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De nouveaux narratifs

Le mois de septembre, en Arménie, a été marqué par des fêtes et des rassemblements ayant trait à la nation : deux fêtes de l’indépendance, celle de l’Artsakh et de l’Arménie, le Sommet Arménie-Diaspora, la cérémonie de bénédiction du saint chrême au Saint-Siège d’Etchmiadzine et la réouverture de la Cathédrale après une longue période de rénovation et enfin, le premier anniversaire de la tragédie que fut le dépeuplement de l’Artsakh suite au nettoyage ethnique initié par l’Azerbaïdjan. Sur la scène internationale, notons le « Sommet du futur » qui s’est tenu lors de la 79e session de l’Assemblée générale annuelle des Nations Unies, auquel le Premier ministre a participé afin d’assurer le soutien de la communauté politique internationale concernant le processus de paix avec  l’Azerbaïdjan.

La question des « narratifs » a été l’une des thématiques centrales du Premier ministre. Des narratifs adressés d’une part à l’attention des interlocuteurs internationaux et d’autre part au public, sur le plan national.

Lors du « Sommet du futur » de l’ONU, le Premier ministre a souligné l’importance des narratifs positifs : « La chose la plus importante que nous puissions faire pour l’avenir est de développer des attitudes positives et de nous concentrer sur les possibilités de créer des fondations pour celles-ci, qu’elles existent ou non à l’heure actuelle. » Il a ajouté : « Nous nous rendons généralement à l’ONU pour annoncer à quel point la situation est grave, car il existe partout de nombreux faits qui témoignent de cela, et il n’est pas nécessaire de faire un effort particulier pour les voir. Il est nécessaire de faire un effort pour voir les conditions préalables à un bel avenir et d’y réfléchir, car ce qui se passe dans la réalité se produit d’abord dans notre esprit. »

Lors du « Sommet du futur » des Nations Unies, il a évoqué le slogan des élections parlementaires arméniennes du Parti  Contrat civil «  Il y a un avenir, oui, ll y en a un ».

Souvent, les messages adressés à l’auditoire interne diffèrent de ceux adressés au public extérieur. Cependant, l’agenda de la paix reste le même en Arménie, en interne comme en externe. Bien que sa formulation diffère : « L’Arménie réelle » s’adressant au public national.

Lors du Sommet global arménien, auquel ont participé environ un millier de personnes de 60 pays différents, le thème de la sécurité de l’Arménie a été le plus important.

L’entretien avec le Premier ministre a été le moment le plus attendu et celui qui a soulevé les questions les plus pointues, notamment en raison du choc créé par le narratif de l’« Arménie réelle », la projection de l’image du mont Aragats, remplaçant le mont Ararat, était particulièrement choquante.

L’un des quatre chapitres discutés lors du sommet était consacré au rapatriement. Cependant, il aurait été plus précis s’il avait été consacré à l’émigration, car la partie la plus choquante du discours du Premier ministre concernait les familles qui ont fui le pays à cause de la guerre, les enfants de sexe masculin ne voulant pas s’enrôler dans l’armée. D’un autre côté, il y a le cas de ces jeunes qui, dans le passé, ont fui le pays pour ne pas servir dans l’armée, et qui maintenant, après une dizaine d’années, veulent être rapatriés ou visiter leur pays, mais leur statut de déserteur militaire les en empêche. Le thème de « L’Arménie réelle » était aussi l’occasion de parler le langage de vérité, et non de cacher les réalités sous un récit patriotique. Bien que la classe conservatrice de la diaspora rejette le narratif porté par le slogan « L’Arménie réelle » pour des motifs patriotiques, dans le passé, sous la présidence de Serge Sarkissian, le Catholicos Aram 1er de la Grande Maison de Cilicie  avait avancé la formule : « L’Arménie se vide, la diaspora s’épuise », qui rappelle le diagnostic sur l’émigration du Premier ministre Pachinian.

En ce qui concerne les relations entre l’Arménie et la diaspora, elles sont principalement caractérisées par des relations à titre individuel en raison de l’opposition radicale de l’Église apostolique, du parti FRA ainsi que d’autres organisations.

Les Arméniens de France ont enregistré la plus grande participation à ce sommet : 180 participants. L’ambassade de France a été la seule à accueillir tous les participants : étaient présents Daniel Danielian, le vice-ministre de la Culture d’Arménie qui était auparavant adjoint au maire de Décines-Charpieu, la chanteuse du groupe Ladaniva, ainsi que d’anciens membres du CCAF : Alexandre Couyoumjian (AFAJA), René Dzagoyan (secrétaire national CCAF), Pascal Chamassian (CCAF-Sud), Jeanine Paloulian (CCAF Centre), qui malgré l’opposition radicale des coprésidents du CCAF avec le gouvernement arménien, sont venus exprimer leur solidarité, en participant au sommet, dans les temps difficiles que traverse actuellement l’Arménie.

J. Tch. 

Éditorial