Un organisme arménien chargé de l’application des lois a déclaré mercredi qu’il n’avait encore inculpé personne dans une enquête en cours sur une fuite audio qui a conduit à la démission de Gagik Djahangirian, le chef par intérim du Conseil supérieur de la magistrature. La commission d’enquête a refusé de donner d’autres détails sur l’enquête lancée le 4 juillet.
Djahangirian a démissionné le 1er juillet, dix jours après la diffusion d’un enregistrement dans lequel il semblait avertir Rouben Vartazarian, l’ancien président du Conseil supérieur de la magistrature (SJC), de démissionner ou de faire face à des accusations criminelles.
L’enregistrement de 14 minutes a provoqué un tollé en Arménie, des personnalités de l’opposition et des militants civiques exigeant que Djahangirian soit non seulement limogé, mais également poursuivi. Ce dernier a affirmé qu’il n’avait pas chercher à faire chanter Vartazarian et qu’il avait simplement utilisé des « stratagèmes psychologiques » pour organiser sa démission.
La commission d’enquête a ouvert le dossier pénal en vertu des articles du Code pénal traitant de l’abus de pouvoir et de l’entrave à la justice. Un porte-parole de l’agence a refusé de dire si elle avait interrogé Djahangirian.
Les enquêteurs auraient interrogé Vartazarian la semaine dernière. Il n’a pas nié mercredi les informations des médias selon lesquelles il avait refusé de leur donner l’audio complet de sa rencontre de février 2021 avec Djahangirian.
La réunion a eu lieu deux mois avant que Vartazarian ne soit accusé de manière controversée d’entrave à la justice et suspendu en tant que président du SJC au milieu des tensions croissantes avec le Premier ministre Nikol Pachinian.
Vartazarian a déclaré qu’il avait secrètement enregistré la conversation avec Djahangirian « pour se défendre ». « L’atmosphère de haine est si intense en ce moment que je ne veux pas faire connaître d’autres parties de l’enregistrement et créer de nouvelles tensions dans notre société ou des problèmes entre certains individus », a-t-il déclaré.
Les chefs de l’opposition et d’autres détracteurs du gouvernement affirment que Pachinian a installé Djahangirian à la tête de l’organe supervisant les tribunaux arméniens pour limiter l’indépendance judiciaire. Ils ont accusé à plusieurs reprises le Premier ministre de chercher à accroître l’influence du gouvernement sur les tribunaux sous le couvert de réformes judiciaires soutenues par l’Occident.
Les autorités s’en défendent, insistant sur le fait qu’elles veulent renforcer l’État de droit. Pachinian a admis à la fin du mois dernier que le scandale causé par la fuite audio avait sapé la crédibilité des réformes.
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