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ARMÉNIE – ARTSAKH – Une atmosphère très malsaine et inquiétante

Réunion autour de Samuel Chahramanian

La discorde entre les dirigeants exilés de force d’Artsakh et les autorités arméniennes prend de nouvelles proportions

Samuel Chahramanian : « Il n’existe aucun document juridique qui prévoit la dissolution des institutions d’État d’Artsakh »

Entre les dirigeants d’Artsakh en exil et le gouvernement arménien était déjà palpable une certaine tension qui prend désormais de nouvelles proportions.

En effet, le président de la République d’Artsakh, Samuel Chahramanian, a rencontré le 22 décembre les dirigeants des institutions d’État (d’Artsakh) qui continuent, d’après la partie artsakhiote, de fonctionner selon les principes en place.

Lors de cette réunion ont été examinés les problèmes majeurs des Artsakhiotes déplacés de force et ont été discutées les possibles solutions.

Se référant aux travaux mis en œuvre, effectués en en cours, le président Chahrananian a souligné la nécessité de les poursuivre en 2024. Il a demandé au maire de Stepanakert et aux dirigeants des régions de rapporter régulièrement au Gouvernement (artsakhiote) les problèmes urgents des citoyens déplacés de force.

Quant au décret présidentiel du 26 septembre dernier largement commenté ces jours-ci, Samuel Chahramanian a souligné qu’il n’existe aucun document de valeur juridique de la République Artsakh, qui prévoit la dissolution des institutions d’État.

« Aucun document relatif au Karabakh signé à Erevan n’a quelconque force juridique »

Le gouvernement avertit Samuel Chahramanian

Le gouvernement arménien a fermement critiqué le président d’Artsakh, Samuel Chahramanian, en affirmant que l’Arménie a son propre pouvoir démocratiquement élu et en l’avertissant qu’aucun document relatif au Karabakh signé à Erevan n’a quelconque force juridique.

« Qui est Samuel Chahramanian pour signer un décret à Erevan ? Il y a un gouvernement en Arménie. Toute opposition ou toute démarche contre lui sera considérée comme un acte commis contre l’État, sera jugé illégal et évalué en tant que tel et de façon la plus sévère. Toutes les tentatives qui aspirant à conduire l’Arménie vers de nouvelles provocation militaires seront brisées et les auteurs seront sévèrement punis », a déclaré Arthur Hovhannisian, député, secrétaire du parti au pouvoir « Contrat civil ».

Un autre député du « Contrat civil », Guevorg Papoyan, a déclaré sur le même sujet : « Samuel Chahramanian, en tant que déplacé de force, comme tous nos autres compatriotes déplacés de force, ne peut signer en Arménie exclusivement que sous ses papiers et documents personnels, comme demandes, documents concernant les biens personnels, journal, passeport, dédicaces de ses livres, etc. ».

Vahagn Aleksanian, un autre député du pouvoir a, à son tour, déclaré dans une interview accordée à « RFE / Radio Liberté » :  « Les tentatives de former un État à l’intérieur de l’Arménie ne donneront aucun résultat, au contraire, elles créeront de nouveaux dangers pour l’Arménie. »

David Galstian, chef de la faction « Justice » d’Artsakh : « Répéter les propos d’Azerbaïdjan c’est être son espion »

David Galstian, chef de la faction « Justice » de l’Assemblée nationale de la République Artsakh, en réponse à une question concernant les propos des représentants du « Contrat civil » susmentionnés a déclaré : « Ceux qui répètent les propos de l’Azerbaïdjan ne peuvent être que ses espions. »

« Je suis convaincu que ceux qui considèrent qu’aujourd’hui l’Artsakh est détruit et déclarent que les institutions d’Artsakh doivent cesser de fonctionner ne peuvent être que les avocats de l’Azerbaïdjan en Arménie. Les institutions d’État d’Artsakh ont opéré pendant plus de 30 ans, et cela n’a jamais créé aucun danger pour la République d’Arménie. Elles continueront à exister et à fonctionner. Il y a toujours eu des problèmes avec l’Azerbaïdjan qui n’a jamais voulu que quelconque institution existe, fonctionne en Artsakh. Celui qui tient les mêmes propos que l’Azerbaïdjan, est son espion sur la scène politique de l’Arménie », a déclaré Galstian.

Il a rappelé que suite au mouvement Artsakh, les Artsakhiotes a décidé de son auto-détermination et la République d’Artsakh a été établie, et que personne n’a le droit de le dissoudre. « Les institutions d’État créées par le référendum populaire, tous les organes constitutionnels doivent continuer de fonctionner, et cela ne peut représenter aucun danger pour la République d’Arménie », a conclu le chef de la faction « Justice ».

Il a ajouté que même sans Artsakh, l’Azerbaïdjan continue d’avoir des prétentions vis-à-vis de l’Arménie et que cette situation n’est pas conditionnée par l’Artsakh.

« Nous connaissons l’appétit de l’Azerbaïdjan ; il est présent dans les territoires souverains de l’Arménie aujourd’hui, et ce n’est en aucun cas lié à la République Artsakh. L’Azerbaïdjan poursuit sa politique telle qu’il avait prévue. Aujourd’hui de lier ce phénomène à l’Artsakh, relève tout simplement de la volonté de désigner des coupables, mais en aucun cas de prévenir le danger », a-t-il déclaré.

Galstian a noté qu’avec de tels posts, de telles déclarations les représentants du gouvernement tentent de réprimer, clore la question de l’Artsakh, mais qu’aucune force politique ni aucun gouvernement n’y a le droit, celle-ci étant la lutte nationale du peuple arménien que la nation arménienne est obligée de poursuivre.

« Ce n’est pas seulement notre lutte, c’est la lutte de tous les Arméniens ; si certains représentants du gouvernement comptent avancer en pansant “Donnons l’Artsakh, vivons tranquille”, nous avons tous vu que cette thèse n’a pas fonctionné ni en 2020, ni après. Et si les députés du pouvoir considèrent que la question de l’Artsakh avait déjà été résolue dans les années 1990 ou 2000, alors pour quelle raison leur leader a déclaré en 2019 “L’Artsakh est Arménie et point final” ; nous avons vu aussi de nombreux haut fonctionnaires d’Arménie venir à Akna pour se photographier en déclarant “ceci est notre patrie” alors qu’aujourd’hui ils changent de rhétorique », a fait remarquer Galstian, ajoutant que pour changer la situation actuelle il faut une forte armée, de l’endurance et non pas de rechercher des coupables. « Ils essaient de chercher des coupables partout, mais le fait est que c’est pendant le règne du pouvoir actuel que nous avons perdu une partie importante de notre patrie », a-t-il déclaré.

Galstian a conclu ses propos, affirmant que les représentants de l’État d’Artsakh sont engagés dans le maintien des institutions de l’État et le retour à Artsakh : « Aujourd’hui, il est regrettable de constater que les autorités arméniennes ne veulent pas s’occuper de la question du retour à la patrie. »