L’assemblée du Conseil Spirituel Suprême a abordé les « répressions contre le Saint-Siège et la conduite déviante des 10 évêques »

Le 18 décembre, sous la présidence de Sa Sainteté Karékine II, Catholicos de tous les Arméniens, une réunion des membres d’Arménie du Conseil Spirituel Suprême (CSS) s’est tenue au Saint-Siège d’Etchmiadzine.

« L’assemblée a abordé les répressions exercées contre le Saint-Siège d’Etchmiadzine, la conduite déviante des dix évêques et ses conséquences sources de division, ainsi que les voies pour surmonter la situation régnant autour de l’Église.

Les persécutions illégales et les procédures pénales menées contre des membres du clergé et des fidèles de l’Église ont fait l’objet de discussions. Le Conseil Spirituel Suprême a réitéré sa demande aux organes judiciaires et d’application de la loi de la République d’Arménie de garantir la justice et la légalité pour les membres du clergé emprisonnés sur la base d’accusations fabriquées, pour le bienfaiteur national et d’autres fils dévoués de la nation. Il a été souligné que le Saint-Siège doit, par tous les moyens légaux disponibles, veiller à la protection des droits de l’Église et des ecclésiastiques, ainsi qu’à la restitution des lieux saints usurpés appartenant à l’Église », indique le communiqué du système d’information du Saint-Siège.

« Le Conseil Spirituel Suprême a jugé condamnables les ingérences des autorités, et personnellement du Premier ministre, dans la vie interne de l’Église arménienne et dans les dispositions canoniques, ce qui contredit la Loi fondamentale de la patrie, offense les sentiments religieux de notre peuple et viole les droits et les traditions séculaires de l’Église arménienne.

La question de l’omission sous la contrainte des noms du Catholicos de tous les Arméniens et des primats diocésains lors des liturgies célébrées en présence du Premier ministre a été particulièrement examinée. Il a été souligné que ce phénomène avait été unanimement condamné lors de l’assemblée des évêques du 26 novembre comme étant anti-canonique d’un point de vue ecclésiologique et pouvant conduire à un schisme. Les membres du CSS ont jugé consternant que certains évêques ayant soutenu la décision de l’assemblée aient par la suite participé aux cérémonies dévoyées organisées à l’initiative du pouvoir », précise le communiqué.

« Évoquant la conduite déviante des dix évêques, leur auto-isolement de la congrégation et l’absence des évêques membres du CSS aux réunions, le CSS a exprimé son inquiétude quant à la posture clivante adoptée par ces derniers, la considérant comme une violation de leur vœu spirituel et un coup porté à l’unité de l’Église.

Le Conseil Spirituel Suprême a également jugé inacceptables les accusations infondées formulées par les évêques et la manière de les soulever, soulignant l’importance pour eux d’abandonner les agendas imposés et anti-canoniques, et de revenir dans le giron de l’Église Mère, en se guidant exclusivement par les procédures canoniques ecclésiastiques », rapporte le système d’information du Saint-Siège.

Le Conseil Spirituel Suprême a jugé urgente la convocation d’un Synode des évêques dans un avenir proche. Des instructions appropriées ont été données à cet égard, note le communiqué.

Une proposition a été présentée lors de la réunion pour prendre des mesures adéquates en matière de coopération avec les organisations internationales et les structures de défense des droits de l’homme afin de « stopper les perceptions erronées propagées par la machine de propagande d’État concernant la situation actuelle autour de l’Église ».

« Évoquant les troubles provoqués avant la réunion, lors de l’Office du soir, en raison du rassemblement organisé par les évêques dans l’enceinte de la Cathédrale, le Conseil Spirituel Suprême a condamné les actions illégales qui ont perturbé l’atmosphère spirituelle du monastère. Les membres de l’assemblée ont exprimé leur reconnaissance au peuple croyant pour sa vigilance, son dévouement à l’Église et sa fidélité manifestés malgré les désordres organisés », indique le communiqué.

Il a également été rapporté le 18 décembre que le Catholicos de tous les Arméniens a modifié la composition du Conseil Spirituel Suprême, ce qui a suscité le mécontentement des 10 évêques réclamant la démission de Karékine II, qui ont considéré ladite réunion du CSS comme nulle et non avenue (voir leur communiqué ci-dessous).

