Le 21 février 2024, le résistant Missak Manouchian entrait au Panthéon, rappelant les liens forts entre l’Arménie et la France. La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, déclarait lors d’un déplacement à Erevan que l’année 2024 permettrait d’organiser en France des événements marquant les liens culturels entre nos deux pays.
C’est dans ce cadre de l’année de l’Arménie en France que l’association Archipel Dunkerque a décidé d’organiser en novembre 2024 des manifestations célébrant la culture arménienne et rappelant l’histoire de ce pays.
Archipel Dunkerque Nord et Sud bénéficie à cette occasion d’un large partenariat: Bibliothèque Universitaire Littoral Côte Opale (BULCO), Conservatoire de Dunkerque, association «Expressions», Ville de Dunkerque, studio 43, ARARAT, soutien de la ville de Dunkerque.
— 12 au 29 novembre – BULCO (Entrée libre)
55, avenue de l’Université – 59140 Dunkerque
Exposition photographique d’Alexis Pazoumian,
en lien avec son film «Jardin noir»
Vivre: un acte de résistance
Dépeindre le conflit dans les marques qu’il a apposées sur le paysage, dans les cicatrices psychiques et physi-ques qu’il a déposées sur les êtres… C’est là toute l’essence du projet d’Alexis Pazoumian. Mêlée d’empathie et d’un besoin cruel de représentation de la situation actuelle, la série de photographies visite alors les zones rurales ou dévastées et part à la rencontre de celles et ceux qui ont été touchés de près ou de loin par les affrontements. Chars d’assaut au bord du précipice, intérieurs ensevelis sous les débris, monts enneigés, routes embrumées, tours de contrôle abandonnées…
Le territoire autant que les corps portent une sombre mémoire, une terreur toujours à vif. Car ici, la guerre n’attend pas : les enfants suivent une pédagogie faite d’enseignement militaire, les femmes s’affairent et créent un semblant de vie en famille, les adolescents deviennent soldats. Résignées ou résiliantes, les personnes vivant le drame s’adaptent, survivent même si tout autour s’effrite « Il y a cette image qui me touche tout particulièrement, c’est celle d’Erik, le jeune soldat sur un ring de boxe. Il faut savoir que je l’ai connu en 2019, dans un village au fin fond du Haut-Karabakh, alors que je débutais mon documentaire pour Arte. Six mois plus tard, la guerre éclate à nouveau et Erik est blessé dès les premiers jours, il est amputé de la jambe droite. Depuis, Erik se sent mieux, il a suivi un programme de rééducation, il sculpte, participe à de nombreuses compétitions de handisport et il a retrouvé le sourire », confie Alexis Pazoumian. Retrouver le sourire dans l’horreur, voici l’histoire de Jardin noir, un jardin bloqué dans un territoire infécond, mais où fleurira toujours, malgré les intempéries et les tempêtes, une foi en l’avenir.
— Mardi 19 novembre 18 h – BULCO (Entrée libre)
55, avenue de l’Université – 59140 Dunkerque
Conférence
« L’Arménie et le Haut-Karabakh depuis la chute
de l’Union soviétique : de l’indépendance au nettoyage ethnique »
Élodie Gavrilof est doctorante en histoire contemporaine à l’EHESS où elle travaille sur les écoles arméniennes en Turquie et en Arménie soviétique dans l’entre-deux-guerres. Doctorante associée à l’institut français d’études anatoliennes d’Istanbul, elle a vécue plusieurs années en Arménie, où elle a notamment enseigné l’histoire-géographie. Elle est désormais chargée de cours en histoire moderne et contemporaine de l’Arménie à l’Inalco, à Paris.
Élodie Gavrilof
— Jeudi 21 novembre à 19 h 30 – studio 43 (Entrée : 7€50 / 5€)
Studio d’art et d’essai Pole Marine
rue des Fusiliers Marins – 59140 Dunkerque
Soirée cinéma, musique et danse
– Projection du film « Jardin noir » d’Alexis Pazoumian
Décembre 2019. La vie reprend ses droits au sein de la communauté arménienne de Talish dans le Haut-Karabakh. Des familles se sont installées dans les maisons neuves qui côtoient les ruines de la dernière attaque azérie en 2016. Un terrain de jeu pour les deux copains Samvel et Avo, quand ils ne sont pas l’école. Karen, le bûcheron et vétéran, ressasse les exploits de chasseur et des affrontements passés. A la caserne, Erik et ses camarades font leur service militaire, à quelques kilomètres de la frontière, dans un calme trompeur. L’ambiance est joyeuse malgré la menace diffuse d’une nouvelle guerre. Septembre 2020. Une attaque surprise de grande ampleur menée par l’Azerbaïdjan fait basculer de nouveau la région dans le chaos. Talish est bombardé et envahi. Les hommes partent au front. Les familles de Samvel et Avo trouvent refuge à Erevan, la capitale de l’Arménie. Ils doivent appréhender une nouvelle vie d’exil dans cette grande ville inconnue. Karen fuit et erre dans les rues de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, sous contrôle arménien. Erik se retrouve blessé, amputé d’une jambe, il entame un long chemin de convalescence.
Alexis Pazoumian saisit avec délicatesse la trajectoire de 3 générations d’hommes dont la vie et l’identité sont façonnées par cette guerre sacrificielle sans fin. Chacun à leur manière, Samvel et Avo, Erik, Karen, composent avec cet héritage belliqueux, avec les stigmates physiques et psychologiques de la guerre tout en rêvant d’un avenir de paix. Sur 3 années, il filme au plus près l’épilogue du jardin noir, ce territoire où la guerre n’attend pas.
– Musique arménienne
Conservatoire de musique et d’art dramatique de Dunkerque
Au programme:
Khatchaturian, Babadjanian- Texte de Missak Manouchian
– Danse traditionnelle
Troupe « Nazani » de l’association ARARAT de Mons en Barœul – direction artistique : Khachatryan-Altounian.
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