Hovhannès Berbérian nous a quittés, une voix a gagné le ciel

Une nombreuse assistance s’était réunie hier sous les voûtes de l’église Saint Jacques de Lyon pour rendre un dernier hommage à Hovhannès, Jean Berbérian, chef de la chorale Gomidas pendant plus de 40 ans.
Unis dans un grand recueillement, les fidèles et amis de Hovhannès venus de toute la région ont entouré sa famille et dit leur reconnaissance à ce grand serviteur de l’Église et de la culture arménienne.
Au terme d’un très émouvant office, le RP Krikor Khatchatryan, Primat du diocèse de France de l’Église arménienne, le père Isahak Hékimian, Recteur de la paroisse de lyon, M. Richard Gazarian, Président du conseil paroissial, Mme Alice Bodourian, au nom de la chorale, ont pris tour à tour la parole pour évoquer la vie du défunt. Le diacre Sahak Sukiasyan a délivré le message de son éminence l’archevêque Norvan Zakarian, Primat émérite, qui n’avait pu faire le déplacement depuis Paris. Les pères Chahé Nazarian, Recteur de la paroisse de Décines, Kévork Noradounguian, Curé de la paroisse arménienne catholique de Lyon-Villeurbanne, le Pasteur Paul Siwajian de l’Église évangélique à Lyon, les diacres Hampartsoum Hadjénian (Vienne), Vazken Eskidjian, Sarkis Donabédian, Ari et Arda Devletian (Lyon) entouraient le cercueil de Hovhannès.

Fidélité, service, humilité

Fils de Hagop, originaire de Dikranaguerd et de Nazélie, née à Marache, tous deux survivants du Génocide des Arméniens, il a durant toute sa vie assumé cet héritage douloureux du combat pour la vérité et la justice, d’abord à travers son engagement au « Nor Seround » pendant sa jeunesse, puis au service de l’Église et de la Musique.
Hovhannès est né le 8 janvier 1934. Ses parents habitaient alors rue Dunoir, au cœur du « quartier arménien », dans le 3ème arrondissement de Lyon.
Dès sa plus tendre enfance, il a été enfant de chœur en la modeste chapelle de la Sainte Mère de Dieu de la rue Louis Blanc, puis, à partir de 1963, en l’église actuelle dont on fêtera le 60e anniversaire de la consécration l’an prochain. C’est cette église Sourp Hagop qu’il a servie inlassablement, d’abord comme chantre, puis en tant que chef de la Chorale Gomidas. Il y avait reçu l’étole diaconale des mains du Patriarche Chnorhk Kalousdian de Constantinople.
C’est sous sa direction que la chorale créé dans les années 1960 s’est élargie grâce à l’arrivée des membres de la chorale Guiliguia de Décines et de la MCA de Vienne. En Octobre 1986, la chorale Gomidas avait participé à l’accueil du Pape Jean-Paul II à Lyon. Dépassant les frontières de la région, et même de la France, il l’avait conduite jusqu’en Arménie et en Artsakh, et enregistré plusieurs CD de chants religieux et profanes. Fidèles parmi les fidèles, ses absences à la liturgie du dimanche étaient rarissimes et tous les religieux qui se sont succédés dans la paroisse savaient que l’on pouvait toujours compter sur lui.
C’est aussi un époux, un père et un grand-père, un frère aimant et attentionné qui disparaît. Thérèse, son épouse, ses enfants, Laurence et Patrick, et ses petits-enfants, Théo et Alexis, constituaient son « petit royaume ». Il y avait également Doris (Dikranouhie), sa sœur, et Alan, son neveu, qui vivent aux États-Unis. Son union avec Thérèse l’avait aussi lié à la grande famille des Mgrditchian-Gostanian.
Serviteur de Dieu et de son Église, il s’est également dévoué durant toute sa vie à la musique qui était une grande passion, en particulier le violon.
Durant des années, à travers l’orchestre « Sayat-Nova », il a également fait vibrer la communauté lyonnaise et rhônalpine en animant de très nombreuses soirées et fêtes champêtres. Et s’il participait dans l’après-midi à la célébration religieuse des mariages, le soir venu, il faisait également danser les jeunes mariés, leurs familles et leurs amis. Une autre forme de service …
Homme de devoir, le service de son pays l’a conduit jusqu’en Afrique du Nord pour un long et dangereux service militaire de trois ans.
Au terme d’une riche vie professionnelle débutée comme ouvrier-ajusteur et terminée comme agent de maîtrise dans l’industrie, il s’était découvert une passion : le travail du bois, la sculpture… Patrick, son fils, a sans doute été un « éveilleur » de cette vocation.
Tout ce que Hovhannès a accompli durant sa vie terrestre, l’a été avec amour, dévouement et surtout dans une humilité absolue.
Il avait été décoré de l’ordre de Saint Vartan, de Saint Nercès le Gracieux et du Mérite national de la République française, mais la plus belle de ses décorations est sans aucun doute le souvenir qu’il laisse. Le souvenir d’un homme fidèle et généreux qui aura jusqu’au bout servi avec simplicité et humilité ses frères et sœurs.
Une voix s’est éteinte sur terre, elle résonnera désormais dans les Cieux.
Cette voix, ce frère, nous manquent déjà.

Sahak SUKIASYAN