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Conférence de presse du Premier ministre Pachinian

 

Le 31 août, lors de sa conférence de presse le Premier ministre Nikol Pachinian a particulièrement abordé les sujets suivants :

La question de la dissolution du groupe de Minsk

Répondant à une question concernant la demande du Président de l’Azerbaïdjan de dissoudre le Groupe de Minsk de l’OSCE, le Premier ministre a déclaré qu’en général une telle décision ne peut être prise que dans un environnement de paix.

« Lorsque la paix est un fait établi, l’existence de ce format, je pense, peut soulever des questions. Le problème ici concerne le timing, car à mon avis il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, et la question est de savoir si c’est judicieux de discuter de ce sujet maintenant, parce qu’il y a des questions auxquelles nous devons trouver des réponses » a-t-il dit.

« Nous excluons la logique de couloir »

« Comment voulez-vous qu’un pays qui accuse l’Arménie de saboter l’ouverture des voies de communication régionales puisse jouer le rôle de médiateur en la matière ? Celui qui fait une telle déclaration s’auto-exclut de toutes les médiations possibles », a souligné Pachinian, faisant allusion à la Russie et ajoutant :

« Nous voulons que les voies de communication soient ouvertes, nous excluons la logique de couloir. Ici aussi, nous devons comprendre que selon les circonstances, le terme couloir revêt des significations différentes, c’est pourquoi nous avons mis en avant les principes de “Carrefour de la Paix” ».

 

Erevan propose à Bakou de signer le traité de paix avec les articles et les formulations déjà convenus

« Il y a 17 articles dans le projet d’accord de paix. 13 d’entre eux, y compris le préambule, ont entièrement été convenus par les deux parties. La plupart du vocabulaire des 3 autres chapitres est convenu. La proposition d’Erevan est de prendre les articles et les formulations convenus, de les signer en tant que traité de paix et de continuer à discuter des formulations non convenues. L’offre a été soumise à Bakou le 30 août. »

« Certaines des formulations concernant le retour de la population du Haut-Karabakh ne sont pas réalistes et contredisent les intérêts de l’État de l’Arménie »

Se référant à la question du retour de la population de l’Artsakh, le Premier ministre considère les déclarations faites par un groupe d’’Artsakhiotes et d’anciens responsables concernant le retour des Arméniens de l’Artsakh dans leur patrie comme « irréalistes et contraires aux intérêts de l’État de l’Arménie ».

 

« L’Azerbaïdjan peut acheter des armes à l’Italie, l’Arménie ne peut-elle pas acheter des armes à la France ? »

L’Azerbaïdjan tente d’accuser l’Arménie de s’armer, essayant de voiler ainsi la question de son armement.

« Nous sommes critiqués parce que nous avons une coopération militaire avec la France et l’Inde. Ils disent en Azerbaïdjan que des pays non régionaux arment l’Arménie, comme par exemple la France. Mais tout le monde sait que l’Azerbaïdjan, par exemple, achète des armes à l’Italie, qui est un pays voisin de la France. Alors, pourquoi l’Azerbaïdjan peut-il acheter des armes à l’Italie, mais l’Arménie ne peut pas recevoir des armes de la France ? L’Azerbaïdjan acquiert des armes, par exemple, du Pakistan. Pourquoi l’Azerbaïdjan peut-il obtenir des armes du Pakistan et l’Arménie ne peut-elle pas obtenir d’armes de l’Inde ? Ils disent que l’UE et l’Occident arment l’Arménie. L’Azerbaïdjan acquiert des armes auprès de la Slovaquie, de la Serbie et de la Bulgarie. Au moins trois États membres de l’UE entretiennent une coopération militaire avec l’Azerbaïdjan. Par ailleurs, l’Azerbaïdjan acquiert une énorme quantité d’armes auprès d’Israël », a déclaré Pachinian, en ajoutant :

« Nous disons : Vous avez des inquiétudes ? Nous aussi. Mettons en œuvre des mécanismes pour le contrôle mutuel et la réduction de l’armement. Cette proposition a été faite publiquement et reste valable. »

 

« L’Arménie n’évoque pas la question de la restauration de sa souveraineté par des moyens militaires sur les territoires occupés par l’Azerbaïdjan »

« Le territoire de 29 743 km² de la République d’Arménie n’est pas sujet à négociation pour le gouvernement, mais dans le même temps, Erevan n’évoque pas la question de restaurer sa souveraineté par des moyens militaires sur les territoires occupés par l’Azerbaïdjan », a déclaré Pachinian, faisant référence à  l’occupation par l’Azerbaïdjan de plus de 200 kilomètres carrés de l’Arménie, en soulignant :

« Nous n’évoquons généralement pas la question, ni pour aujourd’hui, ni pour demain ni pour après-demain de restaurer notre souveraineté sur ces territoires par des moyens militaires. Pourquoi ? Parce que nous considérons que les accords et les principes déjà adoptés nous offrent la possibilité de résoudre la question de manière pacifique, par le biais de négociations, y compris dans le processus de délimitation des frontières. »

 

L’Arménie n’a pas encore pris la décision de participer ou non à la COP29

Nikol Pachinian a répondu à la question de savoir si l’Arménie participerait à la COP29 qui se tiendra en Azerbaïdjan. « Nous n’avons pas encore pris de décision. Elle dépendra du contexte général, des processus en cours », a-t-il déclaré.

