Le nouvel ouvrage de Claude Mutafian, « Jérusalem et les Arméniens jusqu’à la conquête ottomane (1516) », publié par la société d’édition « Les Belles Lettres », fera son entrée en librairie le 16 septembre.
Dans la division en quatre de la vieille ville de Jérusalem, le quartier chrétien et le quartier arménien sont contigus mais indépendants. Cette situation a priori paradoxale correspond bien à l’ancienneté et à l’importance de la présence arménienne. Jérusalem est en effet restée un mythe pour les Arméniens dès le IVe siècle, quand le christianisme a été proclamé religion nationale. Les relations des Arméniens avec la Ville sainte n’ont jamais cessé, pour culminer à l’époque des croisades qui donnèrent l’occasion de fonder en Cilicie, à la fin du XIe siècle, un État arménien frontalier de la Syrie franque, converti en royaume un siècle plus tard. Jérusalem abritait alors le siège d’un Patriarcat arménien et l’activité culturelle y était particulièrement intense. En témoignent la quantité et la qualité des inscriptions, des sculptures, des mosaïques, des pièces d’orfèvrerie, ou encore des manuscrits superbement calligraphiés, ornés de miniatures qui comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’art arménien. Sous la domination des Mamelouks, la culture arménienne continua à fleurir à Jérusalem, comme on peut le voir dans les nombreux récits des voyageurs européens qui n’omettaient jamais une section consacrée aux Arméniens.
À l’heure actuelle, Jérusalem est le plus important conservatoire de la culture arménienne hors d’Arménie. Présentant les relations arméno-hiérosolymitaines dans leur contexte historique et artistique, ce livre en est un reflet.
L’iconographie d’une grande richesse n’est pas cantonnée ici à un rôle illustratif. Les images deviennent l’élément principal, la trame du livre, guidant le texte qui se trouve essentiellement dans les légendes. Le lecteur a ainsi à sa disposition un grand nombre de scènes et de portraits sous forme de miniatures, de fresques ou de tableaux ; les monuments sont représentés par des photographies et des gravures anciennes. Enfin, la numismatique et la sigillographie sont abondamment exploitées. Les réalisations artistiques, les pierres sculptées, le travail du bois ou encore les pièces d’orfèvrerie, sont toutes replacées dans leur contexte historique.
Le point culminant du livre est atteint avec la légendaire production de l’Arménie cilicienne, dont les miniatures sont unanimement considérées comme les chefs-d’oeuvre du genre. Quant aux nombreuses citations, Claude Mutafian a choisi de reproduire systématiquement des pages manuscrites, avec en italique les traductions des passages concernés.