SSS 2024 – Sevan Startup Summit 2024 (SSS) qui est un forum d’affaires se déroulant dans un environnement informel, sous les tentes, s’est tenu du 21 au 27 juillet, sur les bords du lac Sevan.

Le SSS est né en 2016 et se pérennise depuis. Outre Sevan, il se déroule également sur l’île de Ras Al Khaïmah (Émirats Arabes Unis) et à Goa (Inde).

Comme les années précédentes, l’édition 2024 avait rassemblé des initiateurs de startups nouvellement créées, des inventeurs, des investisseurs, des conférenciers, des bénévoles et des mentors de différents pays du monde, reconnus dans leur domaine pour leurs connaissances.

Cette année, Sevan Startup Summit 2024 a largement dépassé ses objectifs tant en matière de formation que de rencontres sur le plan des visiteurs. En effet, pas moins de 150 entreprises de 40 pays y ont participé.

Le SSS a des différents programmes de formation, adaptés aux besoins des startups. Ainsi, le programme « starter » est dédié aux entreprises se trouvant au stade « embryonnaire » ou d’une idée avancée, le programme « booster » est élaboré pour ceux qui ont déjà démarré et sont en quête de croissance. Les conférenciers sélectionnés pour les deux programmes comptent parmi les meilleurs représentants mondiaux. Il y a eu des face-à-face de 15 minutes dont le seul et unique but est d’aller de l’avant, en partageant des expériences, prodiguant des conseils.

Au « Sevan Startup Summit », l’expression joindre l’agréable à l’utile y prend tout son sens, puisque des danses autour des feux de camp, des narrations de success-stories, des animations et des concerts en soirée se succèdent en complétant le programme de formation et les rencontres.

Le SSS 2024 s’est achevé par des séances de pitching, au cours desquelles les participants ont présenté leurs projets et ont reçu des évaluations et des récompenses des membres du jury. Mais, pour les participants la meilleure récompense, à n’en point douter, était le fait d’avoir tiré le meilleur parti des conseils, ainsi que les relations personnelles qu’ils ont pu nouer durant ces quelques jours.

À cette occasion nous avons interviewé M. Samson Avetian le fondateur de la société Eqwefy en présence de Caroun Gul membre du Conseil d’administration. Eqwefy est un fonds d’investissement spécialisé dans le financement des startups, il a pour mission d’offrir aux particuliers l’opportunité d’investir dans ce secteur très convoité, mais qui est habituellement réservé aux sociétés spécialisées, aux « business angels », aux connaisseurs, qui soutiennent les startups dans leurs innovations et découvertes dans l’espoir de faire fortune, une fois leurs réalisations et produits lancés sur le marché. 

C’est donc un appel aux épargnants en Arménie et en Diaspora, afin d’investir dans les startups arméniennes, choisies par les experts d’Eqwefy.

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« Nor Haratch » – M. Avetian, pourriez-vous nous expliquer brièvement le but et les perspectives de la création d’Eqwefy.

Samson Avetian – Aujourd’hui, heureusement, il existe en Arménie un vaste champ d’activité pour les startups. Ce secteur est très développé et il attire des investissements importants. Et tout cela est incarné par le « Sevan Startup Summit », qui travaille dans un environnement sain. Nous essayons de soutenir ces startups en créant l’opportunité d’investir dans leurs capitaux avec de petits montants (à partir de 25 euros). Il est important non seulement de soutenir, mais aussi de gagner de l’argent. Nous voulons mettre en œuvre un outil à travers les startups pour que la valeur créée par ces fonds en Arménie soit également bénéfique pour la Diaspora et que l’Arménie puisse devenir pour les Arméniens de la Diaspora autre chose qu’une destination touristique.

« NH » – Quand avez-vous créé votre entreprise ?

S.A. – Notre entreprise a été créée en 2020, à l’Université américaine d’Arménie. Au stade initial, nous avons analysé le marché afin de savoir si une telle plateforme d’investissement était nécessaire ou non en Arménie. Et nous avons immédiatement compris que la réponse était affirmative. Nous avons donc décidé de créer une organisation qui soit également une société d’investissement contrôlée par la Banque centrale d’Arménie. Nous avons un conseil de sept membres qui supervise les travaux.

« NH » – L’un des objectifs majeurs de votre entreprise est aussi de permettre au personnel  de pouvoir investir dans le capital de leur société, sous forme de participation ou d’intéressement. Ceci est une nouveauté en Arménie et nécessite peut-être quelques amendements juridiques du code de travail ?

S.A. – Ces modifications ont déjà été apportées en Europe il y a quatre ou cinq ans, aux États-Unis il y a une dizaine d’années. Et en Arménie, elles ont eu lieu en 2022, et elles nous permettent à nous tous, employés ou programmeurs, de pouvoir investir dans les meilleures startups. Nous n’en sommes encore qu’au début du choix des startups. Nous espérons commencer officiellement les travaux en octobre prochain.

