Le procureur général sortant d’Arménie, Artur Davtian, a appelé le gouvernement à réglementer le contenu publié en ligne, affirmant que les plateformes Internet en langue arménienne sont de plus en plus utilisées pour les discours de haine, le trafic de drogue et d’autres fins illégales.
Le bureau de Davtian a révélé son appel écrit au gouvernement dans un communiqué. Il s’est plaint que le pays n’a pas de législation ou d’agence gouvernementale pour lutter contre ce qu’il a décrit comme une propagation croissante de contenu en ligne illicite.
« En l’absence d’un tel contrôle, les plateformes d’information continuent la diffusion sans entrave de ces contenus, déformant et abusant du principe démocratique de la liberté d’expression », lit-on dans la déclaration. « En revanche, dans un certain nombre de pays, dont l’Allemagne, la Russie et la Géorgie, la sécurité des informations diffusées via des ressources en ligne est réglementée par des actes juridiques. »
Le bureau du procureur général a donné l’exemple du régulateur russe des communications, Roskomnadzor, qui peut restreindre ou bloquer l’accès aux sites Web refusant de supprimer les contenus indésirables. Il a également fait valoir qu’une agence gouvernementale allemande est habilitée à imposer des amendes massives aux plateformes Internet diffusant du matériel illégal tel que des courses ou d’autres discours de haine.
Certains militants arméniens des droits civiques ont exprimé leur inquiétude face à l’initiative de Davtian, affirmant qu’elle pourrait conduire à des restrictions injustifiées de la liberté d’expression et de l’accès des Arméniens à Internet, qui a été pratiquement illimité à ce jour.
Chouchane Doydoyan, qui dirige le Centre pour la liberté de l’information basé à Erevan, a déclaré que la référence de Davtian à Roskomnadzor est particulièrement inquiétante, car l’agence russe est connue pour la censure des médias.
Selon la déclaration des procureurs, Davtian a souligné que la réglementation proposée du contenu en ligne ne restreindrait pas le « droit constitutionnel des Arméniens à exprimer librement leurs opinions ».
Le gouvernement du Premier ministre Nikol Pachinian n’a pas encore réagi publiquement à l’appel du procureur général qui achèvera son mandat de six ans le 15 septembre.
Dans une déclaration conjointe publiée à l’issue de leurs entretiens tenus à l’extérieur de Moscou en avril, Pachinian et le président russe Vladimir Poutine se sont engagés à intensifier la « coopération russo-arménienne sur la sécurité internationale de l’information ».
« Les parties ont exprimé leur inquiétude face à la tendance croissante à utiliser les technologies modernes de l’information et de la communication pour commettre des actions illégales et nuisibles, s’immiscer dans les affaires intérieures des États et porter atteinte à leur souveraineté », indique la déclaration.
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