 

« Tant que nous arrivons à avancer dans un format bilatéral… »

Concernant le format des négociations avec l’Azerbaïdjan, le Premier ministre a déclaré :

« Nous apprécions le soutien de tous nos partenaires internationaux dans le processus de paix. Depuis un moment, le travail avec l’Azerbaïdjan se déroule dans un format bilatéral, et on peut dire qu’il a donné certains résultats, de la déclaration de décembre de l’année dernière à la déclaration du 19 avril de cette année, et hier (30 août), le règlement commun des commissions de démarcation a été signé.

J’en ai également parlé au Président russe lors de notre dernière conversation téléphonique. Mais cela ne veut pas dire que nous excluons de travailler sous un autre format. »

 

« Contrairement à l’Arménie, la Constitution de l’Azerbaïdjan contient des revendications territoriales contre l’Arménie »

Faisant référence à la demande de l’Azerbaïdjan de modifier la Constitution arménienne, le Premier ministre a déclaré :

« Contrairement à la Constitution arménienne, la Constitution azerbaïdjanaise contient des revendications territoriales contre l’Arménie, mais la partie arménienne ne demande pas à ce stade de modifier la constitution azerbaïdjanaise, car les articles déjà convenus du projet de traité de paix résolvent complètement cette question. Il existe une disposition convenue dans le projet de traité de paix selon laquelle aucune des parties ne peut se référer à sa législation nationale pour ne pas respecter les dispositions du traité.

Par contre il existe des revendications territoriales contre l’Arménie dans la Constitution azerbaïdjanaise. De plus, il existe une formulation selon laquelle le territoire de l’Azerbaïdjan est de 108 000 km² et après avoir résolu les problèmes frontaliers avec l’Arménie et la Géorgie, il atteindra 141 000 km². Selon cette logique, 45-46 000 km² de revendications territoriales supplémentaires  sont aujourd’hui inscrites dans la Constitution de l’Azerbaïdjan. Cela ne nous inquiète-t-il pas ? Si, bien sûr. C’est un véritable problème. Comment pouvons-nous résoudre ce problème ? Est-ce que demandons-nous à l’Azerbaïdjan de modifier sa Constitution ? Non ! Nous disons qu’il existe une clause déjà convenue dans le traité de paix qui, si elle est signée, réglera la question. »

 

« Un travail quotidien est mené pour le retour des prisonniers et des otages »

Pachinian a noté que le gouvernement travaille d’arrache-pied quotidiennement pour le retour des prisonniers, otages arméniens illégalement emprisonnés en Azerbaïdjan.

Il a souligné que l’un des documents les plus importants de la déclaration tripartite entre l’Arménie, la Russie et l’Azerbaïdjan fait référence au retour des prisonniers, et il a regretté que lorsque les partenaires russes parlent de la déclaration tripartite, ils évitent la question des prisonniers.

« Je comprends que ce travail n’est pas visible, et c’est là toute sa particularité », a déclaré Pachinian.

 

Réflexion sur la déclaration d’Erdogan concernant la participation de la Turquie à la guerre de 44 jours

« Pendant la guerre de 44 jours, nos militaires et nos services de renseignement ont vu des drapeaux turcs, des soldats turcs, des forces spéciales turques et des officiers de haut rang dans de nombreux endroits. La guerre de 44 jours a été précédée d’exercices militaires à grande échelle entre l’Azerbaïdjan et la Turquie, et tout au long de la guerre, des avions F-16 et des drones appartenant à la Turquie étaient dans les airs, guidés par du personnel turc », a déclaré Pachinian, ajoutant ne vouloir s’approfondir dans le sujet, car les travaux de régulation des relations entre l’Arménie et la Turquie, bien que lentement, avancent.

 

« Qui a envoyé Ruben Vardanian en Arménie, puis au Haut-Karabakh, et a ensuite dit ne pas le connaître ? »

Au sujet de Ruben Vardanian, le Premier ministre a déclaré :

« À ce sujet aussi il demeure des questions très importantes : que s’est-il passé, comment se fait-il que Ruben Vardanian a renoncé à sa nationalité russe, qui l’a conseillé ou lui a demandé de faire cette démarche, qui l’a envoyé d’abord en Arménie, puis au Haut-Karabakh, dans quel but, avec quelles garanties, avec quelles assurances, avec quelles promesses ?

Et qui a finalement dit : “Vous savez quoi, nous ne le connaissons pas si bien que ça, car c’est un citoyen d’un autre pays”. Alors, voulons-nous ou non avoir des réponses à toutes ces questions ? »

Selon Pachinian, « il s’agit d’un problème vraiment grave dont on doit s’occuper et on s’en occupe. »

Éditorial