Fortes tensions autour des possessions du Patriarcat de Jérusalem

Après la décision du Patriarche Nourhan Ier de concéder par un bail de 99 ans le domaine du « Pré des vaches » à un homme d’affaires juif-australien, la congrégation du Patriarcat s’est scindée en deux groupes, l’un soutenant le Patriarche et l’autre s’opposant à lui. Dans certains milieux de la communauté arménienne locale, il se dit que si le Patriarche continue à ignorer ses représentants, on en viendra à exiger sa démission.
Récemment, le Haut-commissariat aux affaires religieuses de l’Autorité palestinienne dirigé par le ministre Ramzi Khouri a adressé une lettre au Patriarche pour lui demander des explications concernant des transactions immobilières suspectes et exiger les détails des accords de location et de vente. Dans sa lettre, R. Kohuri mentionne quelques points primordiaux. Le « Pré des vaches » que le Patriarche aurait loué concerne un projet israélien empêché en 2000 par la signature des accords de Camp David. A l’époque, Israël avait été obligé d’accepter que le Quartier arménien – un quart de la Vieille ville de Jérusalem – demeure sous souveraineté palestinienne. L’Etat d’Israël tente donc aujourd’hui de réaliser par le biais de locations ou de baux ce qu’il n’avait pas réussi à réaliser à cette époque.
Le deuxième point de la lettre indique que les projets immobiliers du Patriarche Nourhan ont systématiquement été refusés par les communautés arméniennes de l’étranger. Ces plans incluent la vente ou la location de biens immobiliers appartenant à des arméniens en dehors de la vieille ville de Jérusalem, à l’extérieur des limites de la vielle ville.
Par ailleurs, il y est indiqué que les transactions immobilières du Patriarche Nourhan ont aussi été rejetées par le Chapitre général et la Direction monastique de la congrégation des Saints Jacques de Jérusalem. Les transactions immobilières du Patriarche Nourhan ont également été rejetées par la Commission trilatérale réunissant la Palestine, la Jordanie et la partie arménienne qui a tenu plusieurs réunions consacrées à cette question. En conclusion, la commission a exigé leur annulation pure et simple.
La Commission palestinienne a informé le Patriarche Nourhan que cette lettre était la dernière chance pour lui de clarifier totalement les transactions immobilières secrètes du Patriarcat, qualifiées de « suspectes ».
Rappelons que le Patriarche avait ignoré les courriers précédents qui lui avaient été adressés par l’Autorité palestinienne. La lettre ne précise pas quelles mesures l’Autorité palestinienne prendra si le patriarche ne répond pas à nouveau, ou si sa réponse est insatisfaisante.
Un climat d’incertitude continue donc de régner au sein du Patriarcat ainsi que dans le quartier arménien car le Patriarche n’a pas répondu à la demande des Arméniens de Jérusalem et des moines d’annuler l’accord sur le « Pré des vaches ».
Ce nouveau scandale né dans les milieux du Patriarcat de Jérusalem a débuté il y a plusieurs mois lorsqu’une majorité des moines de la Congrégation a voté une motion demandant au Patriarche d’annuler cette transaction. Le patriarche Nourhan ne veut pas renoncer à la signature d’un bail de 99 ans attribué à un homme d’affaires pour y construire un hôtel de luxe.
Il est à noter que l’accord de location de ce terrain pour une période de 99 ans est illégal dans la mesure où, conformément à un règlement du Patriarcat, nul n’a le droit de louer une propriété arménienne pendant 99 ans, la durée maximale des baux étant fixée à 49 ans.

Sahag SUKIASYAN