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« Affamer délibérément une population pacifique est un crime de guerre »

 

La situation en Artsakh a également été discutée lors de la réunion de l’ONU

A l’initiative de Washington, lors de la session du Conseil de sécurité de l’ONU convoquée tard dans la soirée du 3 août, des diplomates de dizaines de pays se sont réunis pour discuter des moyens de prévenir la faim et d’assurer la sécurité dans les situations de guerre. Les diplomates ont également évoqué la crise humanitaire en Artsakh, déclarant que le Comité international de la Croix-Rouge ne peut plus y remplir sa mission humanitaire, qu’affamer la population civile est un crime de guerre qui ne doit pas rester impuni.

Le destinataire de la plupart des discours et des accusations des orateurs était la Russie, qui a unilatéralement rompu l’accord céréalier le mois dernier, à la suite de quoi de graves problèmes sont survenus en Afrique privé de l’approvisionnement du céréal ukrainien.

Tout en parlant de la faim, des privations et des souffrances résultant de la politique de Moscou, les représentants de la Suisse et de la France ont également rappelé la crise humanitaire en Artsakh qui dure depuis environ huit mois et qui a été causée par la fermeture du corridor de Berdzor par l’Azerbaïdjan.

Représentant de l’Arménie à l’ONU, Vahe Gevorguian : « Les habitants de l’Artsakh sont confrontés à un danger existentiel »

Le vice-ministre arménien des Affaires étrangères, Vahe Gevorguian, s’exprimant lors de la discussion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question « Assurer la sécurité alimentaire en temps de conflit et prévenir la faim », a notamment déclaré :

Vahe Gevorguian

« La famine a été régulièrement utilisée à travers l’histoire comme moyen de faire la guerre et de commettre un génocide. Je voudrais attirer l’attention du Conseil sur la situation actuelle en Artsakh, où les gens ne savent plus s’ils pourront trouver du lait pour leurs bébés, un morceau de pain pour leurs enfants ou des médicaments pour des proches gravement malades.

En ce moment, le peuple d’Artsakh fait face à une menace existentielle causée par le blocus total exercé par l’Azerbaïdjan. Depuis plus de sept mois, ce pays a fermé le corridor de Berdzor, le chemin de la vie humanitaire qui relie l’Artsakh au monde extérieur. Cet acte illégal et inhumain est une violation flagrante de la décision de la Cour internationale de justice du 22 février 2023, des normes du droit international humanitaire et de la déclaration du 9 novembre 2020. En raison du blocus complet du corridor par l’Azerbaïdjan depuis le 15 juin, l’approvisionnement en nourriture, médicaments et autres produits de première nécessité a été interrompu, créant une crise humanitaire totale. L’interruption de l’approvisionnement en gaz et en électricité a perturbé le fonctionnement des systèmes de transport, de santé et sociaux, violant les droits fondamentaux des personnes.

En raison du manque de vitamines et de nutriments, 2 000 femmes enceintes, 30 000 enfants, 20 000 personnes âgées et 9 000 personnes handicapées souffrent et tentent de survivre dans des conditions de malnutrition et de manque de médicaments. L’Azerbaïdjan cible en permanence la population civile qui effectue des travaux agricoles, accentuant ainsi son intention non-dissimulée de les affamer. De plus, il y a quelques jours, des militaires azerbaïdjanais ont enlevé Vakif Khatchatrian, un patient d’Artsakh de 68 ans, qui se rendait en Arménie dans une ambulance de la Croix-Rouge…

Afin de satisfaire les besoins vitaux de la population, le gouvernement arménien a décidé le 26 juillet d’envoyer environ 360 tonnes de produits de première nécessité, de nourriture et de médicaments en Artsakh. Cependant, des camions transportant cette aide humanitaire attendent toujours près du corridor de Berdzor, car l’Azerbaïdjan les empêchent d’entrer en Artsakh.

L’aggravation de la situation déjà difficile en Artsakh et le danger de propagation de la faim nécessitent l’intervention de la communauté internationale afin que les règles du droit international humanitaire soient respectées.

(…) Cette violence de masse doit être interdite et stoppée. Nous appelons le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre des mesures urgentes pour contraindre l’Azerbaïdjan à appliquer pleinement les résolutions des Nations unies et le droit international humanitaire, à rétablir immédiatement la libre circulation dans le corridor de Berdzor et à assurer la présence humanitaire des agences des Nations unies et de la Croix-Rouge en Artsakh. »