettre exigeant la démission du Patriarche suprême. « Notre mission est terminée pour le moment », a-t-il déclaré. Durant son discours, beaucoup de fidèles ont sifflé, et certains ont crié « Judas ».

La réponse du Patriarche Suprême 

Dans son allocution, le Catholicos Karékine II a évoqué la situation, notant que les problèmes se résolvent selon l’ordre canonique, et a exhorté les ecclésiastiques à revenir dans le champ canonique. « Nous vivons aujourd’hui des jours alarmants… Une nouvelle atteinte envers le Saint-Siège d’Etchmiadzine a été perpétrée ce jour, malheureusement aussi par l’entremise de certains de nos ecclésiastiques », a déclaré le Catholicos, ajoutant que le tumulte soulevé ne saurait perturber la mission de l’Église.

Incidents 

La journée a été marquée par des incidents liés aux problèmes de santé. Le père Vrtanes, prêtre de l’église Saint-Jean de Byurakan, a été victime d’une crise cardiaque et a été transporté à l’hôpital. Selon l’archimandrite suprême Zakaria Baghumian, ses jours ne sont pas en danger. Un journaliste a également fait un malaise. Les journalistes ont par ailleurs alerté sur le fait que des individus en civil tentaient d’intervenir brutalement dans la situation. 

Aussi regrettables que soient les incidents susmentionnés, on ne peut s’empêcher de pousser un soupir de soulagement en constatant que cette journée, qui contenait tous les ingrédients pour devenir extrêmement préoccupante pour un très grand nombre de personnes, s’est terminée ainsi.

Réactions officielles : Ministère, Saint-Siège et Premier ministre 

Le ministère de l’Intérieur a publié une déclaration le matin même (18 déc.), notant qu’après l’annonce du diocèse d’Aragatsotn déplaçant l’office commun prévu à 19 h en l’église Saint-Jean de Byurakan au Saint-Siège d’Etchmiadzine à 17 h, des publications provocatrices et aggravant la tension étaient apparues sur les réseaux sociaux et les plateformes publiques. Le ministère a exhorté à s’abstenir de toute action illégale et provocatrice, à respecter les droits d’autrui, à ne pas céder aux provocations et à obéir aux injonctions légitimes des forces de l’ordre. 

Le Saint-Siège a exprimé sa profonde inquiétude en raison de la déclaration des évêques, appelant à la vigilance les « Saints Pères ayant pris l’initiative de ce rassemblement périlleux ». 

Le Premier ministre Nikol Pachinian a également abordé ce rassemblement le même jour lors d’un bref échange avec les journalistes, déclarant exclure la probabilité d’affrontements. « J’exclus toute possibilité d’affrontements, car les forces de l’ordre d’Arménie disposent de tous les outils et capacités pour neutraliser, selon l’ordre établi par la loi, les personnes affichant un comportement provocateur », a-t-il noté. Pachinian a affirmé qu’il ne dirigeait pas, mais soutenait et saluait les actions des dix évêques exigeant la démission du Catholicos de tous les Arméniens.

Éditorial