La menace de créer une atmosphère de panique

L’explosion au marché de Sourmalou survenue dimanche dernier a secoué l’ensemble du monde arménien. Les dirigeants de nombreux pays ont envoyé à l’Arménie des messages de condoléances. Par décision du gouvernement, les 17 et 18 août ont été déclarés jours de deuil national.

Ce drame rappelle celui du port de Beyrouth, au cours duquel l’explosion de plusieurs tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un hangar avait provoqué des dégâts humains et matériels considérables, et plongé le peuple libanais dans une tourmente politique et psychologique. L’explosion au marché de Sourmalou, bien que moins désastreuse que celle de Beyrouth, fut également un grand choc pour les Arméniens. Cependant, l’incident s’est produit à un moment très difficile pour les Arméniens, alors que les opinions politiques de la société sont polarisée, que les habitants de Berdzor, d’Aghavno et de Sous s’apprêtent à quitter leurs terres, que la question du nouveau corridor reliant l’Arménie à l’Artsakh suscite beaucoup d’incertitudes, et que la sécurité de l’Artsakh reste précaire en raison du flou qui entoure le contingent russe de maintien de la paix…

Les dégâts causés par l’explosion n’ont pas encore été estimés. De même, les principales raisons de l’explosion et les propriétaires du centre commercial et les dirigeants des entreprises n’ont pas encore été interrogés. La recherche de survivants dans les ruines a duré deux jours, et la recherche des dépouilles et l’extinction de l’incendie se sont poursuivies jusqu’à mercredi.

Cet incident, dans un centre commercial aussi important, soulève de nombreuses questions. Tout d’abord, celle de la responsabilité pénale, de l’indemnisation équitable des familles des victimes, mais aussi des marchands et des clients qui ont subi des dommages physiques et économiques.

La deuxième question concerne les conséquences politiques de l’explosion, son exploitation par diverses forces politiques internes et externes. C’est la première fois que la ville d’Erevan, qui jouit de la réputation d’être une ville paisible et parfaitement sûre pour ses habitants et les touristes, est frappée par une explosion d’une telle ampleur. Beaucoup de rumeurs et de théories du complot inutiles circulent, ce qui rend l’atmosphère déjà polarisée de la société encore plus malsaine.

L’explosion de Sourmalou s’est produite dans une période où, depuis plusieurs semaines, on assiste à une recrudescence d’alertes à la bombe dans divers endroits stratégiques d’Erevan, tels que le métro, l’aéroport et autres bâtiments étatiques, ce qui entraîne à chaque fois un déploiement de la police et des services de sécurité, une suspension du trafic du métro, de l’aéroport et des services étatiques, provoquant ainsi un grand mécontentement parmi la population.

Il y a clairement une intention de la part de forces obscures de créer une atmosphère de panique parmi les citoyens, ce qui doit être à tout prix évité. Selon les données préliminaires, l’explosion du marché de Sourmalou a été causée par un incendie qui aurait pris dans un entrepôt de matières explosives. Cependant, même si cette version est vraie et que l’incident n’était pas un acte terroriste direct, il est possible que l’incendie ait été allumé intentionnellement.

L’ambassade de Russie a publié une note de protestation au sujet de fausses informations diffusées par certains médias arméniens, selon lesquelles des agents secrets russes seraient à l’origine de l’incident.

Afin d’éviter des accusations inutiles, la justice se doit de mener une enquête équitable. Quant au gouvernement, il doit sans plus attendre mettre en place des lois sur le stockage et la vente d’explosifs pour les feux d’artifice festifs, imposer le respect des règles de sécurité dans les centres commerciaux et des inspections détaillées, ainsi que la signature de contrats avec des compagnies d’assurances.

J. Tch.