L’explosion sur le pont de Crimée a intensifié la guerre russo-ukrainienne, des sources occidentales affirmant que les Russes utilisent des drones iraniens pour attaquer les villes ukrainiennes. L’Union européenne menace d’imposer des sanctions à l’Iran s’il est prouvé que les drones utilisés par la Russie sont de production iranienne. Et l’Iran, à son tour, a annoncé qu’elle n’accepterait pas les changements de frontières et la présence de forces étrangères dans le Caucase du Sud. Naturellement, elle fait ici référence à la présence des forces israéliennes, mais également européennes.
Le déclin de la puissance russe dans le Caucase du Sud est significatif. La venue de la mission d’observation européenne dans la région a fortement irrité les Russes. Les Azéris sont également mécontents, mais ils étaient contraints d’accepter. La visite du ministre arménien de la Défense en Inde confirme la nouvelle de l’achat de 260 millions de dollars d’armes indiennes, un phénomène qui aurait été impossible avant la guerre en Ukraine. Il est inacceptable pour l’Iran que le vide créé par l’amenuisement de l’influence russe soit comblé par les forces occidentales, tout comme il est inacceptable pour elle que l’alliance turco-azérie modifie la frontière Iran-Arménie, au détriment de la sécurité de l’Iran. Au plus haut niveau étatique, l’Iran définit ses lignes rouges.
Et depuis la guerre d’Artsakh de 2020, c’est la troisième fois que l’Iran organise des exercices militaires sur les bords de l’Araxe, à la frontière arméno-azerbaïdjanaise. Le commandement militaire iranien a souligné que ces exercices servent principalement à tester les ponts prévus pour traverser la rivière Araxe…
On retiendra ici la déclaration incendiaire adressée au président iranien sur la page Facebook du député azerbaïdjanais Rasim Musabayev qui dénote bien l’ambiance feutrée qui règne dans les palais azéris : « Le Corps des gardiens de la révolution islamique organise des exercices militaires provocateurs à la frontière avec l’Azerbaïdjan, et le président Ibrahim Raisi, lors de sa rencontre avec le président azerbaïdjanais à Astana, a lancé des avertissements inutiles sur l’inadmissibilité de la présence militaire d’un pays étranger dans la région. Dans le même temps, “l’empire des mollahs” iraniens ne considère probablement pas les forces russes en Arménie comme une présence “étrangère” et reste indulgent quant à l’intention de l’Arménie de faciliter une mission d’observateurs européens à la frontière arméno-azerbaïdjanaise. » Dans un style encore plus menaçant, Musabayev poursuit : « Il est nécessaire d’évaluer correctement les dangers, car en cas de représailles, ses frontières avec la Turquie et le Pakistan seront menacées, et des milliers de missiles et de bombes en provenance d’Israël et d’Arabie saoudite, qui ne cherchent qu’une excuse pour détruire les missiles et les installations nucléaires de l’Iran, pleuvront sur leurs têtes. »
Malgré le résultat obtenu lors du sommet de la communauté politique européenne à Prague, au cours duquel l’Arménie et l’Azerbaidjan ont mutuellement accepté de reconnaître leur intégrité territoriale, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu a réitéré que l’Arménie devait accepter de fournir à l’Azerbaïdjan un « corridor » dans le Zanguézour, censé avoir le même statut que le corridor de Latchine.
Les échauffourées à la frontière arméno-azerbaïdjanaise ne cessent pas, de nouvelles accumulations de forces militaires sont constatées, malgré la présence de la mission d’observation de l’Union européenne. Si l’Occident ne trouve pas les moyens de contenir les agressions du tandem turco-azéri, les risques d’une déflagration régionale seront décuplés, le prix du gaz augmentera et Ursula von der Leyen et les Européens regretterons l’inconséquence de leur contrat gazier signé avec le dictateur Aliev. Mais enfin de compte c’est les peuples de la région qui payeront le prix le plus élevé par leurs vies et par la destruction de leurs villes.
J. Tch.