Modifications de la composition du Conseil Spirituel Suprême par le Catholicos

Comme mentionné plus haut, le Catholicos Karékine II a procédé à des changements au sein du Conseil Spirituel Suprême. Le Saint-Siège a déclaré à ce sujet :

« Des changements ont eu lieu dans la composition du CSS en raison de la modification du statut de primat des membres ecclésiastiques, lorsque les nouveaux primats diocésains ont remplacé de plein droit leurs prédécesseurs, comme dans le cas du diocèse arménien de l’Est des États-Unis, du diocèse de France, du diocèse d’Artsakh, ainsi que du diocèse de Géorgie », indique le communiqué du Saint-Siège.

Selon Etchmiadzine, des changements ont également eu lieu en tenant compte des absences fréquentes de certains membres, de problèmes de santé et du fait que des ecclésiastiques de haut rang membres du CSS sont emprisonnés.

L’élection des 21 membres du Conseil Spirituel Suprême se fait par région géographique : 2 laïcs d’Arménie, 2 de l’hémisphère oriental et 1 de l’hémisphère occidental. Sur les 21 membres, deux — le vicaire patriarcal du diocèse d’Ararat et le chancelier du Saint-Siège — sont membres d’office. Sur les 19 restants, 12 sont élus et 7 sont nommés par le Catholicos de tous les Arméniens.

Pour les membres ecclésiastiques éligibles, le quota est fixé à 2 personnes d’Arménie et 5 de la Diaspora. Ainsi, les membres du CSS sont inclus selon les régions géographiques et l’importance des diocèses.

« La réunion du Conseil Spirituel Suprême convoquée par le Catholicos est nulle et non avenue »

En réponse à ces changements, les évêques et archevêques réclamant la démission du Catholicos ont publié la déclaration suivante :

« Le 15 décembre de l’année en cours, le Catholicos de tous les Arméniens Karékine II a informé un certain nombre de membres du Conseil Spirituel Suprême qu’il avait mis fin, par disposition patriarcale, à leurs pouvoirs au sein du Conseil Spirituel Suprême (ci-après CSS), sans en préciser les fondements ni les raisons.

Une partie des évêques a été élue membre du CSS pour un mandat de quatre ans par l’Assemblée Ecclésiastique Représentative (ci-après AER) réunie au Saint-Siège du 6 au 8 juin 2017.

Selon le règlement susmentionné, l’AER doit être convoquée tous les deux ans et, conformément au règlement du CSS, en cas de cessation des pouvoirs d’un membre ayant accompli quatre années, de nouvelles élections des membres du CSS doivent avoir lieu.

Dans les limites des pouvoirs du Catholicos de tous les Arméniens, l’AER aurait dû être convoquée tous les deux ans et une nouvelle élection des membres du CSS aurait dû être effectuée.

L’organe exécutif de la Sainte Église apostolique arménienne a continué de fonctionner en violation du règlement du CSS. Naturellement, des questions se posent, notamment concernant la compétence des activités du CSS à partir de 2021 et la légalité des décisions prises. Les règlements de l’AER et du CSS ne prévoient pas non plus les dispositions qui pourraient justifier le manquement à la convocation des assemblées des organes suprêmes de l’Église. Tout cela est une preuve supplémentaire de l’activité autocratique et anti-canonique du Catholicos Karékine II, qui a conduit à la crise de gouvernance du Saint-Siège et de la Sainte Église apostolique arménienne.

Nous rappelons à nouveau que les plus graves problèmes liés à la gestion défaillante de l’Église ont été soulevés à maintes reprises par nous, représentants de l’ordre épiscopal, et que nos dernières déclarations publiques ont indiqué les possibilités de leur résolution : appeler le Catholicos de tous les Arméniens à la retraite, élaborer et adopter un nouveau statut basé sur la tradition et la mission de la Sainte Église apostolique arménienne.

Compte tenu des violations grossières et arbitraires des règlements de l’AER et du CSS, ainsi que des abus de pouvoir dans les activités de ces organes, il devient clair que la réunion du Conseil Spirituel Suprême convoquée par le Catholicos de tous les Arméniens le 18 décembre au Saint-Siège d’Etchmiadzine est nulle et non avenue, et que les décisions prises par cet organe après 2021 peuvent être considérées comme illégitimes. Il est nécessaire de cesser immédiatement les activités de l’actuel CSS et la nomination de nouveaux membres jusqu’à la convocation d’une nouvelle Assemblée Ecclésiastique Représentative », indique la déclaration.

Éditorial