Que ressent-on lorsqu’on assiste à une messe, qui vous étreint dans tout votre corps et dans tous les recoins de votre âme, et qui est célébrée avec une si grande divination dans le site majestueux de l’église arménienne de l’ile San Lazzaro à Venise en ce mois de novembre 2024 ? **

Des frissons parcourent alors toute votre enveloppe corporelle et jamais nous ne nous sentons aussi proche de ce « Spirito Divino » comme on le dit dans la langue de Dante en Italie.

Messe dans l’église de San Lazzaro le 10 novembre 2024

La « colonie niçoise » s’était déplacée en nombre (plus de 50 et quelques pèlerins qui firent le voyage en bus accompagnés par le père Khatchadour Boghossian) à Venise, et en compagnie de ces arméniens d’Argentine (si, si !) et de Vénétie présents en ce dimanche 10 novembre 2024, ils purent tous mesurer les effets d’un véritable sacrement religieux dans la magnifique église de cette île devenue monastère catholique arménien en 1717 grâce aux pères Mekhitaristes.

L’association culturelle de l’église apostolique arménienne de Nice, du Var et de Monaco (qui gère habituellement les offices religieux à l’église St Philippe de Nice) avait en effet organisé un beau voyage à Venise pour ses fidèles du 8 au 11 novembre 2024, fidèles qui pour beaucoup, et dont une (très) forte proportion est originaire d’Arménie, découvraient pour la première fois la « Serenissima » ***.

Les Arméniens de Nice devant la statue du père Mekhitar, fondateur du Monastère San Lazzaro

Avec au passage un crochet à Vérone où se trouvent le balcon de Juliette de Shakespeare et les Arènes monumentales de cette cité merveilleuse. 

« Nous irons à Vérone » chantait Aznavour. Oui, nous sommes allés à Vérone.

Et puis il y a Venise la gracieuse. Ses deux cents églises dont outre l’église arménienne de l’île San Lazzaro, elle compte également l’église arménienne Santa Croce, au plus proche de la place St Marc. Venise est la cité qui compte le plus d’église en Italie. Eh oui ! Et toutes ornées de croix grecques, héritage du passé byzantin de la cité des Doges.

San Lazzaro s’approche. Le soleil et le bleu azur du ciel irradient le vaporetto « Marco Polo » le bien nommé, et je joue presque à Casanova le Vénitien (humour) auprès de mon épouse Laure (Nora pour les nostalgiques des années 90 de Radio A de la région de Valence dans la Drôme, et qui en fut l’emblématique animatrice), membre de l’association, et qui a organisé et animé divinement ce voyage !

Le père Hamazasp Kéchichian nous attend à l’embarcadère pour commencer la visite de ce sanctuaire culturel unique au monde pour les Arméniens, et que l’on n’arrête pas de redécouvrir avec cette bibliothèque magnifique et tous ces trésors issus de l’Égypte antique ou d’ailleurs. 

J’ose questionner notre guide sur le père Alichan érudit arménien du XIXe siècle qui a beaucoup écrit justement sur les Arméniens s’étant établis en Italie à l’époque byzantine et plus particulièrement en Sicile où je me suis rendu avec mon épouse quelques mois plus tôt.

Le père Kéchichian évoque alors les références à Alichan, et nous indique que les italiens de la ville de Nardo, dans la région des Pouilles (dans l’extrême sud, sur le talon de la « botte » plus précisément) l’ont invité tout dernièrement pour rendre hommage à Sourp Krikor Loussavoritch, notre St Grégoire l’illuminateur qui est aussi le saint protecteur de la ville de Nardo qu’il aurait protégé d’un tremblement de terre en 1743 !! Une des reliques de Sourp Krikor (un avant-bras) est d’ailleurs conservée dans la cathédrale de cette ville de Nardo.

Le père Hamazasp Kéchichian raconte l’histoire de San Lazzaro et ses richesses culturelles

Les allers-retours en vaporetto ne se lassent pas. L’île de Murano et ses trésors de verrerie. Qui n’a pas vu le palais des Doges n’a rien vu.  Sur les façades des salles du palais trônent des gravures remarquables dont l’une d’elle raconte la réception par les Doges des représentants perses accompagnés par de légats arméniens.

La place St Marc ne désemplit pas, et tant pis s’il n’y a aucune gondole disponible pour moi et ma dulcinée (humour toujours) !!

Les Arméniens ont foulé ces terres de l’Adriatique et de l’Italie dans les pas des Byzantins il y a très longtemps. 

Et des trésors cachés sont toujours à (re)découvrir ici encore. Des secrets à dévoiler. Car l’Histoire se défriche sans arrêt pour les Arméniens de ce côté-ci des Alpes.

Venise, 1ère étape. Très certainement.

Norbert SARADJIAN

Le 3 janvier 2025

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* Spirito divino ou esprit divin en français. C’est également le titre de référence d’un album musical à succès, réalisé et interprété par Adelmo Fornaciari, plus connu sous le nom de Zucchero, album paru en 1995.

** La célébration de la messe du 10 novembre 2024 bénéficia de l’accompagnement de la chorale arménienne de l’église St Philippe.de Nice.

*** Serenissima : sérénissime, nom qui est communément évoqué pour désigner Venise. ■