Une cinquantaine de proches de soldats arméniens tués lors de la guerre de 2020 ont été arrêtés alors qu’ils tentaient d’empêcher le Premier ministre Nikol Pachinian de déposer des fleurs lors de la cérémonie militaire du 21 septembre.
Pachinian, d’autres hauts responsables et des membres de son équipe politique ont visité le panthéon militaire de Yerablour à Erevan dans le cadre des cérémonies officielles marquant le 31e anniversaire de la déclaration d’indépendance.
Les parents de soldats tombés au front se sont rassemblés à l’entrée principale de Yerablur pendant la nuit pour tenter de perturber la cérémonie de dépôt de gerbes. Ils accusent Pachinian de la mort de leurs fils ainsi que d’au moins 3 800 autres soldats arméniens tués au combat.
La police anti-émeute a dispersé les manifestants peu de temps avant que les responsables menés par Pachinian n’arrivent au panthéon. Les parents, portant pour la plupart des vêtements noirs, ont été traînés et forcés à monter dans des véhicules de police et chassés. Ils ont tous été libérés après la cérémonie.
Les vidéos de l’incident ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. La police arménienne a publié une déclaration défendant leurs actions et affirmant qu’elles ne doivent pas être « utilisées à des fins politiques ». Le communiqué indique en même temps que le chef de la police nationale, Vahe Ghazarian, a ordonné une enquête interne sur l’usage de la force.
Vahan Hovannissian, un avocat représentant les parents, a condamné « les actions illégales des policiers ». Un groupe civique arménien, l’Union des citoyens informés, a également accusé la police d’avoir fait un usage excessif de la force.
Le même groupe de parents manifeste régulièrement à Erevan depuis avril. Les protestations ont été déclenchées par les remarques de Pachinian en réponse aux critiques continues de l’opposition concernant sa gestion de la guerre dévastatrice.
« Ils [les critiques] disent maintenant : aurait-on pu éviter la guerre ? », a déclaré Pachinian au parlement arménien le 13 avril. « On aurait pu éviter la guerre, à la suite de quoi nous aurions eu la même situation, mais bien sûr sans les victimes. »
Les familles disent que Pachinian a ainsi reconnu publiquement avoir sacrifié des milliers de vies. Ils ont soumis un « rapport de crime » pertinent au bureau du procureur général d’Arménie le 18 avril.
Le bureau a chargé d’autres forces de l’ordre d’interroger Pachinian et de décider d’engager ou non des poursuites pénales contre le Premier ministre. Ce dernier n’a toujours pas été convoqué par eux pour un interrogatoire.
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