« NH » – Vous venez d’évoquer des investissements de 25 euros. Pourquoi une si petite somme ?

S.A. – En Arménie, nous sommes plutôt orientés vers la consommation et nous sommes très peu intéressés par l’épargne ou instruits à ce sujet. Nous travaillons donc désormais dans cette direction afin que les épargnants puissent investir dans  ce secteur prometteur d’avenir. C’est pourquoi, à ce stade, nous suggérons aux personnes intéressées d’investir ne serait-ce qu’une petite somme d’argent et de voir le résultat. Nous voulons que tous les Arméniens investissent au moins environ à hauteur de cinq pour cent de leur épargne dans des startups innovantes, afin qu’ils puissent aussi gagner de l’argent.

« NH » – Au bout de combien d’années pensez-vous que ces investissements pourront être rentables ?

S.A. – Je pense que dans certains cas au bout de deux ou trois ans les gens rentabiliseront déjà les sommes qu’ils auront investies. Mais cela pourrait durer plus longtemps, peut-être cinq à dix ans. La startup que nous avons créée est nouvelle et elle a besoin de temps pour se développer et avoir une part de marché. Je voudrais rappeler que nous avons des startups en Arménie qui valent très chères, plus que les grandes banques arméniennes.

« NH » – Pouvez-vous citer deux ou trois startups arméniennes et leurs valeurs estimées ?

S.A. – La plus chère est “Service Titan”, fondée en Californie et qui vaut 14 milliards de dollars. Il y a aussi Picsart, qui vaut plus d’un milliard de dollars, Codesignal qui vaut environ 800 millions, ou encore Krisp… Ces entreprises valent plus que les plus grandes banques et entreprises d’Arménie.

« NH » – Coopérez-vous avec le gouvernement dans ce domaine ?

S.A. – Eqwefy fait partie des institutions indépendantes de notre État, elle est plutôt sous le contrôle de la Banque Centrale ; le gouvernement souhaite que ce secteur se développe. Mais Eqwefy n’a aucun lien direct avec le gouvernement.

Caroun Gul – Je suis très heureuse de participer à la création de cette entreprise et j’espère que la communauté franco-arménienne, ainsi que d’autres communautés de la Diaspora comprendront l’importance de cette initiative, et participeront au développement de ce secteur.

« NH » – Que pourriez-vous dire des activités de votre société tournées vers la Diaspora, sachant qu’Eqwefy s’adresse également à elle ?

S.A. – Les Arméniens de la Diaspora sont très importants pour nous. Nous voulons créer pour la Diaspora arménienne un investissement financier et une source de revenu d’Arménie. Il est important que chacun sache que le domaine des technologies innovantes en Arménie suscite de grands espoirs et que dans ce sens, des liens stables et à long terme peuvent être créés.

« NH » – Quelles démarches comptez-vous entreprendre pour la promotion de votre entreprise auprès des Arméniens de la Diaspora ? Quelles approches envisagez-vous ?

S.A. – Nous avons effectué une tournée en Europe il y a deux-trois mois :
Paris, Marseille, Genève, Bruxelles… et il y a un mois, nous étions à Boston, New York, New Jersey pour présenter notre projet. J’ai personnellement vécu en Suède pendant de nombreuses années et à Boston pendant deux ans, si bien que j’ai déjà une certaine vision pour l’établissement de liens entre l’Arménie et la diaspora.

Nous sommes très actifs sur eqwefy.com et sur les réseaux sociaux en général. Les personnes désireuses peuvent nous contacter pour obtenir les informations qu’elles souhaitent.

« NH »  – En dehors des Arméniens, les personnes sans attache à l’arménité peuvent-elles investir dans votre entreprise ?

S.A. – Il est très important pour nous de contrôler l’argent investi dans notre entreprise, et pour cela, les Arméniens doivent pouvoir investir en premier, et ensuite, au fil du temps, les étrangers aussi le pourront. Le contrôle des investissements étrangers peut se faire différemment. Mais au final, il est important que l’investisseur non arménien, lui aussi puisse participer.

« NH » – Pouvez-vous donner une idée de l’importance des technologies innovantes dans l’économie arménienne ?

S.A. – À mon sens, le développement des secteurs de High-tech et de IT en Arménie, n’est pas encore au niveau souhaité. Pourtant, ce sont les deux secteurs où nous pouvons obtenir de résultats importants, qui peuvent également être utiles pour assurer notre défense et notre sécurité. Nous espérons donc qu’ils se développeront et prospéreront.

Entretien réalisé par

Jiraïr TCHOLAKIAN

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