Le 4 décembre, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian déclarait devant l’Assemblée nationale qu’il n’existait aucun élément pour de nouvelles tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, excluant en même temps toute action de la part d’Erevan susceptible de déstabiliser la région. Pourtant, dès le lendemain, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a renouvelé ses accusations contre la partie arménienne.
Dans un long discours prononcé lors d’une conférence internationale à Bakou sur le thème « Le droit au retour des Azerbaïdjanais expulsés d’Arménie », Ilham Aliev a de nouveau affirmé qu’Erevan représentait un obstacle à la paix. Il a exigé des modifications de la Constitution arménienne et critiqué les efforts de l’Arménie pour se réarmer, considérant ces initiatives comme une menace.
Aliev a également insisté pour que l’Arménie engage des discussions avec la communauté de « l’Azerbaïdjan occidental » et prenne des mesures concrètes pour restaurer les droits des « Azerbaïdjanais occidentaux ». Cette demande est perçue par le côté arménien comme une tentative de légitimer des revendications territoriales azerbaïdjanaises sur l’Arménie.
En réponse, Nikol Pachinian a adopté un ton conciliant mais polémique. Lors d’une récente interview, il a mis en parallèle la notion d’« Azerbaïdjan occidental », promue par Bakou, avec celle d’« Arménie occidentale », une idée ancrée dans le discours nationaliste arménien.
« Nous sommes irrités lorsque le terme “Azerbaïdjan occidental” est utilisé, n’est-ce pas ? Mais pensons-nous à l’effet que produit notre propre discours sur “l’Arménie occidentale” ? Tout cela ne fait qu’alimenter les tensions », a souligné Pachinian.
Cette déclaration a cependant suscité des critiques virulentes en Arménie, sans pour autant satisfaire Bakou. Aliev accuse l’Arménie de présenter les activités de la « Communauté de l’Azerbaïdjan occidental » comme une menace pour son intégrité territoriale. Selon lui, l’objectif de cette communauté est simplement d’assurer « le retour pacifique et sécurisé des personnes expulsées vers leurs terres ancestrales ».
Aliev a également dénoncé ce qu’il décrit comme « la haine profondément enracinée du peuple azerbaïdjanais dans la société arménienne, les rêves d’une “Grande Arménie”, les revendications territoriales inscrites dans la Constitution arménienne et la course à l’armement du pays », considérant ces facteurs comme des obstacles majeurs à la paix durable.
Fait notable, Aliev n’a pas abordé les négociations en cours autour du traité de paix arméno-azerbaïdjanais, entamées il y a plus de deux ans. Pourtant, Nikol Pachinian a réitéré son optimisme la veille, déclarant devant l’Assemblée nationale arménienne :
« 90 % du travail a déjà été accompli. Il reste seulement quelques efforts finaux pour signer l’accord de paix. Nous avons également proposé des solutions concrètes pour l’ouverture des communications dans la région. »
Du côté azerbaïdjanais, la conférence organisée à Bakou avait pour objectif affiché de « développer des mécanismes pour le retour des Azerbaïdjanais dans leur patrie historique ». À cette occasion, Ilham Aliev a récompensé un groupe de jeunes militants pour leur campagne en faveur du « droit au retour des Azerbaïdjanais », signe que ce discours visant des territoires souverains arméniens est désormais officiellement intégré à l’agenda politique de Bakou.
© 2022 Tous droits réservés